The Park — "I hurt myself today"

posté le 18 November 2013 à 21:34

NYRR 60K: 9 tours (intérieurs — ils nous épargnent le sud bondé, et la montée longue et abrupte du nord) de Central Park, après un petit "échauffement" de deux kilomètres.

What's one way to cure the post-Marathon blues? How about a loop around Central Park? How about nine? For some 500 runners, today's NYRR NYC 60K was the "ultra" remedy.
These hearty souls ran 37.2 miles in the ultimate test of mental toughness while family, friends, and a small army of 300+ volunteers cheered them on. Each lap started and ended at 90th Street, just around the corner from NYRR's brownstone headquarters and under the watchful eye of NYRR founder Fred Lebow's statue. The race is the only ultramarathon on NYRR's annual calendar and always brings out a slightly different breed of runner -- one more intent on challenging himself than his fellow competitors.

Il m'avait fallu 6:35:27 l'année dernière, en étant préparé — du moins, aussi bien préparé que possible : pas une goutte d'alcool le mois d'avant, quelques entraînements longue distance (1h, 1h30), repos la semaine précédente ... mais une migraine au sixième tour, faute d'hydratation suffisante, et impossible de courir tout du long — une heure de marche imposée pour ne pas finir par terre, la tête entre les mains (les jambes, c'était déjà fichu). Et la semaine suivante, des courbatures sévères, et un genou gauche qui a mis un mois à s'en remettre. J'avais testé mes limites, vu où elles étaient — trop proches, bien trop proches ! "Une fois, ça suffit."

Mais l'inconséquence, et la mémoire, ont ceci de bon que l'une est pernicieuse et l'autre lacunaire. On oublie la douleur et la souffrance et le désespoir et le découragement ; ne restent que la fierté et les mâchoires serrées et le dépassement de soi (ou des autres, s'ils sont vraiment lents). Les brûlures dues à la sueur et les muscles qui grincent et les cuisses en feu et la certitude qu'il reste 3 tours et qu'on ne peut pas et qu'on ne les fera pas et qu'il serait si facile de s'arrêter, là, tout de suite et s'assoir et se relever dans cinq heures, six heures, parce que même prendre le métro à ce moment précis semble insurmontable; ça, on oublie. Mais les cheveux dans le vent et les cris à l'arrivée, non.


Race Name Date Finisher
Name
Gender/
Age
City,
State
Team Distance
(miles)
Net
Time
Pace
per
Mile
Overall
Place
Gender
Place
Age
Place
NYRR 60K November 16, 2013 Canonne, Clement M24 New York, NY   37.3 5:55:27 9:34 69 60 2

 

Cette année, je suis sorti — un ami venait me rendre visite — du 31 octobre au 7; bu ... beaucoup, dormi peu, couru tous les matins de courtes durées trop vite et me suis brûlé le foie, les jambes et les ailes ce faisant. Peu importe, eh ! Pas de course en vue.

Et dimanche 10 évidemment, par internet et défaut, je me suis inscrit, idiot (mais sobre).

Clément Canonne November 10 near New York
NYRR NYC 60K — under-trained, unprepared, less than one week left, and a body currently composed of 60% ethanol. What could possibly go wrong?

J'ignore encore pourquoi — du moins, je ne suis pas certain. Bravade, c'est sûr ; entêtement, fierté ; envie de lancer un message, même si la personne à qui il est destiné ne le verra sans doute même pas. Insatisfaction, et ces fichues limites, ces limites à toucher du pied, à essayer de repousser.

Alors bon, je l'ai fait. Heureusement, un ami le courait aussi — parce qu'à 8h00 un samedi matin, sous la bruine après un réveil à 5h30, la perspective de courir 60 kilomètres sans avoir personne à qui parler — la musique, ça ne dure qu'un temps, après l'envie de piétiner le lecteur et ce casque si chaud prennent le dessus — m'auraient fichu d'emblée un coup au moral. Et même si s'est perdus de vue vers le cinquième tour, c'est déjà cinq tours qui sont passés un chouïa plus vite moins lentement.

Sixième tour, fin d'un marathon. J'ai réussi à maintenir un rythme correct jusque là, en brûlant beaucoup plus d'énergie que de raison; le marathon m'a pris un peu plus de 3h30 (vu qu'en termes de distance, c'est techniquement légèrement plus de 6 tours), mais au prix de ne pas être capable de courir l'intégralité des 3 tours suivants. Alors j'ai marché un demi-tour, le plus vite possible en croisant les doigts pour que mes cuisses et mollets récupèrent suffisamment; couru un demi-tour. Marché un tour entier puisque manifestement ça n'avait pas suffi; marché, donc, dans le but de pouvoir réellement courir le dernier tour — mes poumons, coeur et tête allaient bien, je pouvais ignorer mes pieds pour encore une heure — ils se vengeront plus tard, quoi qu'il arrive. Tout reposait (!) sur les jambes, qui à part se reposer n'étaient plus bonnes à rien. Fini le huitième tour en ~5h20; là, j'ai pu partir en courant à un rythme acceptable (13, 14 km/h ?). Pour 5mn, et pas plus. Et j'ai dû marcher de nouveau. Une minute. C'est bon, courir ! Une minute. Marcher. Minute par minute, j'ai couru/parcouru la dernière boucle, entre encouragements et applaudissements des volontaires et spectateurs (suivant la minute).

Jusqu'à la ligne droite finale, où ce qui me restait d'entêtement aidant (la volonté, elle, était partie, épuisée, depuis très longtemps), j'ai piqué un dernier sprint en sentant mes muscles m'insulter, couverts par la voix de Jack White, et, à grandes foulées, franchi la ligne d'arrivée comme si tout allait bien, merci madame. 5:55'27".

Et maintenant, descendre les escaliers est un cauchemar. Ça ira mieux demain.

 

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tags : course, race

Commentaires

Brig a dit :
posté le 19 November 2013 à 14:30
Eh bien! J'espère que cette personne l'apprendra...mais ce défi assez fou pourrait peut être se remplacer par: "Je suis fou de toi...(Hum) Tu me fais rêver...Veux-tu boire un verre avec moi ce soir?"
Ou alors imprime un tee-shirt avec sa photo et cours devant chez elle!

Ceacy a dit :
posté le 19 November 2013 à 14:56
Euh ... En termes de glamour, je situerais l'état d'un coureur vers le milieu de cette course juste entre "décapiter un ourson à la hache" et "concours de celui qui tient le plus longtemps dans une cuve d'ammoniac".

Gingembre a dit :
posté le 19 November 2013 à 15:32
Je suis admiration et profond respect pour toi jeune homme sain de corps et d'esprit que je suis sur que quand tu picoles tu vomis pas et quand tu pètes ça sent même pas mauvais.

Pisto a dit :
posté le 19 November 2013 à 15:40
par contre faut m'expliquer l'avant dernière photo, sur laquelle un mec te montre du doigt tout en essayant, avec son autre main, d’invectiver une autre personne.

Mais que veut il dire?

Choisissez parmi ces 5 réponses:

-"Putain, il est trop fort lui"
-"Monsieur le docteur, il va s'effondrer"
-"Monsieur le controleur, je viens de la voir s'enfiler une bouteille d'hormone de cheval"
-"Monsieur l'agent, il a lâché un gros pet pour asphyxier ces concurrents"
-"Regarder, il a trop la classe en noir, avec ses mitaines et ses chaussettes de footballeurs!"

Ceacy a dit :
posté le 19 November 2013 à 15:48
Bonne question. Le type en question est l'ami qui s'est retrouvé à courir 5 tours avec moi, et àce point j'ai renoncé à comprendre ce qui a pu le motiver (l'image vient d'ici, rendons à César ses bouts de poulet). Les mitaines, c'est pour le look clodo, très tendance. Les chaussettes, eh bien ... elles sont censées réduire le risque de crampes, rendre beau et soigner le cancer.

Et le fait que le monsieur ait deux montres, ça, ça ne te choque pas ?

kaplan a dit :
posté le 19 November 2013 à 15:58
Respect, la grande classe quand même (je parle du fait de rester sobre un mois avant l'effort, je veux dire. Le reste, ça a l'air quand même un peu trop facile...)

Pisto a dit :
posté le 19 November 2013 à 16:20
surtout qu'il gagne 1/2 heure en ayant picoler comme un trou.

C'est beau. Faudrait vérifier cette corrélation par d'autre tests et la prochaine fois, prend donc une bouteille de cognac avec toi.

Les deux montres, je ne sais pas, un TOC de symétrie vestimentaire?

Ceacy a dit :
posté le 19 November 2013 à 21:22
Pour les montres, je n'en sais rien. Pour le cognac, je pense éviter : avec les lois anti-alcool sur les lieux publics, je risque plutôt de de finir la course au poste.

LeChat a dit :
posté le 19 November 2013 à 22:03
GG !

Repiemink a dit :
posté le 20 November 2013 à 08:56
Cet homme est fou.

Selune a dit :
posté le 20 November 2013 à 10:38
Joli perf' ! Déjà rien que le marathon en 3h30... o/

Pisto a dit :
posté le 20 November 2013 à 11:15
tiens je n'avais pas lu :

[...] envie de lancer un message, même si la personne à qui il est destiné ne le verra sans doute même pas.


qui c'est? photos?

Il était évidemment clair que tu ne souhaitais, une fois de plus, faire foi de tes exploits herculéens avec nous: jeune éphèbes ou vieux briscards débridés, souvent éloignés de ton sillon, peu fit à l'éjaculation testostéronienne (quoique).

Qui et ou est donc cette douce destinatrice dont les photos d'un jeune mâle en sueur pourraient bien faire chavirer le coeur?

PS: mais vire ce collier à barbe, Robert Hue a du mourir dans le plus strict anonymat par sa faute.

Cyp a dit :
posté le 20 November 2013 à 11:31
Tu m'as fait flipper, heureusement Robert Hue est toujours parmi nous, et dans nos coeurs.

Ceacy a dit :
posté le 20 November 2013 à 14:26
Pisto a écrit :
tiens je n'avais pas lu :

[...] envie de lancer un message, même si la personne à qui il est destiné ne le verra sans doute même pas.


qui c'est? photos?

Non ? Déjà que la destinatrice en question, je ne la vois que beaucoup trop peu, je ne vais pas en plus divulguer son image.

Pisto a écrit :PS: mais vire ce collier à barbe, Robert Hue a du mourir dans le plus strict anonymat par sa faute.

http://en.wikipedia.org/wiki/Movember (je ne taille pas cette chose pour obtenir le collier — c'est, malheureusement, naturel. Et hors de question que je refasse le coup de la moustache seule. Déjà que je n'ai plus de sourcils.)

Repiemink a dit :
posté le 20 November 2013 à 15:16
C'est vrai ça. Qu'est-ce que tu en as foutu?

Pisto a dit :
posté le 20 November 2013 à 16:16
les 1ers effets du dopage.. je me disais bien aussi que faire une thèse en info ne pouvait décemment pas coller avec le personnage en eau et sueur !

Tricheur !

Et je ne vois pas en quoi le fait que tu ne vois pas, quand môôsieur le désire, ta tendre et douce promise nous oblige à ne pas partager cela avec toi.

Sans offense ni blague graveleuse, nous admirerons celle pour qui, tu te déchaines avec cette volonté de marcher avec des béquilles quand t'aurais 40 ans et plus de ligaments aux genoux.

Ceacy a dit :
posté le 20 November 2013 à 18:45
Les sourcils, c'est lorsqu'un soir récent, voyant un incendie ravager un appartement au coin de Broadway et 84th, et entendant des cris de détresse s'échapper de la fenêtre, j'ai sauvé une famille des flammes, chien et poisson rouge compris, au (maigre) prix de voir ma pilosité faciale partir en cendres.
Ou bien c'était pour Halloween, je ne sais plus.

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Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.

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