Le pire, c'est de chercher quelqu'un à blâmer, et de ne trouver que soi.
« Pourquoi tombons-nous ? Pour mieux nous relever. » C'est beau, la philosophie-Batman : une réplique profonde et le héros se relève, les mâchoires serrées et l'esprit en métal trempé, il a compris - la volonté ne le quittera plus, tout lui est clair désormais.Car il le sait, désormais : l'homme est faible et le destin traître : les déceptions ne manquent pas, les coups dans le dos, sournois, inattendus, l'échec qui vient déguisé en victoire : c'est notre lot, c'est inéluctable. La leçon est de ne pas se laisser abattre, c'est ça ? Ne pas avoir peur de faillir, de tenter même si l'on rate, de tenter à nouveau.
Et à l'inévitable question qui vient, alors, qu'est-ce qu'il faut répondre ? A celui qui en a pris plein la gueule, qui lui ne s'est relevé que pour mieux tomber, encore et encore, et qui demande « pourquoi » ?
Parce qu'à la fin, tout s'arrange ? Il doit bien y avoir une justice, non ? Un « arrière-monde » où les justes sont récompensés, où les pauvres peuvent enfin ne plus se faire marcher dessus, et où même les bébés phoques vivent heureux ? Non ? Une remise des prix après la représentation ?
Ou alors, peut-être que l'on ne perçoit tout simplement pas le tableau dans son ensemble, et qu'il y a un sens profond, plus profond, à tout ce qui arrive ? Une raison à tout cela ? En regardant bien, sous le bon angle, la fille au fond du verre est toute nue, et le monde est beau ?
Allez, dites-le maintenant. C'est ça ?
Parce que sinon, ce n'est pas très amusant, vous savez. Sinon, sans la récompense promise, sans l'espoir de comprendre un jour pourquoi et de s'écrier, enfin, que « bien sûr ! », il nous reste quoi, exactement ?
Il faudrait agir comme des grands parce que c'est ce qui se fait ? Il faudrait rentrer sa tête dans les épaules et encaisser en silence, parce que les hommes, ça ne pleure pas. Et quand le destin nous file un coup en vache, il faut juste sourire puisque tout le monde regarde ?
Ou alors, se rendre compte qu'il n'y a que ça. Qu'il n'y a pas de sens à chercher, pas de grand message en lettres de feu dans le grand livre des étoiles. Que la vie, c'est un joli merdier, mais qu'on est tous dans le même bain ; et que si l'on renonce à chercher le réconfort quelque part, le réconfort d'un dieu-père ou d'un monde-en-mieux, alors, eh bien, il n'y a plus qu'à regarder les choses en face. Les choses qui arrivent et qui font mal sans raison, sans motif. Les choses qui se produisent et qui rendent heureux, sans raison non plus – mais là, on n'en cherche pas, ce n'est que lorsque tout va mal qu'on maudit le ciel. Le hasard, l'insoutenable contingence de la vie.
Tout est accidentel.
C'est quand même vachement drôle.
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Quelques mots ...
Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.
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