Avorté

posté le 02 June 2009 à 09:46
Souvent la lâcheté ressemble à la bravoure :
J'ai toujours été couard, on m'a dit courageux.


Là, j'ai reposé la plume. Enfin, la plume : le stylo, plutôt - je n'ai jamais eu de plume, excepté peut-être dans des endroits où je n'ai pas été vérifier. Deux vers, donc, et un manque total d'inspiration : ces deux vers, je les ai à peine écrits qu'ils semblent me cracher au visage ; et pour plusieurs raisons, en plus. D'abord, il y a "je" dedans, encore et toujours lui. Pas moyen d'écrire quelque chose sans qu'il ne vienne se glisser dedans, comme si je ne pouvais m'exprimer sans dessiner mon nombril. D'ailleurs, je suis vraiment indécrottable, je viens de recommencer.
Ensuite, c'est péremptoire. "Souvent, la lâcheté ressemble à la bravoure" : eh oui, après avoir bourlingué longtemps, après avoir arpenté le monde, vu les horizons lointains, combattu dans maints conflits, vu trahir des amis, affronté l'adversité ; après avoir respiré toutes les fleurs, et essayé les vespasiennes de tous les pays du globe, je reviens, donc, et je donne mon avis. Car pendant mes longues années d'existence passées à peu près protégé de tout, j'ai acquis une telle expérience de la vie que maintenant, je ne fais pas des vers, mais des sentences. La classe.

Si j'ai tremblé souvent, ce n'était pas de froid
Si je suis resté ferme, c'est que je n'osais fuir


Encore mieux, c'est encore pire - parce que ces deux-là, je me suis forcé à les trouver. A la limite (mais à la limite seulement), les deux premiers, ils étaient plus ou moins spontanés : mais là, c'est devenu du vice.  Pompeux, certes, et totalement creux par sucroît. Sans oublier que pour trouver des rimes à ces quatres vers, je vais devoir pondre encore plus artificiel. D'ailleurs, je crois que je vais arrêter, même l'autocritique ne sent pas bon.


Commentaires

jerrr a dit :
posté le 02 June 2009 à 14:09
l'article de la maturité

Scrupule a dit :
posté le 02 June 2009 à 16:48
Tout mérite un "peut-être", tout mérite de voguer à coups d'"environ".
Stéphane Auclair fait dire à son Sartre :
Du jour où j'en eus fini avec mes hésitations, où je raturai les il semble, les je crois, les on pourrait dire, où je me jetai avec audace dans l'universel singulier pour affirmer carrément l'Homme c'est... (alors qu'auparavant j'écrivais les gens...) et l'Histoire veut que... et la Conscience se refuse à... etc., de ce jour, j'eus vraiment l'air très intelligent.

Et puis quelle honte à parler de soi, surtout quand on a conscience du reste?
Paul Valéry dit :
Revenir à soi, c'est revenir au monde.

Et puis finalement, ces vers ont-ils la vérité pour but? Quels vers, quels mots disent la vérité? Par contre ils font réfléchir, ils font revenir à soi, puis au monde, puis à l'universel singulier. Peut-être.
Moi j'aime bien vos vers et j'aime bien votre blog, que je redécouvre après 3 ans.

carwin a dit :
posté le 03 June 2009 à 19:35
Fake

Gingembre a dit :
posté le 03 June 2009 à 20:09
Je les trouve jolis moi tes vers Ceacy. En plus ce sont tes seuls billets de blogs que j'arrive à comprendre.

KtuLulu a dit :
posté le 03 June 2009 à 20:14
ah mais surtout n'arrête pas Ceacy, s'il te plaît. Et tant pis si ça te paraît artificiel. Et tant pis si l'élitisme chouette effraie.

Gingembre a dit :
posté le 03 June 2009 à 20:57
Sans oublier que la poésie c'est quand même ultime pour lever de la foune.

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Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.

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