Bon, puisque c'est comme ça, je vais me recoucher.

posté le 19 December 2010 à 12:05

Encore une écriture à contrainte, cette fois en poème : faire un autoportrait allégorique en vingt vers, et en insérant des mots parmi une liste que j'ai depuis longtemps perdue. Vingt verres, c'est dur, surtout vers la fin.

Le miroir, ce matin, me lançait des œillades
Au réveil, comme ça, je l'ai trouvé gonflé
Je manquais de sommeil et n'étais pas rasé
Niveau charme et attrait, j'étais dans la panade

Hélas, face à son tain, je n'avais pas une chance
Et Narcisse à l'instant en moi l'a emporté
J'ai - la fatale erreur ! - fini par me tourner
Et j'ai connu l'horreur, subi son froid toucher

Jadis, oh oui, jadis, j'avais de la prestance
Vénus en son jardin m'accordait sa faveur
Pas un jour ne passait - que dis-je ? pas une heure
Sans qu'Orgueil et Superbe viennent me visiter

Ô mes belles années, où vous ai-je égarées ?
Et toi, oui, toi, jeunesse, pourquoi cet abandon ?
Je ne suis pas si vieux : pourquoi ces yeux, ce front ?
Pourquoi ma déchéance ? Comment, « trop picolé » ?

C'est l'appel incessant de la dive bouteille
Qui aurait fait de moi cette loque innommable ?
Et ce serait Bacchus, de son épée vermeille
Qui aurait massacré mes traits si agréables ?!


Nikki Yanofsky

posté le 06 December 2010 à 09:53

 Avec un nom pareil, elle pourrait aussi bien être championne de patin à glace en apnée dans la mer Caspienne. De toute façon, c'est imprononçable, et en plus elle est canadienne.

Comme il y a quand même une justice, pas vrai Michel, pour compenser tout ça elle chante. Bien, d'ailleurs, sinon je ne vous en ficherais pas un billet. Adoncques, Nikki avec des k comme dans Buzzati est « une chanteuse québécoise anglophone de jazz et pop vivant à Hampstead, une agglomération de Montréal au Québec. ». J'aime quand Wikipédia dit ça, ça me fait rêver.

Pour clore rapidement cette note laconique et fermer ma gueule, le message est le suivant : Yanofsky ne va pas écouter ce qu'elle chante devrait avoir honte.

http://www.myspace.com/nikkiyanofsky - http://www.nikkionline.ca/

Même TSF Jazz la passe, gratuitement en plus, ce qui n'est pas cher du tout la passe.


Pour ceux que l'IA, les jeux ou un mélange des deux intéressent ...

posté le 02 December 2010 à 03:06

Au menu : des notions d'intelligence artificielle, des algorithmes classiques utilisés dans les jeux ; puis une présentation des algorithmes génétiques, des réseaux neuronaux, de l'apprentissage par renforcement, et de ta mère.

C'est ici.


Un rêve en blanc ?

posté le 21 November 2010 à 16:28

(écrit pour un concours de nouvelles, dont le thème était « Un rêve en blanc »)

Conformément aux prévisions du Service Météorologique, des trombes d'eau s'abattent depuis ce matin sur la ville, les trottoirs, et les rares passants qui les arpentent d'un pas pressé. Il fallait s'y attendre : le Service Météorologique ne commet jamais d'erreur - et les passants en question, avec leurs habits légers, frigorifiés et dégouttant de pluie acide et sale, ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes.

Je m'appelle George, et je suis journaliste. Tous les soirs, je transmets par courrier électronique mon bulletin de la journée au quotidien dont je dépends - inutile de vous en donner le nom, vous le connaissez forcément - bulletin dans lequel je rapporte, le plus objectivement et clairement possible, les actions importantes, révisions de textes et nouveaux décrets promulgués par le Gouvernement. Ce courrier, encodé numériquement à l'aide de mon certificat électronique personnel à des fins d'identification et de sécurité, est ensuite envoyé à l'Édition, puis soumis au Bureau de l'Information, où, après avoir été revu, élagué et approuvé par les Délégués à la Communication, il est intégré à l'édition du lendemain, dans la section « Rappel de la Politique et des Lois de la République », édition qui sera communiquée à l'ensemble des Citoyens, par le biais de leur identifiant digital, à 5h20 précises. Les articles, cela va de soi, ne sont jamais signés - vous avez déjà dû vous en rendre compte.

Nous sommes une centaine à travailler dans mon service, du moins je crois. N'ayant jamais vu les autres, je ne peux que conjecturer, en me basant sur la quantité de mots imprimés et ma production propre. Propre, pas personnelle - il n'y a pas grand chose de personnel dans ce travail. Parfois, je me demande à quoi ils ressemblent. Les autres. Cheveux gris, cernes noirs, traits tirés ? Jeunes et beaux, peut-être.

Bah, à quoi bon. Le Bureau nous a étalés sur l'ensemble du territoire, anonymes et isolés, et nous ne nous verrons jamais. Je ne verrai jamais que les passants par la fenêtre, et les autres membres de ma section. Eux, je les vois trop, le matin au déjeuner, le midi à la cantine, au gymnase, en vacances, et sous le gros œil de la télévision, le matin, le midi, le soir, encore et toujours le gros œil.
Non, je me disperse, ça devient incompréhensible. Je recommence.

Dystopie, n.f : récit de fiction peignant une société imaginaire, organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur, et contre l'avènement de laquelle l'auteur entend mettre en garde le lecteur. La dystopie s'oppose à l'utopie : au lieu de présenter un monde parfait, la dystopie propose le pire qui soit.

C'est ce que j'ai trouvé, dans un vieux dictionnaire - un d'avant, où l'on trouve encore des mots de ce genre. Sauf que maintenant, la définition a changé, parce que la dystopie, ça va faire vingt ans qu'on est en plein dedans.

Dystopie, n.f (archaïque) : mot soigneusement retiré du vocabulaire officiel.

Tout a commencé insensiblement, il y a environ trente ans - mine de rien. Chômage en hausse, angoisse généralisée, peur du lendemain. Insécurité galopante : les gens avaient peur, de rien en particulier d'ailleurs. J'ai l'impression que c'était il y a des siècles. Petit à petit, on a commencé à voter contre, contre les peurs, contre les autres. Pour les Solutions avec un grand S, sans comprendre que c'était le meilleur moyen d'en voir deux poindre, accolés. Et on médisait en douce - c'est la crise, tu te rends compte, il fait quoi le gouvernement, et tu as vu la nouvelle voiture du voisin ? On se demande où il a trouvé tout cet argent - oh, tu sais bien comment ils font, ces gens-là. Etc. « Ces gens-là. »
Les conditions réunies, il suffisait d'attendre ; et cela n'a pas tardé. Le personnage du Leader, l'ascension en flèche - les sondages, le plébiscite populaire, la campagne orchestrée de main de maître. Représentation permanente, sourire rassurant, réponses à tout et bon sens populaire. Quelques Cassandres, vite étouffées : personne n'aime les oiseaux de mauvais augure. Et puis, à part lui, vers qui d'autre se tourner, de toute façon ?
Élections, remportées bien sûr.

Ensuite, évidemment, c'était déjà trop tard. Les lois se sont succédées, sans que personne ne les lise vraiment, ou ne réalise ce qui se passait ; des lois qui se contredisaient, qui se reprenaient, se précisaient. Amendements, décrets, réformes - il fallait aller de l'avant, rester immobile c'était déjà reculer, et puis la peur, toujours, l'aiguillon de la peur. Le gros œil s'ouvrait et les journaux commençaient à se taire. Ce n'était pas juste le Leader, d'ailleurs - un simple pantin, un cristallisoir. Tout allait vite, très vite, comment aurait-on pu voir ce qui se mettait en place ? Et pourquoi aurait-on voulu le voir ? Confortable, rassurant d'être mené. Une dizaine d'années a suffi.

Il pleut, et il suffit de consulter l'édition électronique du Quotidien pour voir que le Service Météorologique l'avait prévu - tout comme hier il avait prévu qu'il ferait un soleil resplendissant ce matin. Tout comme les nouvelles lois d'aujourd'hui existent depuis l'établissement de la Constitution.

Personne ne manque de rien, ici - nous mangeons tous à notre faim, vivons vieux et heureux, et le gros œil nous distribue chaque jour notre ration de divertissement et de joie. Je ne verrai probablement jamais les membres des autres Sections.

Et comme chaque jour, je mets une nouvelle liasse de feuilles dans la machine à écrire que j'ai trouvée à la cave, et je fais le récit de ce qui s'est passé. Comment tout a basculé. Pourquoi. J'écris tout ça, et j'oublie pendant un bref instant que moi aussi, je suis responsable, et que les relents de pourriture et de lâcheté ne viennent pas uniquement de dehors. J'écris tout ça, puis je regarde la liasse, la liasse qui finira au feu, comme chaque jour. Qui finira au feu, parce que finalement, oui finalement, à quoi bon ? Je pourrais tout aussi bien écrire sur mon ordinateur personnel, avec ses mouchards et son écran accusateur - qu'ils le sachent ou non, ça n'a plus aucune importance. Il est trop tard.

Certains tirent des balles comme ça, à blanc. Moi, je rêve de pouvoir revenir en arrière - quand j'étais sans emploi, quand on allait voter. Je rêve comme ça, à blanc.


Princeton, baby !

posté le 22 October 2010 à 15:14

Princeton University
Office of International Programs
36 University Place, Suite 350 Princeton,
NJ 08544 (609)258-5524

October 20, 2010

Dear Clément,

I am pleased to confirm your admission to Princeton University as a visiting exchange student for the spring semester of 2011. We very much look forward to your arrival on campus and to working with you to make your time at Princeton as rewarding as possible.

You will be expected to take a normal load of four courses for the semester, one of which will be your research project, listed as Senior Independent Work. You may finalize your schedule of courses once you arrive on campus. Please take some time to review the courses on offer by consulting the Undergraduate Announcement for 2010-2011 at: http://www.princeton.edu/ua/departmentsprograms/. The information is listed by department; scroll down to the “courses” heading to see course descriptions and the semester in which they will be offered. Closer to the spring semester you will also be able to search through the Registrar’s Course Offerings website, which will give more detail on the courses: http://registrar.princeton.edu/course-offerings/.

[...]

While at Princeton you will have the status of senior, or fourth-year student. [...] Tuition expenses will be covered through the Exchange Agreement between Princeton University and École Centrale.


Écriture à contrainte

posté le 18 October 2010 à 11:15

L'un de mes meilleurs cours, cette année, est mon cours d'anglais : "English Literature". On étudie Macbeth, on apprend des insultes du temps de Shakespeare. Et on a des devoirs : par exemple, écrire 5 pentamètres iambiques, ou bien, d'une liste de 26 termes tirés de la pièce, en choisir dix, et écrire une short novel d'environ 300 mots.

Voici le résultat :

 

He had just finished Hunting the Snark, a book he had long been willing to read. Laying in the grass, still lost in his thoughts while a nice smell of fried bacon and scrambled eggs was slowly spreading from the kitchen's house, he noticed a small lizard, climbing his sleeve in a desperate attempt to find a better place to live.


At that point precisely, he realized how dull his own existence was. He woke up in the morning, went to school, waited for the bell, came back home. He had never experienced anything weird or exciting, never fought a wolf nor "danced with a painted devil in the moonlight" (this last thought might seem less strange if you knew he had watched, the previous evening, Batman, by Tim Burton - and was still, unconsciously, obsessed with Jack Nicholson's acting as Joker, and had been drawing a small bat on every single sheet of his school's handbooks. But that's not the point). Suddenly, he suprised himself to long for something strange to happen. "I would give $10000 to have a dragon, instead of this lizard".


Yes, he had that precise thought. He shouldn't have. He might as well have been shouting "Beetlejuice" thrice : everything went still in the garden. A cold wind began to blow, along with a strange, distant sound of ... a drum ? A crow, from the tree above him, made a profund, raucious and rather frightening sound. The sky darkened. And his sleeve went heavy.
Heavier, and heavier.
And heavier.
And quite cold.


He didn't dare to look. He didn't dare to turn his head. It was just when the thing had become so huge he couldn't ignore it anymore that his brain accepted to admit somthing was going on. There was an enormous, glittering, scale-covered ... thing, near him, next to him. The drum had become louder, and the wind was no longer the wind ; it was, now, coming from the dragon's mouth, an icy breath which could have frozen dreams and made the sun stop burning. It gave him goosebumps - his stomach shrank, rumbled, and then, after a while, decided it would be better for everyone to go unnoticed.
Thomas looked into two big, yellow eyes, emptier than eternity, older than void.

 

Later, when his mother called, as the eggs and bacon were ready, no one answered. For the Dragon was a Boojum, you see.


Jean-Michel Biasquiat : The Radiant Child

posté le 14 October 2010 à 09:05

Je ne connaissais pas du tout Jean-Michel Basquiat. Pas son oeuvre, pas son nom - j'avais, peut-être, croisé l'un de ses toiles au détour d'un regard, mais rien de plus. Aussi, quand une amie m'a proposé d'aller voir Jean-Michel Biasquiat : The Radiant Child, un documentaire, au cinéma, j'avais pas mal d'appréhension. Mais bon, c'était une amie, vous savez ce que c'est.

Première impression : rien à voir avec d'autres biopics, telles que Walk the line, Gainbourg : Vie héroïque ou Un homme d'exception (oui, les biopics ont le vent en poupe) : là, pas d'acteurs, pas de séquence vidéo qui ne soit tirée d'archives ou une entrevue avec l'un des amis du défunt. Si l'on découvre "John", c'est à travers ce qu'il a été, ce que ses proches nous dévoilent, ses œuvres. A travers un magnifique montage de photographies, de vidéos d'époque et de confessions d'aujourd'hui, soutenu par une musique très forte, omniprésente et sans cesse différente, adaptée à ce qu'elle soutient et accompagne. Boléro de Ravel, jazz, be-pop s'entrelacent autour du sourire de Jean-Michel, des dessins de Jean-Michel, de la vie de Jean-Michel.


Vie qui se déroule devant noue, comme un écheveau lâché par une Parque négligente : une pelote de laine sans pareille, une vie incroyable. C'est fort, très fort, percutant ; c'est triste, aussi. Mort à 27 ans, célébrissime à 21, enfant prodige, Jean-Michel Basquiat est peint à travers ce qu'il a peint. Et le film est à l'image de son œuvre : éclaté, une galaxie d'éléments qui se répondent, une constellation de fragments aux couleurs chatoyantes qui, mis bout à bout, forment une unité immense et poignante.

This is a song for the genius child.
Sing it softly, for the song is wild.
Sing it softly as ever you can
Lest the song get out of hand.
Nobody loves a genius child.

(Langston Hughes)

Alors, oui, oubliez vos appréhensions. Allez voir ce film.


Vegas, Baby !

posté le 17 September 2010 à 08:45

« J'ai eu vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. »
Paul Nizan

La citation, c'est uniquement pour donner une vague teinte culturelle à ce billet. Parce qu'en vérité, je vous le dis : j'ai encore vieilli.


Si l'on enfermait un singe dans une boîte totalement hermétique avec une machine à écrire radioactive, est-ce qu'il composerait l'intégrale des oeuvres de Shakespeare avant d'être à moitié mort ?

posté le 21 July 2010 à 10:51

J'ai les  souvenirs en lambeauxSmoke
des miettes d'avant toutes picorées
- pour un petit poucet idiot
c'est froid dans la nuit la forêt
de l'air, du vent, des animaux

Dites, les amis, comment on fait
quand le passé fausse compagnie
on tend ses mains
on le saisit
de l'air, du vent, des mots - mes mots

Et puis alors tout disparaît
maman, tout a disparu
c'que je savais, c'que j'aurais su
si ma mémoire était restée
c'est comme du sable entre les doigts
y en a y en a tiens y en a plus

J'ai fait plein d'trucs (du moins je crois)
j'ai ri j'ai pleuré j'ai mordu
oh j'ai eu tant et tant et tant
ah oui mais là j'ai tout perdu
mes airs d'avant, les mots les mots

Et puis alors tout disparaît
et me voilà désemparé
désert devant, des mots des mots
des mots des mots
qu'est-ce que j'disais ?

tags : chanson, mémoire

Au pays de la poudre blanche.

posté le 20 July 2010 à 09:55

Bien dormi, ce week-end, moi. Réveil pour prendre le train à 7h25 samedi, arrivée au Pouliguen à 10h54, repas un chouïa arrosé avec parents, amis et soleil.

L'après-midi, Terres-Blanches. On manque Eiffel (bof), on nous annonce qu'une fois rentrés dans le festival, on ne peut plus sortir, on nous annonce le contraire - trop tard - on écoute Izia, voit Izia, regarde Izia ; on écoute Amy McDonald, pas trop de saveur le MacDonald. Et puis Olivia Ruiz, Olivia Ruiz, Olivia Ruiz. Wow.

Olivia Ruiz Izia

Le lendemain, Revolver - loupé, retardés par la plage. Hugues Aufray - loupé, enfin c'est lui qui a loupé son concert, pas nous. Johnny Clegg  ("c'est qui, lui ? Eh, c'est super !") ! Et puis, Charlie Winston ! Et puis, les Babyshambles !  Pete Doherty qui tient debout !

Et puis le soleil, et puis le reste, et puis tout ça. J'ai des coups de soleil marrants.

Public (dont 4 de mes amis)

Deux parisiens sont sur cette photo. Saurez-vous les retrouver ?

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Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.

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