Mais il est tard, Monsieur ...

posté le 05 March 2007 à 19:37

Je ne sais pas s'il existe des gens qui apprécient la rentrée des classes : cela me semble impossible. Mais si ce genre de personne existe, j'aimerais bien en faire partie.
En soi, que les vacances se terminent, ce n'est pas la mort : après tout, j'ai quand même passé deux semaines à skier, voyager, regarder des films, lire, rire. Je serais mal venu de me plaindre. Mais quand même, recommencer les cours avec quatre heures de physique, d'un bloc, puis quatre heures de maths, c'est plutôt douloureux. Et ce n'est qu'un avant-goût.
C'est ça, en fait, le vrai problème : c'est que ça n'est qu'un avant-goût. J'aime les mathématiques, oui. Mais j'aime énormément de choses, aussi : j'ai envie de sortir, aller à Beaubourg, aller au cinéma - voir 300, voir Grindhouse, voir ceci, voir cela ; j'ai envie de visionner tous les Woody Allen, tous les westerns, tous les films avec Bela Lugosi ; j'ai hâte de lire la série entière des Donjon, et Sin City, et la Bible, et ce livre d'Umberto Eco que je n'ai pas encore ouvert ; et Belle du Seigneur, et La Peur. Regarder à nouveau tous les Futurama, peindre un arbre en bleu, aller faire du vélo dans Paris, nager, m'inscrire à une bibliothèque, écouter l'intégrale de Léo Ferré et Gainsbourg, compter les feuilles restantes du jardin du Luxembourg. Me cultiver, programmer, rencontrer des gens, devenir leur ami, changer, regarder si sous les pavés, il y a vraiment la plage ; rester le même. Je n'ai que vingt-quatre heures par jour : j'ai besoin de ne pas dormir, je veux travailler toute la nuit, et la journée, et passer ces mêmes heures dehors, et connaître par coeur les deux cent livres et films que j'ai, et découvrir les autres ; et écrire, aussi, et regarder la Seine, et m'assoir sur un banc pour me moquer des passants pendant des heures.
Mais j'ai deux chapitres d'algèbre linéaire à ficher, et demain j'ai une colle sur l'électromagnétisme.

Je sais, c'est la prépa, deux années d'enfer, ensuite le soleil, et les palmiers, et les cocktails avec des petits parapluies pour masquer le fait qu'au fond, ce qu'il y a dans le verre, ce n'est pas très bon. Mais ce n'est pas l'enfer. Je ne travaille pas tant que ça, justement ; je pourrais passer des heures à m'abrutir dans mon cours, jusqu'à le connaître aussi bien que mon reflet dans le miroir. Je ne le fais pas, et je m'en veux encore plus pour cela. Je travaille juste assez pour sentir tout ce que je manque, et pas assez pour être persuadé que ça vaut le coup, qu'il y a une vie après l'amer. Mes parents s'en rendent compte, moi aussi : je ne sais pas vraiment quoi faire. La situation n'est pas catastrophique, loin de là, mais parfois, j'ai une impression de gâchis.

tags : doutes, moi, prépa

Commentaires

Fixateur a dit :
posté le 05 March 2007 à 19:57
D'après ce que j'ai vu, c'est le cas d'à peu près tout le monde en fait. Comme quoi à partir du moment où on doit vraiment faire des choix, c'est la galère... Mais courage (et msn) !

Ghash a dit :
posté le 05 March 2007 à 20:12
Ah ouais. Moi, c'est pire. Au secours, à l'aide, je plonge.

Tralala, je ne travaille pas, pas assez, je n'y arrive pas.

Mais je connais le coup du "oh que j'ai envie de lire ce livre, de jeter sur le papier ces drôles de choses qui semblent vivre leur vie dans ma tête à moi, ces films, ces choses, ces couleurs, bah non." Bam, dans ta gueule, demain c'est trois colles. Pas une, trois. Oui, youpi, surtout celle de physique, à rattraper, mon trinôme l'a passé sans moi la semaine dernière. Pardonne moi maman, je somatisais, j'avais mal au ventre. Comment, tu n'es pas au courant. Ah merde. La dissert de philo non rendue aussi, tiens. Zéro, pas 4 ou 5. J'en ai marre bordel, pas spécialement de la prépa, surtout de moi, de mes conneries.

Je veux, je ne veux pas, j'ai mal à la tête.

Arrêtons les mots, stop, cessons de vocaliser, allons pleurer dans nos lits. Comment ça le travail ? Quel travail ?

gwendal a dit :
posté le 05 March 2007 à 20:19
Et encore imagine que pour le moment tu t'amuse, après tu va travailler.
Le stress, un connard de patron, te lever le matin, et puis tu va te marier et avoir des putain de gamins qui vont te demander du fric pour aller au ski et ce plaindre qu'il doivent retourner à l'école après les vacance.

Alors imagine et profite.

JiHeM a dit :
posté le 05 March 2007 à 20:19
Regarder à nouveau tous les Futurama

En voilà une saine occupation.

Pisto a dit :
posté le 05 March 2007 à 20:28
trouve toi une copine ceacy...vite...

Niourk a dit :
posté le 05 March 2007 à 20:37

"Appuyez sur le bouton"

camaieeuh a dit :
posté le 05 March 2007 à 21:05
Ceacy a écrit :
j'ai une impression de gâchis


Il serait temps de te poser la question sur ce que toi tu veux réellement mon petit.

Tu es en prépa parce que tout le monde te dit que c'est la voie à suivre ou bien parce que tu en as vraiment envie ?


.reprocessed a dit :
posté le 05 March 2007 à 21:17
regarder si sous les pavés, il y a vraiment la plage ;

Non.

Curare a dit :
posté le 05 March 2007 à 22:27
et ce livre d'Umberto Ecco que je n'ai pas encore ouvert


lequel ?

et en effet, 24h, ce n'est vraiment pas assez.

brig a dit :
posté le 05 March 2007 à 22:45
se lever à 5 heures pour pointer à auchan et mettre en place de merveilleux rayons de petits pois ou de pq... commencer sa journee dans une cabine de peage...et savoir qu'on y sera encore dans 40 ans.lis la bible mon petit et aussi le coran et Umberto Ecco...mais apres tes maths !et tu pourras faire du velo sur la plage.

Receswind a dit :
posté le 05 March 2007 à 23:48
Mon papa me dit toujours que c'est un question de choix. Quand tu auras fini polytechnique, tu pourras travailler dans une magnifique multinationale à Paris ou être directeur adjoint d'une PME à Bresse (le salaire n'est pas le même). Mais tu ne seras pas obligé de t'inquiéter de ne pas perdre ton boulot, pas inquiet d'avoir à te plier à des ordres de mutation, pas obligé de subir une crise de la quarantaine sans pouvoir rien faire parce que tu as des gamins.

Je crois que ça n'a pas de prix. Sinon, j'arrête aussi (même si malheureusement je ne fais ni prépa à HIV, ni polytechnique).

gwendal a dit :
posté le 06 March 2007 à 08:10
Receswind a écrit :
Mon papa me dit toujours que c'est un question de choix. Quand tu auras fini polytechnique, tu pourras travailler dans une magnifique multinationale à Paris ..........


Change de fournisseur pour la beu

JustineF a dit :
posté le 06 March 2007 à 08:51
camaieeuh a écrit :



Ceacy a écrit :
j'ai une impression de gâchis


Il serait temps de te poser la question sur ce que toi tu veux réellement mon petit.

Tu es en prépa parce que tout le monde te dit que c'est la voie à suivre ou bien parce que tu en as vraiment envie ?



Hou là, heureusement que je ne me suis jamais posé la question à l'époque (même si je me la pose maintenant...)



Un diplôme d'ingénieur, c'est quand même une sacré assurance, si tu as la possibilité de l'obtenir (et je pense que tu en as la possibilité).
Si tu te découvres d'autres passions par la suite, changer de voie professionnelle n'est plus si difficile de nos jours.
Mais en attendant, si c'est ce que tu fais de mieux, n'hésite pas : va jusqu'au bout !

hohun a dit :
posté le 06 March 2007 à 09:23
Umberto Ecco, le dauphin ?

Dableuf a dit :
posté le 06 March 2007 à 09:30
Non, umberto c'est le surnom du gode de dominique voynet(désolé de mettre des mots aussi sales sur ton blog ceacy, mais c'est pour égayer un peu les commentaires).

KtuLulu a dit :
posté le 06 March 2007 à 10:35



carwin a dit :
posté le 06 March 2007 à 20:02
J'ai connu cette période alors que je préparais ma maîtrise d'Anglische. Au lieu de perdre mon temps à bosser sur ma biblio entre 2 matages de rotondité à la BU, j'ai passé mes aprèms avec alcools forts et westerns sur vhs sous le regard consterné de mes vieux. Voilà, c'est pas mieux ni pire que d'aller au ski ou de se masturber sur Umberto Ecco mais sache que, foi de vieux con, tu vis une période qu'elle est légère et agréable.
Ceci dit, à ton âge, une fille ça serait bien, aussi.

compote a dit :
posté le 06 March 2007 à 22:20
carwin a écrit :
se masturber sur Umberto Ecco


Oh ça va hein, quand on lit Robbe-Grillet...
Et puis je ne sais pas si Umberto adore qu'on se frotte contre sa jambe velu.

Un peu dans le prolongement de ce que dit Camaieeuh et au risque de te paraitre hors propos j'ai bien envie de te dire de penser à toi avant tout ( ce qui n'a rien d'égoïste), c'est à dire de ne pas avoir peur de ne pas être un étudiant modèle, un fils modèle, un ami modèle, un futuramant modèle, bref un individu qui, subrepticement, par un long processus de sape, d'auto-accusations, à coups de renoncements minuscules dont il aura à peine conscience ( mais qui le rattraperont avec force, je sais de quoi je parle) finira par ne plus savoir qui il est.
Ceci étant j'ai probablement tort de ne pas voir là qu'un vague découragement estudiantin.






hohun a dit :
posté le 07 March 2007 à 09:26
Et puis une maitrise d'anglais c'est plus facile que math sup' :p

carwin a dit :
posté le 07 March 2007 à 12:04
hohun a écrit :



Et puis une maitrise d'anglais c'est plus facile que math sup' :p

Nan moosssieur, pas quand on choisit linguistique.



hohun a dit :
posté le 07 March 2007 à 13:15
Ah oui mais bon là ça relève plus du masochisme que du bon sens aussi.

Oui et sinon ma vanne avec le dauphin, c'était pas juste pour être pas drôle, mais aussi pour signaler à vous autres philistins que Eco ne s'écrit qu'avec un "c".

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Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.

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