lecture

Quatre livres, s'il vous plaît.

posté le 04 October 2007 à 18:55
Ce billet risque de sembler un peu pâle, un peu creux. D'un autre côté, étant publié sur ce blog, j'ai bon espoir qu'il paraisse incroyablement spirituel et intéressant, au moins autant que je le serais si j'avais pu choisir, fièrement, de faire fi de ces futiles considérations d'inné et d'acquis qui font de moi ce que je suis et pas, par exemple, Donald.
D'un autre côté, ne vous y méprenez pas, je suis parfaitement satisfait de ne pas être un canard. Les canards n'ont pas d'âme.

Ceci étant posé, je peux démarrer ce lent épanchement de mes pensées les plus profondes, personnelles et intimes dans ce billet public, histoire de me sentir exister. C'en serait presque indécent, mais heureusement au moins deux montent.

Donc, donc, donc. Tout d'abord, quelques lectures et commentaires à leur sujet, une idée que j'ai éhontément repompée sur une jeune fille dont l'ombre est en fleurs, ou pas loin.

* La mort est mon métier

"Je me concentrais sur le côté technique de ma tâche. (...) Un peu comme un aviateur qui lâche ses bombes sur une ville.
Il dit d'un air fâché :
- Un aviateur n'a jamais anéanti tout un peuple.
- Il le ferait, si c'était possible, et si on lui en donnait l'ordre."


Robert Merle s'essaie, avec cette fiction à caractère autobiographique, à un exercice assez périlleux : nous emmener dans la tête d'un soldat. Celui qui, durant la Seconde Guerre Mondiale, a été chargé de l'organisation technique et administrative d'Auschwitz. Un soldat, un frustré entièrement dévoué à ses chefs, un être qui suit les ordres sans jamais les remettre en question, un père de famille, un homme.
D'un point de vue historique et psychologique, c'est assez bien réussi. En revanche, le côté littéraire pèche un peu, le style n'est pas aussi bon que, pour rester dans le sujet, La Part de l'Autre.
À lire pour voir le monde en gris.

* La promesse de l'aube

Il serait temps, d'ailleurs, de dire la vérité sur l'affaire Faust. Tout le monde a menti effrontément là-dessus, Goethe plus que les autres, avec le plus de génie, pour camoufler l'affaire et cacher la dure réalité. Là encore, je ne devrais sans doute pas le dire, car s'il y a une chose que je n'aime pas faire, c'est bien enlever leur espoir aux hommes. Mais enfin, la véritable tragédie de Faust, ce n'est pas qu'il ait vendu son âme au diable. La véritable tragédie, c'est qu'il n'y a pas de diable pour vous acheter votre âme. Il n'y a pas preneur. Personne ne viendra vous aider à saisir la dernière balle, quel que soit le prix que vous y mettiez.

Romain Gary déroule sa vie et la commente, avec un incroyable talent. L'enfance et la jeunesse de ce petit garçon que sa mère aimait trop, promis à un destin exceptionnel parce qu'il le faut, le portrait incroyablement touchant de la mère en question, qu'il adore ; le tout avec un humour incroyable, sans jamais se prendre au sérieux, et un sens de l'à-propos admirable. Un chef d'oeuvre - et plus j'en parle, moins je lui rends justice.

* Manifeste du Parti Communiste, suivi de la Critique du programme de Gotha, de Marx et Engels

Nos bourgeois, non contents que femmes et filles de prolétaires soient à leur disposition, pour ne rien dire de la prostitution officielle, trouvent le plus grand plaisir à séduire réciproquement leurss femmes légitimes. Le mariage bourgeois est en réalité la communauté des femmes mariées.

Bon, là, pas grand chose à dire - et, je sais, je n'ai pas choisi le passage le plus significatif. Certes, ce n'est pas forcément captivant, mais c'est un texte à avoir lu, ne serait-ce que pour ne pas parler de ce qu'on ignore. De plus, c'est bien structuré, clair, et plutôt court, et les gens vous regardent pendant que vous le lisez.




* Le Roi se meurt, Ionesco

LE GARDE, annonçant
- Le Roi n'est plus au-dessus des lois.


Le Roi se meurt : cette pièce de théâtre l'annonce, le proclame. En quelque cent trente pages, le lecteur voit le Roi mourir, sent le Roi mourir, est le Roi. Il voit ceux qui l'aiment tenter de le soutenir, il voit la déchéance, il voit la peur, il voit le refus, les doutes, l'amour, et la fin. Le style est fluide, léger : les répliques se succèdent comme une musique, quelque chose de doux et triste. Beau, profond, touchant : un livre qui ne peut pas laisser inerte.


J'étais parti pour commenter Le Pigeon, de Süskind, et La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier, mais il est tard, Monsieur. En deux mots : le style du dernier est décevant, et parvient à ternir l'éclat de l'intrigue. Quant au pigeon, ce n'est pas un monument, mais c'est plutôt bien écrit, intéressant, et absolument lisible.

Un rapid coup d'oeil, maintenant, m'indique qu'il me reste 12 livres à lire absolument sur mon étagère, plus cinq que je n'ai pas encore achetés ; une dizaine de films qui me font de l'oeil, et cinq albums à écouter. C'est pas une vie, ça !
tags : lecture

Voleur de mondes, le meilleur du temps de la vérité.

posté le 02 November 2005 à 13:04
Ça va finir par se savoir, je suis un aficionado de Terry Pratchett. Au point que, après avoir épuisé le budget de mes parents en leur faisant subrepticement acheter les tomes des Annales du Disque-Monde non parus en poche, à dix-sept euros dix pièce, je me suis encore trouvé à court.
Il me restait certes deux tome en français, Procrastination aux éditions Chères, et le Le Dernier Héros - mais bon, lui, c'était vingt-deux euros minimum, vu qu'il est Beau. La Beauté n'est hélas pas dans mes moyens.

Et là, ce fut le Coup de Chance : un de mes camarades de classe, bilingue et sympa, m'a prêté les deux seuls tomes des Annales qu'il possédait ... deux que je n'avais pas lus, car ils n'ont pas encore été traduits ! Il s'agit de The Truth et Thief Of Time.



Tout d'abord, bien que des jeux de mots à tout va parsèment les pages de ces livres, la lecture en anglais est relativement aisée - bien entendu, j'ai dû loupé au moins le tiers des jeux de mots, si ce n'est plus. C'est très agréable à lire, et une fois finis les deux tomes, on admire le travail effectué par le Traducteur dans les autres.

Thief Of Time, c'est l'histoire d'un horloger aussi sain d'esprit que Belli6 qui, à la demande des Auditeurs (pour les ignares, ce sont les Méchants, des êtres sans aucune identité qui haïssent la vie parce qu'elle n'est pas "propre"), entreprend la construction de l'Horloge Absolue, capable de mesurer le plus infime laps de temps possible, le temps qu'il faut au présent pour devenir passé.
Le problème, c'est qu'une fois achevée, cette horloge va avoir comme effet de bord ... d'arrêter le temps. Diantre.
Heureusement, un Moine du Temps, Lu-Tzé, aidé par son nouveau disciple plutôt compétent, vont tenter d'empêcher la Fin des Temps. Aidés par Susanne, la petite-fille de la Mort, et par un laitier.

Dans The Truth, un écrivailleur, Monsieur de Worde, découvre avec stupéfaction les possibilités de l'imprimerie. Et crée, à Ankh-Morpork, le premier journal d'investigation, à base de photos de légumes à forme marrante, de petites annonces, et de complot visant à virer le Patricien pour lui substituer un homme de paille à la tête de la ville.
De l'action, des Méchants qui font "-ing", un Vampire, des Nains et un Économe Volant : tous les ingrédients sont réunis pour une Histoire Qu'Elle Est Bien, qui dénonce le racisme et les notaires zombies.

Bon, accessoirement, j'ai aussi lu Le Meilleur des Mondes de Huxley, et j'ai décidé que je n'aimerais pas y vivre. Histoire d'être original.
tags : lecture, pratchett

L'accueil de l'asile.fr Les blogs sur l'asile.fr S'abonner au flux RSS des articles

Rechercher

Quelques mots ...

Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.

Articles importants