Gris.

posté le 11 March 2006 à 11:51

Le réveil sonne, sur la petite table de métal lustré, à côté du lit. Inutilement, comme chaque fois : ses yeux sont déjà ouverts. Il a l'habitude d'être déjà éveillé quand la sonnerie se fait entendre ; d'ailleurs, il ne dort plus, ou presque. Il se dépêtre maladroitement de ses couvertures, constatant avec une brève lueur de surprise que, cette fois encore, elles sont aussi froides que si personne ne s'était blotti dedans. Il se dirige vers la douche ; ah, non, d'abord, démarrer l'ordinateur. Presqu'un rituel, immuable. En chemin, il s'arrête pour jeter un coup d'oeil à son miroir, qui lui renvoie l'image grise d'une figure grise. Reflet sans couleurs, un peu flou. La faible lumière, sans doute.
Il détache son regard du miroir. Ça ne veut rien dire, il le sait bien. Il a la vie dont il rêvait, un travail stable. Il est quelqu'un d'important, à l'abri du besoin. Il a des responsabilités, de l'argent. Des filles aussi, parfois - des filles interchangeables, belles, désirables ; rarement longtemps la même, depuis qu'elle est partie. Non, ne pas y penser, pas à elle. Il a une voiture, un bel appartement, il donne des ordres. Il n'a pas de soucis. Il a ce qu'il voulait. Mais il s'ennuie, un peu.

tags : ennui, morosité, texte

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posté le 07 March 2006 à 20:52
Tout a commencé avec une banane. Jaune, comme toute bonne banane. Et puis ensuite, je ne sais pas, le flou : je me rappelle vaguement être sorti dans la rue en courant et en criant "Vive Pétain", et en aspergeant les passants de petits pois. Je crois qu'à un moment, j'ai croisé Churchill, mais je ne suis pas sûr, et c'était peut-être une borne d'incendie, après tout - on ne peut jurer de rien, avec tous ces ogm nucléaires à tous les coins de rue qui manifestent contre le Coca-Cola. C'est la faute à Jésus, je pense, il a une barbe mais il n'a jamais rendu les clous, alors faut pas s'étonner, après, hein.
Quoi qu'il en soit, je suis à peu près sûr que c'était avant qu'une passante ne me demande de la déshabiller. Je me suis méfié, bien sûr, alors je lui ai d'abord donné un coup de pelle, une jolie pelle, d'ailleurs, je sais plus trop où je l'avais achetée, mais on n'en fait plus, des commes ça, avec les plombiers polonais qui viennent manger notre chocolat et voter Hollande aux élections, alors qu'ils n'ont même pas de tulipes dans le cul, je vous demande un peu. C'est à ce moment-là que les ours sont arrivés, mais je les avais vus venir, des ours bruns avec un museau noir et des cigarettes que c'est sans doute même pas du tabac, on me la fait pas, à moi, alors je me suis caché derrière une poubelle et j'ai pris mon épée +5 avec dégâts de feu, pas celle de glace parce que je n'aime pas le foot. Je crois que je n'ai plus de parmesan, va falloir que j'en rachète, ou alors je vais encore devoir me limer les ongles, parce que j'ai froid. Ils ont essayé de voler la jeune fille, mais je les ai eus par surprise et par derrière en même temps, et je me suis enfui en courant de côté et en faisant des bruits avec ma bouche, un peu comme ça, vous voyez : j'ai eu un peu de mal à éviter les météorites, au début, jusqu'à ce que je décide de me protéger avec un couvercle de ciseaux que je venais d'attraper dans le bocal.
Ah, le sang, vous voulez dire, Votre Honneur ? C'est un complot des socialistes, je n'ai jamais tué de chat. Ou bien, j'ai oublié, ou alors, c'était Sarkozy. Enfin, bon, ça compte pas, et de toute façon, ça va bientôt être l'heure du feuilleton.
Comment ça, la jeune fille ? Ben, j'ai fait ce qu'elle avait demandé, et je l'ai jetée dans la Seine, parce qu'elle avait soif et que je ne trouvais pas de tournevis ni de cocotte-minute. Elle m'a dit qu'elle savait skier, en même temps, et elle était même pas rousse. Ensuite ? Eh bien, ensuite, j'ai mangé des pâtes au gingembre, et je me suis changé en loup. C'est pour ça que j'ai des puces, vous voyez. SALOPE, SALOPE ! Ah, non, ça, c'est pas ma faute, c'est que j'ai été mordu par une tourette, alors depuis je suis possédé par le Dalaï-Lama, ou alors c'est Nixon, je sais jamais, faudrait que je prenne mes pilules mais j'en ai plus depuis que je me suis fait manger par un loukoum. Excusez-moi, Votre Honneur ? Non, je ne crois pas. Attention, je vais devoir vous laisser, j'ai Euclide sur la troisième, qui dribble la défense, et oui, oui, il se rapproche, il saute, il MARQUE ! OUUUIIII ! Une tronçonneuse ? Moi ? Non, je suis humain, enfin presque. Oui, je sais, ça, c'est depuis que j'ai mangé un rat, vous comprenez, il m'avait parié que je ne le ferais pas, alors j'ai dû le jeter par la fenêtre avec sa cravate. Vous n'auriez pas du parmesan ?
tags : absurde, humour, texte

Régression.

posté le 05 March 2006 à 12:33

"IL FAUT COMMENCER PAR APPRENDRE À CROIRE AUX PETITS MENSONGES.
- Et alors on peut croire aux gros ?
- OUI. LA JUSTICE. LA PITIÉ. LE DEVOIR. CES CHOSES-LÀ.
- Ça n'a rien à voir !
- TU CROIS ? ALORS PRENDS L'UNIVERS, RÉDUIS-LE EN POUDRE TRÈS FINE, PASSE CETTE POUDRE AU TAMIS LE PLUS SERRÉ ET ENSUITE MONTRE-MOI UN SEUL ATOME DE JUSTICE, UNE SEULE MOLÉCULE DE PITIÉ. ET POURTANT ..." La Mort agita la main. "ET POURTANT LES HOMMES AGISSENT COMME S'IL EXISTAIT UN ORDRE IDÉAL DANS LE MONDE, COMME S'IL EXISTAIT DANS L'UNIVERS UN ... UN ÉTALON DU BIEN À L'AUNE DUQUEL ON POURRAIT LE JUGER.
- Oui, mais ils sont obligés de croire ça, sinon à quoi bon ...
- C'EST BIEN CE QUE JE DIS."

Terry Pratchett, Le Père Porcher, p.376, L'Atalante, 2003





Quand on est jeune, on ne comprend pas vraiment ce qu'est la réalité. On pense que ses rêves pourront devenir vrais, on se croit exceptionnel. On pense que le monde, après tout, ce n'est jamais qu'une sorte d'histoire ; qu'en fait, il a été créé pour nous, qu'on en est l'unique raison d'être. On ne doute pas.
Et puis on grandit, et puis on s'aperçoit que ce n'est pas vrai. Que nulle part, dans l'univers, les mots "rêve", "justice" et "amour" ne sont prévus dans le script. Ça fait mal, de perdre ses certitudes. Un coup bas, en plein dans les illusions.
En fait, on ne comprend pas plus que quand on était enfant, on est toujours aussi naïf ; mais on perd toute spontanéité. Peu à peu, on devient des atrophiés de l'imagination. Imaginer, à quoi bon ? Ça sert à quoi ?
On se transforme en machines, dénuées d'espoir. On sait faire des choses, oui ; on a appris, étudié, vécu ; on sait. Suffisamment pour perdre foi en ce qu'on croyait avant, en tout cas.
Le problème, c'est qu'une machine ne devrait pas pouvoir se souvenir. Se rappeler qu'avant, ce n'était pas comme ça. Une machine avec une mémoire, un être sans espoir qui sait confusément qu'auparavant, il en avait. Peter Banning privé de ses ailes, et qui s'en rend compte.

Une machine ne devrait pas savoir ce qu'elle était, imaginer ce qu'elle aurait pu être. À quoi bon ?

"IL N'Y A PAS DE JUSTICE. IL N'Y A QUE MOI."


Prologin, tout ça

posté le 25 February 2006 à 19:41

Aujourd'hui, c'était le grand jour : celui où je séchais la philo, pour partir dans Paris, le nez au vent et les oreilles en trompette, visiter les locaux de l'EPITA pour y passer quelques heures de franche rigolade à programmer des algorithmes. Et ce, dès huit heures quarante-cinq. En plus, le petit déjeuner était fourni, ce qui m'aurait permis de me sustenter un peu si je n'avais pas été trop timide pour prendre un pain au chocolat. En fait, j'ai découvert que tout le monde l'avait déjà fait, avant que j'arrive, mais ce n'est pas grave : j'ai juste passé quatre heures à réfléchir le ventre vide.
Car, oui, ça a débuté par quatre heures sur table, devant une feuille blanche. Épreuve écrite d'algorithmique : un sujet, intéressant, et choix du langage que l'on veut. Je n'ai pas vraiment tout réussi, rien de grave. C'est toujours sympa de programmer sur papier, mais ça manque de Ctrl+Z.
Ensuite, évidemment, repas - barbecue. Passons sur la crème anglaise.
Et puis là, voici se profiler l'épreuve machine : des exercices qui se succèdent, un ordinateur pour programmer, un serveur où l'on soumet les sources, qui y sont compilées et testées. Vraiment une bonne expérience, mais le stress, vers la fin, c'est frustrant - il suffisait de compléter cette %#$! de chaîne avec des '0', et j'aurais fini ce foutu exo !

Travailler en console sous Vim, ça ne me dérange pas, mais en revanche, ils auraient pu éviter le clavier qwerty. ffs.


PS : si quelqu'un veut les exos, qu'il me le fasse savoir.


Je suis libre o/

posté le 24 February 2006 à 20:25

La semaine est finie, les devoirs que je craignais sont passés. Désormais, le deuxième trimestre est quasiment bouclé, je n'ai plus de mouron à me faire (d'ailleurs, je suis quatrième en maths, je vais égorger un poulet pour fêter ça.
Bien sûr, il ya les guerres d'Irlande et les peuplades sans musique ... Passons, c'est encore un effet des amphétamines. Toujours est-il que je suis libre o/ : maintenant commencent les vacances, ou presque (en effet, pour l'orientation, tout est joué, ou peu s'en faut). J'ai fait ce que j'ai pu, advienne que pourra, tout ça.
Et le mieux, c'est que côté coeur ... ah, non, je suis libre là aussi, tiens. Merde.

tags : études

De battre son coeur s'est arrêté ...

posté le 20 February 2006 à 08:00

... dans un gros magma rougeâtre, je suppose. Quelle idée, aussi, de se suicider en sautant devant un train ! Et quelle idée de le faire à dix mètres de la gare de la Baule, devant mon train !
Deux heures de retard à cause de ce petit "accident de personne" (sic), dans un TGV obscur (la lumière étant coupée pour ne pas épuiser les batteries). Deux heures de sommeil en moins, le tout sans aucune indemnisation, parce qu'un pauvre hère a décidé que, finalement, il ne supportait plus son train-train quotidien.

Je suis frais, ce matin. Et j'ai cours.

tags : mort, train

[Samoth] Intégration d'un moteur physique.

posté le 18 February 2006 à 12:15
Bref résumé :
Samoth is a RPG project, started in 2004, whose aim is to become a videogame like we've craved for : crazy, funny, pleasant to play, and full of subliminal messages enticing people to send us their money. All that in a medieval-fantasy universe, and as flexible as possible.

En clair : envoyez-nous des filles toutes nutes. En un peu moins clair : Samoth est le nom d'un projet de jeu vidéo qui serait aux RPG ce que Day of The Tentacle était aux Point&Click.

Ca a démarré en 2004, vers mai. J'étais en seconde, jeune et naïf, mais, déjà, mon cerveau subissait l'influence pernicieuse de Terry Pratchett, de Douglas Adams et d'autres jeans. Alors que j'écoutais les zozios chanter, insouciants qu'ils étaient de la présence sournoise de Conikafik qui se faufilait derrière eux, l'inspiration a jailli dans tous mon petit être.
Enfin, bref, j'ai écrit un bout de texte, pompeusement nommé "scénario", et je l'ai fait lire à des potes.

Un screenshot, un vrai.
Environ un an plus tard, le scénario s'était considérablement étoffé, le background aussi, tout ça. Mais après tout, il manquait le plus amusant : le jeu. Depuis, petit à petit, on - je ne suis plus tout seul, nous sommes au moins, oh, six ou sept à travailler sur le projet, de manière plus ou moins occasionnelle ou discrète - Samoth progresse. Lentement, certes, mais je conserve l'espoir de le voir jouable avant Duke Nukem Forever.
Je ne vais pas trop m'étendre dessus, sachez que si vous voulez plus d'informations, il existe un site web qui en parle, même qu'il est en anglais, du moins en bonne partie. L'adresse est à droite, dans le petit cadre, et même ici pour les aveugles.
Le but de ce présent article est de signaler qu'une version anté-pré-proto-alpha est disponible, quelque part. Il s'agit d'un embryon de bidule, où vous aurez la joie de modifier les options d'un jeu inexistant, de faire joujou de manière limitée avec un inventaire, et de vous déplacer sur une minuscule scène en faisant tomber des cubes et une boule. Oui, je sais.
Vu que la machine qui m'a servi de plateforme de compilation est poussive, n'est pas mienne, et a un certain nombre de problèmes, il est possible que le programme plante directement vous le lancez. En général (je suis à peu près sûr que ce n'est pas un problème de code, mais de DLL), il suffit de réessayer plusieurs fois, ou de le lancer en "Compatibilité Windows 95" (sic).

Sinon, l'orientation se fait à la souris, le déplacement avec les flèches, T change la vue (Vue FPS/VueTPS toute moche) et PGUP permet de sauter (en l'air).

Trêve de logorrhée, voici le programme en question.

Un ours, bordel. Un putain d'ours !

posté le 14 February 2006 à 20:37
Guérande. Jeu des mille euros. Ce soir. Dix-huit heures trente. Sélection passée avec succès. Les six premières questions passent. Cent cinquante euros pour deux, sauf si on les remet en jeu pour continuer. Oui. Question banco, proposée par un dénommé Thierry. Zoologie. Merde.
A quelle famille d'animaux appartiennent le kodiak et le baribal ?

Perdu. Bon, je passe le dimanche 12 mars sur France Inter, j'ai gagné deux dictionnaires, une radio et un t-shirt.
tags : moi, ours, vie

Pourquoi ça fait toujours aussi mal ?

posté le 13 February 2006 à 18:40
Je suis en vacances, dans le petit coin de côte qui m'a servi de maison pendant plus de seize ans. J'en ai profité, du coup, pour retourner à mon ancien lycée, revoir mes anciens camarades. Et aussi la revoir.
J'ai passé la journée dans sa classe, j'ai assisté aux cours avec elle. Le midi, j'ai été manger avec elle. Elle m'a raconté ce qu'il y avait de nouveau, je l'ai écoutée. Je l'ai regardée jouer de la flûte, s'entraîner avec des amies à elle. Elle n'a pas changé. Moi non plus.
Je suis en train d'écouter des musiques belles et tristes, à la fois mélancolique et heureux. Pourtant, ça fait un an. Rien n'a changé. J'ai envie de sourire et de pleurer, et je ne sais pas quoi faire.

Je me sens comme un pantin de chiffon, dans un film de Burton.
tags : amour, moi

Au temps pour Bacon ...

posté le 12 February 2006 à 18:46

... samedi, ce sera pas philo.



Je vais du coup devoir, cette semaine, faire un tour sur leur serveur d'entraînement. M'est avis que la sélection, à côté de l'épreuve elle-même, c'était pas le plus dur. N'empêche que o/, d'abord.

Ah, et ma soeur est championne de France de bridge, aussi. La blonde.


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Quelques mots ...

Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.

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