désespoir
Souviens-t'en l'été prochain.
Non, je ne vais même pas essayer de faire la critique d'un film imaginaire. Pas la motivation. C'est l'été, et j'alterne, passant d'énergie débordante à mélancolie profonde. Il fait beau. Il fait chaud. La mer est tout près. Elle est bien la seule.
Je ne connais personne, ici, en fait. C'est assez drôle, quand on y pense : j'ai vécu seize ans dans cette ville, et je n'y connais personne. Je n'ai personne avec qui aller à la plage, personne avec qui aller au cinéma. Si, mes parents.
J'ai passé seize ans ici, et je n'ai que deux personnes que je peux contacter. Et encore, ils n'habitent pas vraiment au Pouliguen. J'ai perdu le contact avec la grande majorité des "potes" de mon ancien lycée, ou presque. Il en reste deux, trois ; les autres, ça se résume vaguement à un email tous les six mois. Alors, je passe mes journées à l'ordinateur, ou à aider mes parents, ou à lire, ou à faire du vélo. Une heure de vélo par jour, les écouteurs sur les oreilles. Je passe devant les gens dans une bulle, ils me sont inconnus, je leur suis inconnu.
Il y a bien quelques personnes que j'aimerais bien revoir, pourtant. Glenn, Thibault, Marie-Caroline, Sophie ... Je respecte la parité. Ca me fait une belle jambe. Avec un peu de chance, je ne finirai pas mort d'apathie.
Sur ce, j'amorce une transition. C'est mon blog, de toute manière, et j'ai déjà perdu environ quatre-vingt quinze pourcents des lecteurs - rien qu'en ne disant rien de drôle. N'empêche que la mélancolie, le sentiment de solitude, ce n'est pas seulement parce que je ne connais pas grand monde. C'est aussi parce que personne ne semble vouloir me contacter. C'est stupide, je sais, je ne pense même pas qu'ils sachent que je suis là. Ou même que ça les intéresse.
Prenez Sophie et Marie-Caroline, par exemple. Et ne riez pas trop, et toi, Binouze, je te vois venir. Sophie, c'est elle. L'amour déçu, tout ça. Je ne sais plus vraiment si je l'aime encore, je ne crois pas ; à force de n'être qu'un ami, on perd le désir d'être plus. Marie-Caroline, c'est encore plus risible. J'ai toujours eu un peu le béguin pour elle, un sentiment diffus, mais je n'ai jamais dépassé le stade de "pote". Oui, toute ma vie, quasiment, j'ai été un "pote" pour les gens, ou alors un idiot, ou une tête à claque imbue d'elle-même, ou un clown. Jamais plus.
Et puis, il y a Paris. J'ai des amis, là-bas, enfin, je crois. D'ailleurs, simple comme je suis, j'ai peur d'être aussi un peu épris de la soeur d'un d'eux. Ca vire au ridicule le plus total. Je sais. Je n'ai jamais dit que ça serait intéressant. Et puis merde.
Reste plus qu'à espérer que ma mère ne lise pas cet article.
Les araignées d'argent au nid truffé de bulles.
Je passe mes journées démotivé, à écouter de la musique, à programmer, à parler. À pleurer sans le faire, avec Mano Solo. À être empli de rage, aussi, avec d'autres. Demain il pleut.
J'aurais voulu ... oui, j'aurais voulu. J'aurais envie d'écrire des choses, des phrases magnifiques, des mots à pleurer. Des vers si beaux qu'ils retourneraient le coeur, des textes sincères et magnifiques. Mais rien ne sort vraiment, je reste dans la grisaille. Gris. J'aimerais me promener à tes côtés, mais je ne sais pas - plus - qui tu es. Rire de tes paroles, de tes sourires. Voir tes yeux.
J'ai besoin de te connaître, et de te parler. Mais je ne sais pas qui tu es. J'ai mal. J'arrive à ne pas trop le ressentir, la plupart du temps. On s'habitue. Non, en fait. Je n'ose même pas utiliser le verbe "aimer", trop galvaudé, trop usé, trop meurtri. J'ai peur de ne dire que des lieux communs, de tomber dans le pathétique. Dans le banal. Déjà écrit, rien d'original. Pas de message.
Pas de message.
Je voudrais pas crever.
À quoi bon ?
Péniblement, il releva la tête. Sa bouche avait un goût de sang.
"Ce n'est pas juste", parvint-il à articuler.
L'autre s'accroupit pour arriver à sa hauteur. Il souriait, affable, amical.
"Non, ce n'est pas juste, murmura-t-il doucement. Tu penses que l'univers joue fair-play, que je ne peux pas gagner, n'est-ce pas ? Que je n'ai pas le droit de gagner. Même comme ça, en train de te vider de ton sang à mes pieds, tu continues à penser que quelque chose va se passer. Parce que les gentils gagnent toujours à la fin. Parce que sinon, quelque chose, quelque part, va de travers. Parce que sinon, rien ne vaut plus la peine d'être vécu. Tu t'es trompé. Tu meurs, et tu t'es battu pour du vent."
Son corps tout entier lui faisait mal, ses blessures l'élançaient. Le monde autour de lui semblait tournoyer. Ça n'aurait pas dû se passer comme ça. Ça ne peut pas se passer comme ça. Sinon, plus rien n'a de sens.
Quand la balle vint éclater dans son crâne, il se sentit presque soulagé.
Sans faire de bruit ...
Tellement silencieuse, cette goutte qui tombe !
Délicate et fragile, la plus douce des bombes
Elle ne fait aucun bruit, a cessé de descendre.
Il a fermé son coeur et arraché ses yeux
Il ne pleurera pas, il ne pleurera plus
Ses lèvres ont goût de sang, il les a trop mordues
Il ne ressent plus rien mais souffre encore un peu
Nulle larme ne coule, il n'y a rien à entendre
Et lui, silencieusement, on le sent qui succombe
Quelque chose a cassé et il creuse sa tombe
Ça n'a fait aucun bruit, il ne reste que des cendres.
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Quelques mots ...
Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.
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