Deux Jacques

posté le 23 September 2009 à 23:11

De Diderot, on connaît quoi ? Ses Dialogues philosophiques, un peu ; et l'Encyclopédie, surtout. Jacques le fataliste, eh bien, quasiment pas - ou en tout cas bien trop peu.
Si j'ai commencé à lire ce livre, évidemment, c'est surtout pour frimer en société, c'est à ça que ça sert de lire. Sauf que Jacques le Fataliste, c'est très déstabilisant, comme lecture, ça change un peu de Marc Lévy : d'ailleurs, le ton est donné dès les premières lignes.

Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe ? D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait où l’on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien ; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut.

Et ce n'est pas fini : le roman, qui raconte les amours de Jacques (le valet) et de son maître (le maître), est un jeu incessant, un enchevêtrement de récits, de dialogues à différents niveaux, d'interventions du narrateur dans son roman, qu'il commente et discute, des personnages dans les anecdotes qu'ils racontent. Des récits dans des récits dans des récits, des histoires en poupées russes, au point que parfois le lecteur ne sait plus trop où il en est, qui parle, de quoi, et pourquoi diable l'auteur est en train de le prendre à parti. Un roman déconstruit à dessein, qui bouleverse et retourne tous nos schémas et habitudes narratifs pour en faire un jeu, un échafaudage de digressions qui fusent et s'enchaînent,  voilà ce que nous propose Diderot. C'est vif, c'est drôle ; on y trouve de la philosophie, du sexe et du champagne, de la vengeance et des cocus.

Milan Kundera, d'ailleurs, ne s'y est pas trompé : l'écrivain tchèque, en hommage à ce qu'il tient pour "l’un des chefs d’oeuvres fondateurs du genre", dans lequel "tout est humour, tout est jeu ; tout est liberté et plaisir de la forme", s'est emparé de Jacques, et l'a adapté en pièce de théâtre : Jacques et son maître, hommage à Denis Diderot en trois actes. Adaptation, ou plutôt variation : une pièce en trois actes, qui transpose sur la scène ce roman atypique, sans le trahir, en en conservant la verve et le rythme.

Adoncques, si vous avez du temps à tuer entre deux matchs de foot, envie de vous balader avec un livre à la main, ou juste envie de lire quelque chose de vraiment bien, foncez !

tags : livre

Commentaires

LeChat a dit :
posté le 23 September 2009 à 23:45
Je l'ai commencé deux ou trois fois mais j'ai arrêté avant la moitié du bouquin à chaque fois. Le style de ce récit ça va 5 mn mais à force ça m'a saoulé.

JiHeM a dit :
posté le 23 September 2009 à 23:47
Lu en seconde dans le cadre des cours de français si ma mémoire est bonne. Me rappelle plus trop de quoi ça cause, mais j'en garde un bon (quoique vague) souvenir. J'ai appris l'existence de la pièce de Kundera il y a une semaine en flânant dans une librairie de Prague...

hohun a dit :
posté le 24 September 2009 à 00:11
Moi je ne l'ai pas commencé, par contre j'ai énormément monté mon skill de headshot à l'arc à TF2.

Cyp a dit :
posté le 24 September 2009 à 15:33
Pfff sniper = classe de gay.

(je souris en imaginant le facepalm de Ceacy)

Sinon j'ai lu l'insoutenable légereté de l'etre à 18 ans, dans un moment d'égarement. Ca a effectivement été insoutenable.

(double facepalm)

hohun a dit :
posté le 24 September 2009 à 16:30
Oui mais il faut bien avouer que les classes de gay sont les plus fun, l'histoire de la culture mondiale l'a prouvé.

carwin a dit :
posté le 24 September 2009 à 21:56
Ouais, y a eu du fun et du super fun.

En tous cas, z'écrivent bien nos amis joyeux.

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Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.

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