Philo au Fromage

posté le 01 May 2007 à 10:58
J'ai fini le Gai Savoir de Nietzsche, c'est vraiment une oeuvre absolument géniale, éblouissante, tordue et très intéressante, que l'on soit athée ou non, individualiste ou non...

Un truc auquel je pensais dans le bus


La philosophie comme réaction - Les plus grands artistes naissent et s'épanouissent pour la plupart tous en période de dictature, que ce soit une dictature politique, artistique ou psychologique. Il en va de même pour les philosophes (ne sont-ils pas les plus géants des artistes ?). Les "grands" de la philosophie ne se sont élevés au-dessus de la masse que parce qu'ils n'étaient pas d'accord avec elle, parce qu'ils étaient convaincus de pouvoir la corriger. C'est lorsqu'il constate qu'il existe des erreurs de jugement, de mauvaises interprétations, de mauvaises réflexions, en un mot de la mauvaise herbe métaphysique qu'un homme se sent obligé de se déchaîner (dans les deux sens du terme), de remettre les choses à leur place. Réfléchissons : s'il n'y avait eu personne pour se tromper, Socrate serait-il resté dans l'histoire ? Pascal sans athées aurait-il été Pascal ? Nietzsche sans croyant, Nietzsche ? Kant sans idéalistes vraiment Kant ?
Lorsqu'un philosophe se lève, c'est toujours ou presque contre quelque chose : persuadé qu'il a mieux compris que les autres, il s'imagine naïvement qu'il est de son devoir de rétablir la vérité, de donner les vraies raisons des choses. Si tout le monde était d'accord avec moi, je finirais certainement par m'ennuyer, pire ! Je finirais certainement par ne plus réfléchir, par ne plus philosopher.
L'homme est ainsi fait qu'il n'agit que lorsqu'il n'est pas satisfait, obéissant bêtement aux lois de la thermodynamiques, il ne fera rien sans raison. Il lui faut de l'imperfection, de l'erreur, il faut du Mal à l'homme pour qu'il agisse, donc pour qu'il vive : c'est dans cet action que réside le secret de la vie, car un homme qui n'agirait pas serait déjà mort. Et les seuls hommes qui n'agissent plus du tout sont ceux qui sont parfaitement satisfaits. Là se trouve tout le paradoxe de l'humanité, pour qu'elle vive, il lui faut des obstacles, des barrières, des ennemis à combattre, sans eux, l'humanité serait déjà morte, car c'est dans le combat qu'elle trouve sa raison d'exister.


AH §§ Et dans un tout autre style, du Richard Cheese ! Petite Playlist :

- Fell in Love with a Girl (The White Stripes)
- Welcome To The Jungle (Guns N' Roses)
- Hate to Say I Told You So (The Hives)
- Yellow (Coldplay)
- Creep (Radiohead)
- Chop Suey (System Of A Down)
- Rape Me (Nirvana)
- Are You Gonna Be My Girl (Jet)
- Stairway To Heaven (Led Zeppelin)

Pour ceux qui ne connaissent pas (bouuh !), Cheese c'est un mec qui reprend des chansons diverses et qui les joue à la sauce Jazzy. C'est EXéLAN et ça se télécharge ici (petit mix, préférable de connaître les originales, sinon spas marrant). Pensez à moi quand je serai en prison !
tags : cheese, richard, texte

Commentaires

hohun a dit :
posté le 01 May 2007 à 11:58
J'avais déjà réfléchi à un truc comme ça, en moins profond. J'aime bien tes petits textes de résumé.

Ceacy a dit :
posté le 01 May 2007 à 17:01
Les plus grandes oeuvres et pensées ne naissent que dans la douleur ou la souffrance (ou, dans dans ton exemple, la tyrannie, qui est au peuple ce que la souffrance est à l'auteur, en gros) ? Cela semble incontestable, mais ça peut quand même se discuter un peu :
- dans un monde tel qu'il est décrit comme dans 1984, une telle réaction est impossible : faute de moyen de se cultiver, et faute de sufissament de liberté. Un vrai totalitarisme ne laisse aucun espoir aux Lumières.
- au fond, tu sembles considérer comme bénéfique le fait que de grandes oeuvres soient produites ; mais si l'on considère le bonheur comme un idéal pour l'humanité, alors, elles sont du même coup un symptôme de dysfonctionnement, non ? Le but ultime serait que les perles de réflexion philosophiques disparaissent.

Fixateur a dit :
posté le 01 May 2007 à 18:03
Ceacy a écrit :



Les plus grandes oeuvres et pensées ne naissent que dans la douleur ou la souffrance (ou, dans dans ton exemple, la tyrannie, qui est au peuple ce que la souffrance est à l'auteur, en gros) ? Cela semble incontestable, mais ça peut quand même se discuter un peu :
- dans un monde tel qu'il est décrit comme dans 1984, une telle réaction est impossible : faute de moyen de se cultiver, et faute de sufissament de liberté. Un vrai totalitarisme ne laisse aucun espoir aux Lumières.
- au fond, tu sembles considérer comme bénéfique le fait que de grandes oeuvres soient produites ; mais si l'on considère le bonheur comme un idéal pour l'humanité, alors, elles sont du même coup un symptôme de dysfonctionnement, non ? Le but ultime serait que les perles de réflexion philosophiques disparaissent.


Ta première affirmation est une généralité qui est à mon avis fausse : Hume par exemple était un type super joyeux, compréhensif et bienheureux. Et ça ne l'a pas empêché d'être un des "grands".
Deuxièmement, bien sûr, le philosophe (ou l'artiste) doit pouvoir s'exprimer, ce qui suppose une certaine liberté, mais il n'y a jamais eu de totalitarisme à la 1984 dans l'histoire du monde, donc... Et les civilisations qui prétendaient ne pas avoir de lumières, je ne sais pas si ça s'est déjà vu...

Troisième point, OUI §, très juste, et j'y ai aussi pensé. Ca nous ramène en fait à la question de savoir s'il faut sacrifier son bonheur à sa réflexion ou vice versa, mais là encore, c'est un peu simplifier. D'abord, parce qu'on peut être heureux en philosophant (ça m'est arrivé - la relativité humaine veut au fond qu'on n'est pas plus heureux religieux ou athée, sur le long terme, je pense). Ensuite, un monde idéal où chacun penserait la même chose, possédant une philosophie parfaite est plus qu'utopique. Ca n'arrivera jamais, ne nous leurrons pas, donc il risque de toujours y avoir des philosophes... tant qu'il y aura des hommes.
Ce que je voulais surtout exprimer, c'est qu'à mon avis les philosophes ont besoin de murs bornés pour philosopher, ils ont besoin de ne pas être d'accord pour avoir envie de s'exprimer - c'est au fond le cas pour tout le monde -, et que c'est très souvent de là que naissent les philosophes qui écrivent et tentent de convaincre.

Et puis au fond, si j'écris tout ça, c'est parce que ça m'a souvent frappé : lorsque personne ne me présente de pensée qui me semble fausse, je me mets à douter de la mienne, je sombre petit à petit dans un marais d'où ne me tirent que des aberrations philosophiques. J'ai presque *besoin* de lire et d'entendre des choses fausses (selon moi) pour continuer de vouloir réfléchir. Ou peut-être aussi que je réfléchirais sans, mais que je serais moins focalisé sur la résolution de questions dont les réponses ne me semblent pas satisfaisantes.

J'en écris des trucs sans intérêt, hein. Ou si peu !

Kane_ex-Deus a dit :
posté le 02 May 2007 à 20:35
Nietzsche, le facho ?

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