La voisine

posté le 05 October 2009 à 11:07

Loi n°1 de la vie en appartement : si le loyer est bas et que l'appart' a l'air bien sous tous rapports, ce n'est pas de la chance, il y a forcément un truc louche que vous découvrirez après la signature du bail. En partant du principe que ça arrive à moi, il fallait forcément du pittoresque, un truc qu'on ne verrait pas tous les jours, une obsession qui vous empêcherait de dormir la nuit.

 

Premier jour

J'ai donc emménagé au début du mois de septembre avec un pote dans un nouvel appartement. Clean, plutôt classe, pas cher pour Lyon (450 euros les 50 m²). A part une toute petite fenêtre dans les toilettes qui donne sur le palier (quelle drôle d'idée), du tout bon, signé presque de suite. Qui a dit que les grandes villes étaient hostiles ? La cage d'escalier est certes vétuste mais on n'y vit pas, l'appartement est donc une très bonne surprise comparé à ses environs immédiats. Les voisins (c'est un palier de 4 portes) ont l'air calmes, si pas inexistants. Seule demeure une grosse tâche sur le haut de la porte de mes potentiels voisins. Etrange tâche..un fruit éclaté ? Qui ferait ça ?

 

Deuxième jour

Quelqu'un a laissé un sac plastique contre le mur, sur le palier. La curiosité est un vilain défaut. Dieu merci, je n'ai pas de défauts.

 

Troisième jour

En rentrant dans l'immeuble, une odeur étrange me prend à la gorge. Qu'est-ce que c'est que ça ? Un mélange de sueur, de litière inchangée et d'alcool...l'odeur semble devenir plus forte à chaque palier...

 

...ça vient d'à côté de chez moi ?

 

Quatrième jour

Plus de doute, un gros crasseux s'amuse à pourrir la cage d'escalier. A côté du sac plastique repose désormais une cage pour transporter les chats, d'où semble provenir une partie de l'odeur.

 

Cinquième jour

 

Alors que je profitais du panorama depuis mon troisième étage, une main est sortie de la fenêtre de chez mes voisins. Une main ridée, apparemment féminine. Mon coloc me dit qu'elle écrivait un texte invisible dans le ciel, mais  même aujourd'hui je reste persuadé qu'elle dirigeait un orchestre fantôme. En me penchant un peu, je remarquai que les bordures de leurs fenêtres étaient tapisées de traces glauques.

 

Cinquième jour, dans la nuit

La porte d'à coté s'ouvre, on entend une vieille femme parler sur le palier. Ses grognements me résonnent encore dans les tympans. Plus proche de l'animal que de l'humain, je n'arrive pas à distinguer ce qu'elle dit. Elle rentre chez elle en claquant la porte.

 

Sixième jour

Les sacs poubelle s'entassent sur le palier. L'odeur ne part plus.

J'ai ouvert les fenêtres pour aérer, son odeur rentre chez nous par fenêtres interposées. J'ai fermé les fenêtres pour aérer.

 

 

Septième jour

Retour d'Ikea : « Bon, je vais garer la voiture, tu remontes le meuble ? »

Ils devraient vraiment installer un ascenseur dans ces putains d'immeubles anciens. Arrivé au troisième étage, au prix de quelques heurts  bruyants dans les escaliers que je regretterai énormément par la suite, je posai le meuble pour déverrouiller ma porte.

J'ai vu pas mal de trucs choquants dans ma vie, mais rien d'aussi déviant que ça.

La voisine, sûrement aux aguets derrière sa porte, ouvre et vient me parler. Enfin, se parler.

Petite, rabougrie, la cinquantaine bien ridée, habillée n'importe comment. Le regard vide, les yeux qui ne clignent jamais. Les dents du bas ont apparemment déserté depuis bien longtemps.

Et une grosse mare de sang sur le front.

« Elle s'est broyée le crâne avec un objet contondant, putain qu'est-ce que je fais ??? »

Elle me parle, je ne comprends pas un mot.

« Du sang ? C'est trop noir pour être du sang ! »

Elle était apparemment en train de se faire une teinture quand elle m'a entendu arriver sur le palier. Comment elle a réussi à imiter si bien une blessure au crâne restera un mystère. Peu importe : je n'arrivais pas à me dire que ce n'était pas du sang. Son salmigondis immonde était maîtrisé à l'extrême. Des flashs d'une vie de souffrance et de paranoïa gravés au prix d'une perte de lucidité qui me faisait remonter chaque fois à la blessure. Puis re-réaliser. Puis ré-oublier. Jamais paroles incohérentes n'avaient semblé si logiques.

Ses incantations faisaient leur effet : j'étais tétanisé. Sans l'intervention de mon colocataire, bien moins sensible à ce genre de choses, j'y serais encore.

 

Septième jour, en soirée

Je suis aux toilettes. Elle est sur le palier, à réciter à qui veut l'entendre ses incantations de déchéance. Impossible de faire un geste...elle pourrait m'entendre.

 

Septième jour, pendant la nuit

Elle ouvre et claque sa porte toutes les 10 minutes. Elle parle, gémit, crie des noms. Elle rentre. Elle ressort. Invoque sans succès le démon de la solitude nuit après nuit.

Elle appelle parfois ses chats. Leurs noms tout mignons forment des ombres menaçantes à la lumière de sa diction pervertie.

 

 

Demain, je sortirai de chez moi en silence. Je tirerai la porte sans faire de bruit, tournerai la clé très doucement en restant attentif à tout signe de vie. Puis je partirai avec hâte.

Pourvu qu'elle ne sorte pas. Elle me mangerait.


Echec plus echec n'égale pas réussite

posté le 21 August 2009 à 19:16

 

Nicolas ******

182 bis **************

69003 LYON

nc****** zat****pointcom

 

Lyon, le 21 août 2009

 

Contact : MME M ******

Affaire : 6924************

N° de dossier : 379*****

*******

 

 

Objet : Avertissement avant radiation pour absence au premier entretien professionnel

 

 

Madame, Monsieur,

 

Je viens de recevoir une lettre de la part du Pôle Emploi m'avertissant de ma prochaine radiation au motif de mon absence à l'entretien professionnel. A vrai dire, j'attendais une éventuelle lettre de rendez-vous à l'entretien professionnel, mais il semble que vous préférez sauter les étapes en voyant mon nom apparaître sur les papiers administratifs.

 

Je dois donc vous faire parvenir une missive où je justifierais mon absence. C'est bien légitime.

 

Reprenons donc depuis le début : je finis mon CDD dans une entreprise de traduction en mai 2008. Suite à une expérience éprouvante, je décide de reprendre des études en septembre. Puis, le second semestre ayant été inexistant pour cause de grève généralisée, je décidai de reprendre une recherche d'emploi en voyant que ces études arriveraient dans une impasse.

 

Je me suis alors inscrit sur le site des Assedic début mars. Normalement, je suis censé, suite à cette inscription, recevoir une lettre me donnant rendez-vous pour une inscription. Inquiet de ne pas avoir reçu la lettre deux semaines après mon inscription en ligne, je téléphonai et me vis répondre que j'avais raté mon rendez-vous d'inscription signalé dans la lettre (que je n'ai pas reçue, donc). La dame me donna donc un autre rendez-vous. Sentant l'entourloupe venir, je demandai à tout hasard si je devais produire quelque document que ce soit vu que j'étais étudiant. Elle me répondit qu'il n'y avait pas besoin de documents, qu'il fallait juste dire qu'on n'allait plus en cours. Fort bien. Elle me donna donc rendez-vous au pôle emploi Vivier Merle.

 

Le jour dit, au pôle Vivier Merle, la personne de l'accueil ne comprit pas pourquoi je n'étais pas dans la liste des personnes à s'inscrire. Après quelques minutes, elle me répondit que je devais en fait aller au pôle emploi cadres de la Part Dieu.

 

J'arrivai donc au pôle Emploi de la Part Dieu avec 40 minutes de retard. On m'y répondit que l'heure de mon entretien était passée. Je fus cependant pris pendant une heure creuse par un conseiller.

 

Ce conseiller refusa mon inscription au motif « qu'on n'a pas le droit d'être étudiant et demandeur d'emploi en même temps ». Ce qui doit peut-être sembler logique à un conseiller des assedic, mais pas nécessairement à une personne lambda. Elle rajouta qu'il aurait fallu un document certifiant que je n'étais plus étudiant. Je crus être le sujet d'une vaste blague.

 

Suite à cet entretien, je reçus une lettre m'avertissant de ma radiation, mais aussi une lettre me donnant rendez-vous de nouveau aux assedic. Je retournai donc aux assedic de la Part-Dieu, où une personne me dit que je devais en fait être inscrit à Vivier Merle, parce que je n'étais de toute évidence pas cadre.

 

Je me rendis donc à Vivier Merle, où l'on me dit que cette lettre était due à un mauvais timing et que j'avais effectivement été désinscrit.

 

Je quittai le pôle emploi la bave aux lèvres, dégoûté de ce mois de démarches inutiles et idiotes.

 

J'attendis donc tant bien que mal la fin de l'année scolaire pour me réinscrire. Je téléphonai, et la personne au bout du fil me dit qu'on allait faire l'inscription par téléphone. Je reçus suite à cet entretien de la mi-juillet un dossier d'inscription pour les indemnisations, que je dus renvoyer avec toutes les pièces que l'on m'avait demandé d'apporter lors de ma non-inscription physique en mars. Je renvoyai ce dossier fin juillet, et mon compte en ligne me signala un début d'indemnisation lundi dernier (le 17 août). Je tentai pendant tout le mois d'août de téléphoner au pôle emploi pour poser des questions diverses, mais pas une fois on ne me répondit, on me demanda à chaque fois de rappeler plus tard. Je passai au pôle emploi pour poser des questions quant à mon indemnisation, et on me répondit que tout était normal, que j'allais recevoir une lettre m'avertissant de la prise en compte du dossier.

 

Cette lettre, je l'ai reçue mercredi dernier (le 19 août). Et aujourd'hui, je reçois une lettre m'informant que je risquais la radiation parce que je ne me suis pas présenté à mon rendez-vous.

 

Quel rendez-vous ? Je n'ai pas reçu de lettre, d'e-mail, de coup de téléphone me demandant de me présenter aux assedic. S'il existe une nouvelle procédure exigeant que l'on se rende aux assedic pour qu'on fixe un rendez-vous après l'inscription, je n'en ai pas été informé pendant tout le processus d'inscription (qui a été plutôt douloureux dans mon cas, vous en conviendrez).

 

Pourquoi le pôle emploi n'arrive pas à m'envoyer les lettres de rendez-vous (à l'exception de la fois où je n'avais en fait PAS RENDEZ-VOUS parce que j'avais été radié), mais arrive sans problème à m'envoyer des lettres de radiation ?

 

Suis-je le sujet de test des conseillers assedic en formation ? Ou est-ce une blague ?

 

A l'heure d'aujourd'hui, je suis toujours à la recherche d'un emploi. Je vous prie donc de reconsidérer votre avertissement et je reste à votre disposition pour plus d'informations, voire même pour un entretien qui permettrait de mettre un terme à mes souffrances.

 

Cordialement,

 

Nicolas *******

 

 

PS : alors que mon attestation assedic sitpulait bien que mon métier était TRADUCTEUR, quelqu'un a réussi à inscrire dans mon compte que je cherche un métier d'INTERPRETE. J'ose espérer que c'est une erreur informatique ou un classement propre aux assedic.

 


Comment se saborder en trois heures

posté le 02 April 2009 à 11:59

Les citations ne sont pas restituées à l'identique, mais le message est le même. Pardonnez ma mémoire défaillante après trois heures d'assemblée et une bonne nuit de sommeil...

 

Hier avait lieu l'AG de l'université Lyon 2, sur le campus de Bron. Au programme, l'état des lieux, les perspectives, et ce que tout le monde voulait mais qui n'a été voté qu'en dernier, donner suite au blocage ou non. Quitte à subir quelques heures de lavage de cerveau.

 

En général, je n'aime pas le comportement « communiste », au sens galvaudé du terme, mais force était de constater qu'il y avait des bons arguments. Dans la théorie, je suis même d'accord avec eux. Dans la pratique, j'ai trouvé que le session d'hier était un formidable exemple de « comment arriver à perdre un combat gagné d'avance ».

Parlons-en, des arguments : les orateurs étaient pour la plupart charismatiques, clairs, relativement concis, avec des propos étayés par des exemples. Nous avons eu droit à des intervenants de divers pays, l'Allemagne, l'Italie, qui montraient bien que le projet du gouvernement est néfaste. Fort bien.

Pour autant, une argumentation efficace, ce n'est pas uniquement montrer là où le projet blesse, il s'agit également de démonter les arguments de l'opposition. Chose qui n'a pas été faite ici. On a donc eu droit à un LRU-bashing en règle pendant trois heures. Et si vous me dites qu'il n'y a pas de point positif à cette loi, et donc rien à démonter, il faut au moins le préciser. Pour ne pas qu'on aie l'impression de se retrouver face à un discours biaisé.

« Je vois plein de monde ici, mais je suis certaine que peu de monde a effectivement lu le texte de la LRU », disait une membre de la tribune.

Et c'est bien le but des actions de vulgarisation menées par les professeurs, mademoiselle. Avez-vous lu la constitution de la Vè république avant de voter ?

 

Coco chanel, le petit parfum de Lyon 2 

 

Que serait une AG étudiante sans les communistes, au sens propre cette fois-ci ? On en a eu, du discours enflammé, passionné...populiste ? Populiste, oui.

L'aisance à l'oral sus-citée ne fait pas tout ; encore faudrait-il ne pas sombrer dans les mêmes travers que la caste que l'on critique. Une très belle intervention d'un étudiant tout acquis à la cause communiste nous l'a rappelé.

« Oui, j'ai lu Marx, et j'en suis fier » (déclaration appuyée par un autre intervenant plus tard)

Etre fier d'avoir lu Marx en 2009, dites-moi, il n'y a qu'en AG d'étudiants sympathisants que ça pourrait susciter une salve d'applaudissements. Le gouvernement n'en est pas encore aux autodafés, que je sache.

Ce jeune homme avait manifestement oublié que nous étions une AG pluri-politique. Par définition, une assemblée de ce genre se doit d'être respectueuse de tous les bords politiques pour obtenir la crédibilité qu'elle revendique.

En l'occurence, notre jeune premier l'avait oublié.

« Camarades (...) camarades (...) camarades ! »

 Rires étouffés de l'assemblée, probablement plus suscités par le côté has-been de l'adage que par le côté propagandiste de l'affaire.

Non mon ami, je ne suis pas ton « camarade ». Merci de ne pas idéologiser le débat, ça évitera de nous polluer le cerveau avec une frénésie démagogique plus inquiétante qu'autre chose.

 

Le serpent se mord la queue

 

 Certaines autres interventions ont passablement gâché l'ambiance.

« ...et tant pis si on n'est pas crédibles, on s'en fout d'être crédibles devant ce gouvernement ! » (sic, pour le coup)

Non, on ne s'en fout pas. Ma vieille, c'est bien de s'enflammer, mais il faut savoir maîtriser son discours.

« ...parce que c'est pas pour dire, mais yen a marre d'être gouvernés par des enculés de fascistes qui font que des conneries pour nous baiser, MERDE ! » (applaudissements nourris)

Ou comment devenir plus fasciste que les fascistes.

On notera aussi le système du temps de parole modifié à la lyonnaise, où chaque personne n'a pas un temps de parole égal sur la durée, mais un temps de parole égal pour chacun des sujets de l'AG. Ainsi, certaines personnes qui avaient des trucs à dire sur tous les sujets ont eu environ 15 minutes de parole. Tandis que d'autres, qui n'avaient de choses à dire que sur un sujet, n'ont eu que les trois minutes par défaut. Ce fut le cas de ce jeune homme très intéressant, qui pointait avec pertinence les défauts du blocage, qui s'est vu couper la parole « parce qu'il avait dépassé de 10 secondes le temps de parole ».

« Les bloqueurs entravent même les sorties de secours, ce qui est très dangereux pour les quelques étudiants qui restent ainsi que pour le personnel en cas d'incendie »

Réponse d'une bloqueuse : « Je, heum, enfin, si on bloque pas les issues de secours, heu, les anti-bloqueurs rentrent et causent des problèmes. »

Mais qu'est-ce que la sécurité des personnes quand on peut faire avancer la Lutte, hein ?

 

« Je vous vois, là, on doit bien être 2000, c'est le symbole que la lutte est plus que jamais présente ! »

Résultat : 500 pour le bloquage, 340 contre, 30 abstentions.


L'insoutenable légèreté de ma main dans ta gueule

posté le 10 March 2009 à 23:30

En 2009, pour vous simplifier les démarches, l'ANPE et les Assedic fusionnent pour devenir Pôle Emploi.

 

Vendredi 6 mars 2009, 10h15

 

- Allô bonjour, j'appelle concernant mon inscription aux Assedic, que j'ai fait il y a une semaine ou deux. Je n'ai toujours rien reçu.

- Je vois ici que vous avez manqué votre rendez-vous...

- Plaît-il ?

- Normalement, vous avez reçu une lettre spécifiant votre rendez-vous. Nous avons également laissé un message sur votre téléphone.

Déjà, il avait le sentiment qu'on le prenait pour un con.

- Je n'ai eu ni l'un ni l'autre.

- Etrange ça. Vous n'auriez pas une box par hasard ? Des fois ça fait des problèmes à ce niveau.

« Oui. Remarquez, il y a encore plus étrange. Par exemple, des fois, j'appelle les assedic et je me retrouve, sans savoir pourquoi, avec un technicien Orange. Allez comprendre. »

- Peut-être.

- Bon, en tout cas, j'ai une place qui vient de se libérer mardi à 14 heures. Vous aurez rendez-vous ici :

 - C'est parfait. Au fait, je suis étudiant, mais ça ne m'intéresse plus donc je n'irai plus en cours dès que je serai inscrit, il vous faut un papier justificatif de désinscription ou je ne sais quoi ?

- Attendez, je vais demander.

Toudoum toudoum toudoum.

« Ce papier peint est vraiment ignoble, il faudrait que je le change. Les colocataires précédentes étaient vraiment des grosses crasseuses »

Toudoum toudoum toudoudoudoum.

« Ce midi, ce sera pâtes au thon tiens. Le thon, c'est bon. Et puis un peu d'huile d'olive pour faire passer le tout. C'est pas très diététique mais je mettrai le paquet à la muscu la semaine prochaine. »

Toudoum toudoum...

- Oui alors, non, il n'y aucun papier à apporter, dites juste que vous n'irez plus en cours.

- Parfait. Bonne journée.

 

 Mardi 10 mars, 14h, à l'endroit précisé

 

- Bonjour, c'est ici les assedic ?

- Non, c'est à côté.

...

....

.....

- Bonjour, je viens pour m'inscrire aux assedic, j'ai rendez-vous à 14 heures.

- 13 heures 30, vous voulez dire ?

 Il ressentait déjà ce frisson si particulier, cette espèce de tension qui stimulait dans son cortex ce qu'il appelait « le point C », comme Connasse, et qui provoquait chez lui un rictus qu'il s'efforçait tant bien que mal de contenir.

- Non, 14 heures.

- Je peux avoir votre pièce d'identité ?

- Bien sûr.

Il lui tendit sa carte avec les mains moites de quelqu'un qui sait qu'il pourrait les ressortir à tout moment pour coller une mornifle.

 - Alors, Nicolas Hohun...non, on n'a pas ce nom là.

« Allons bon. »

 - Pourtant on m'avait bien dit de venir ici.

- Eh bien, écoutez, vous pouvez peut-être aller à l'ANPE située là :

 

- Si vous y arrivez avant 15 heures, il y a des chances pour qu'on vous prenne.

- Très bien, merci, bonne journée.

En chemin, il essaya de se motiver, d'abord en fredonnant le générique de Fort Boyard, puis en formulant l'hypothèse que tout corps plongé dans l'administration reçoit un niveau de compétence égal au volume de vent qu'il produit. Le tout sous la pluie, bien évidemment. C'était le type de journée où rien ne pouvait rater : petit déjeuner copieux mais diététique, et néanmoins délicieux, coiffeur, pièces jusitificatives imprimées et prêtes à être distribuées. Même l'attestation assedic du précédent employeur, qui manquait, avait été reçue le matin même, juste à temps.

Mais tout préparé qu'il était pour affronter le démon Burokratos, Nicolas Hohun allait malheureusement devoir battre en retraite. Car, selon la loi des séries, ça aurait été trop beau.

 

 Mardi 10 mars, 14h20, à la chaire des incompétents

 

- Bonjour, j'avais rendez-vous à 14 heures mais on m'avait indiqué la mauvaise ANPE.

- En effet, vous aviez rendez-vous ici, on va voir si quelqu'un peut vous recevoir.

10 minutes plus tard, on vint le chercher alors qu'il était en train de lire un article passionnant sur les aspirations d'un politique au sommet de Davos, dans un Courrier International probablement hérité d'une quelconque salle d'attente d'un médecin ; en tout cas, probablement l'acte le plus constructif qu'il ferait cet après-midi.

- Alors, vous avez bien fait votre transfert de dossier...oui...donnez-moi vos papiers, je vais m'occuper du côté pécuniaire, puis un collègue se chargera de l'aspect emploi.

Elle lui posa quelques questions sur des sujets dont il n'avait aucune idée. C'était ce genre de personne qui pense que ce qu'elle dit est forcément évident, comme si la race humaine dans sa totalité était au fait des mécanismes des ANPE, et comme si, comme de bien entendu, elle était tombée sur le seul crétin qui n'en connaissait pas la moindre subtilité. Elle maîtrisait particulièrement bien l'art de dire « Eh oui » avec le ton condescendant qui fait les charme des vieilles aigries.

- Sinon, en ce moment je suis étudiant, il paraît que ça ne change rien mais on m'a dit de le préciser.

Normalement, quand une personne dit une phrase qui dérange, il y a un moment de malaise. Mais il en fallait plus pour dérouter Tatie Danielle, qui renchaîna sans broncher :

- Alors non dans ce cas ce n'est pas possible, vous ne pouvez pas être étudiant et inscrit à l'assurance chômage. Je ne peux rien vous offrir du côté pécunaire. On peut voir avec le responsable emploi cependant.

Pécuniaire. Une expression si peu utilisée qu'on devine sans grande difficulté le mot-rengaine répété à l'envi pour ne pas s'embêter. Il avait affaire à un distributeur automatique d'allocations chômage. Un modèle très évolué qui, à en juger par l'âge et la répartition des zones graisseuses de son corps, avait certainement passé toute sa vie assise derrière un bureau.

- Au téléphone, on m'a dit qu'il n'y avait pas de document à produire, qu'il suffisait juste de ne plus aller en cours.

- Je vais voir avec un responsable.

Toudoum toudoum toudoum.

« C'est fou ce que ce quartier est moche. L'architecture a vraiment été le point faible des années 70. »

Toudoum toudoudoum toum...

« Faudra que j'écoute le dernier U2 en rentrant. Le premier single ne donnait pas envie, mais on ne sait jamais. » 

 Toudoum tou...ah.

- Non, il nous faut un papier comme quoi vous n'êtes plus inscrit à la faculté.

 Il suffisait de la regarder pour comprendre qu'elle voulait dire « si tant est que ce genre de papier existe, parce qu'en fait je n'en sais rien ». L'expertise a ses limites, apparemment.

Et de reprendre :

- Donc je ne peux rien faire pour vous. Je ne vais pas vous faire voir le conseiller d'emploi non plus.

- Très bien...

 « ...connasse ».

- Au revoir, monsieur.

- Au revoir, dit-il la bave aux lèvres.

 


VO, VF, localisation et pédanterie

posté le 28 January 2009 à 03:31

[c/c du site de cuisine]

Bonjour tout le monde. Aujourd'hui un petit billet d'humeur sur le merdonnier (c'est un maronnier où il pousse du caca) de la VF, parce que j'ai la gastro et que j'arrive pas à dormir.

Je lisais, dans le forum dont-il-ne-faut-pas-dire-le-nom, un débat avorté (dieu merci) sur l'adaptation dans la langue de Nicolas Sarkozy. Dans le topic south park précisément. Du coup, j'en profite pour relancer le débat.

 

Napalm : "De toute façon dénaturer le texte original en "l'adaptant", c'est débile et condamnable."

 

Il faut garder le sens des proportions : si en effet un doubleur qui prend sur lui de changer la fin d'une histoire en adaptant le scénario est une quasi-hérésie (quoiqu'il faudrait voir dans quelles circonstances ce changement est intervenu), ce n'est pas pour autant que les adaptations ("localisations" pour parler correctement) sont toutes irréfléchies et débiles. Si tu fais de la traduction mot-à-mot, c'est-à-dire sans adaptation, tu cours le risque d'avoir des dialogues maladroits et/ou incompréhensibles, voire ridicules. Le fait est que la localisation est nécessaire, parce que tout le monde n'a pas la même connaissance de l'anglais que toi. Si on peut arriver à voir, via une mauvaise adaptation, le texte original en anglais, ça peut flatter notre intelligence mais c'est maladroit, même dans des trucs insignifiants (exemple tout con : traduire "dozen" par "douzaine" = echec). On peut aussi citer le "tu ne veux pas voir ça", popularisé parce que sans cesse rabâché ces dernières années par des localisateurs qui otn échoué faute de talent, de temps ou de possibilité d'insertion dans le film ; ou encore les haïssables "mec" ou "bébé" popularisés aussi parce qu'inadaptables autrement niveau doublage.
Et il peut arriver que parfois, le texte original n'a aucun sens si traduit tel quel, à cause des expressions consacrées anglaises ou des choses qui n'existent que dans des pays anglo-saxons. C'est ce qu'on voit dans les strips des céréales du dimanche matin : le mec qui traduit possède un sens de la formule française plutôt prononcé et une connaissance poussée de la culture anglo-saxonne, mais pourtant il lui arrive de traduire maladroitement (en tout bien tout honneur). Et il lui arrive de s'"excuser" parce qu'un gag est tout simplement intraduisible, le dessin étant lié à un "acte culturel anglo-saxon" qui n'existe pas ici-bas.

La localisation, sans déconner, est nécessaire, quoi que tu en dises Napalm ; et mon point de vue c'est que autant il ne faut pas trop en faire, autant tu ne peux pas faire ton chienchien et traduire précisément ce que dit l'auteur (genre on va pas traduire "burnout 3" par "les couilles à l'air 3", si tu vois ce que je veux dire) au risque de perdre ton lectorat cible.

Les films des ZAZ dans les années 80 sont de parfaits exemples de petits chefs-d'œuvre de localisation : le fabuleux "il suffit que je pense à ma mère" remplace un désastreux "il suffit que je pense au baseball" s'il avait été traduit tel quel. Ou encore "tu as voyagé avec une star du top 50" au lieu de "tu as voyagé avec Weird Al Yankovic".

La solution alternative à ce problème, c'est le sous-titrage, qui permet de glisser des explications au risque de faire emmagasiner un trop plein d'informations.

Ce qui nous amène à la viabilité de la VF.

Attention : ce qui va suivre n'est que mon avis qui n'engage que moi© (axiome de Niko, Factornews, 2007). C'est bien entendu discutable.

 

95% de l'internet français : "La VF c'est de la merde t'entends ?"

 

Je m'adresse à toi, le petit prodige de la langue anglaise qui rêve son monde du haut de tes 18 ans. Non, la VF, ce n'est pas de la merde.

Quelques constatations pour commencer :

Oui, la VF n'est parfois pas fidèle.
Oui, la VF a du mal à faire passer certaines subtilités (voir plus haut).
Oui, la VF a parfois des choix de doubleurs malheureux.

Mais dans l'ensemble, non, les doublages ne sont pas si catastrophiques qu'on aimerait nous le faire croire. Pour une simple raison : les dialogues, à part si on est un fan du cinéma d'auteur américain/anglais/ouzbek où tout n'est que texte, n'ont pas besoin d'être nécessairement traduits à la Baudelaire pour être compréhensibles et/ou de qualité.

Je ne m'en cache pas, les films en VO, ça ne me fait ni chaud ni froid. VO, VOST, VF, tout est bon pour moi, je peux suivre sans problème. Je rigole souvent en entendant les discussions sur ce sujet, 75 % de mauvaise foi en général. Cette folie de la VO est le fait d'une fange d'activistes de la culture parfois raisonnés, souvent pédants, qui se vautrent dans une espèce d'élitisme de supermarché en ligne. "Nous on est des cerveaux tu comprends, on aime les livres des auteurs anglo-saxons du milieu du XXè siècle, les strips de la perry bible fellowship, et la constestation politique on adore en faire pendant des heures pour se dire qu'on est trop des rebelles, puis on retourne jouer à ARMA. On a passé le stade anal de Bigard, ça c'est pour le peuple (qui aime la VF)."

A mon sens, quatre avantages à la VO :

-tu vois le film "avant tout le monde" (quoique les canadiens sont là pour nous de toute façon ; et puis, c'est devenu relatif vu que maintenant tout le monde voit le film "avant tout le monde" du coup) ;
-ça peut faire apprendre des trucs sur la langue source (pour les étudiants en langues ou les gens qui voyagent un peu, principalement) ;
-pourquoi pas ;
-c'est un excellent filtre à cons au cinéma.

A part si vous êtes ces fameux cultivés de qualité et/ou pédants qui ne regardent aucune daube, je m'autorise à penser qu'au moins 75 % des films et séries qu'on regarde ne sont pas assez travaillés niveau dialogue pour justifier un matage en VO. Honnêtement, quid des subtilités d'un 24h chrono, d'un Battlestar galactica, et dans une certaine mesure, qui a été dérangé par le doublage de films comme, je sais pas, Broken Flowers, Lost In Translation ou d'un ZAZ, comme dit plus haut ? La synchronisation est la plupart du temps très correcte et plutôt crédible.
Quelques exemples, je l'accorde, où la VO est un plus : des films à la Tarantino (bien que je ne pense pas que les leets qui ont maté Pulp Fiction en VO y aient compris grand chose) par exemple, qui ont un sel particulier. Ou encore, pour éviter les animes où les traducteurs se sentent obligés de localiser les noms des protagonistes en "Tristan" ou "Jean-Michel". Ou encore les films qui font usage d'un parler principalement argotique ou à fort référencement culturel.

A part ça, je souris aux éclats quand j'entends des gens dire "moi, je préfère Star Wars en VO" (quand je vois la teneur des dialogues des derniers SW en VO, je pleure). J'ai également vomi sur tous mes potes lors d'un fabuleux débat sur "on regarde destination finale 3 en VO parce que c'est mieux que la VF".

Sinon, tout va bien chez vous ?


FAUTEUILS ROULANTS

posté le 14 November 2008 à 21:14






Râh

Le chien

posté le 09 November 2008 à 16:07
Avez-vous déjà pris quelques secondes pour vous arrêter et regarder cet être, là, juste à côté de vous ? Cet animal parfois fier, souvent câlin, qui vous regarde avec des yeux tendres et est toujours là quand vous rentrez du travail ? Non, pas votre femme, encore à droite. Oui, lui. Le chien. Je le vois, vous n'avez jamais vraiment pris soin de l'examiner. Je suis là pour vous aider.

Le chien est un mammifère terrestre quadrupède, en celà assez proche de l'éléphant, du cerf et de Clara Morgane. Quand on le regarde de près, on s'aperçoit que le chien possède un organe lubrifié tirant sur le rose, qui pend la plupart du temps. C'est sa langue. Elle est ainsi sortie car le chien transpire par la bouche. On dit alors qu'il halète, à la différence de la chienne qui allaite parce qu'elle n'a pas d'organe lubrifié tirant sur le rose, la nature est décidément bien faite.

Le chien a trois fonctions principales : manger, faire des câlins, et chier sur le trottoir.

C'est un animal qui ne manque jamais de témoigner de son affection et de sa bonne humeur dans toutes les circonstances. C'est pourquoi il est toujours présent lors des réunions de famille, réunions où il ne manquera pas de passer son temps à sentir l'entrejambe des invités et à sauter au cou des gens, voire même, dans les cas les plus extrêmes, à tenter de s'accoupler avec la maîtresse de maison ou avec toute autre personne faisant attention à lui.

Les adeptes de la sagesse populaire nous disent que le chien est le meilleur ami de l'homme. Ce à quoi je répondrai qu'il faut avoir des bouts de bois dans le crâne pour accoler « sagesse » à « populaire ».

Le chien n'est pas le meilleur ami de l'homme. Le chien est le meilleur ami du con.

On distingue deux types de chiens : Les chiens gentils et les chiens méchants.

Les chiens gentils

Le chien gentil, à l'instar de son alter ego extraterrestre, est souvent con. Mis à part deux célèbres chiens télépathes des années soixante, l'intellect du genre canin se situe à peu près ici :



Les humains semblent attacher une importance toute particulière à la laideur de leur futur compagnon. Les chiens très laids font fureur. Ainsi voit-on souvent les fameux chiens sans cul ni tête, frisés à la limite de la légalité, et dont l'utilité ne dépasse pas le stade du tapis d'entrée. Citons également le fabuleux bouledogue français, qui, en plus d'avoir une gueule tout droit sortie de l'enfer, se permet de sentir mauvais et d'être tout mou, rejoignant ainsi au panthéon du ridicule l'ornithorynque et Françoise de Panafieu. Certaines personnes trouvent ça mignon. Certaines personnes trouvent Picasso joli, vous me direz.

Les chiens méchants

Nous autres pays d'Europe ayant fait l'embargo sur les armes, il fallait bien trouver une façon légale de tuer. Nous avons ainsi le choix entre deux possibilités : les armes blanches et les chiens de combat.



Le chien de combat, une arme d'1m50 de long qui chie sur les trottoirs.


Le choix peut s'avérer difficile. Il faut penser en termes d'emmerdement maximal : le chien est une arme qui ne nuit pas seulement par son aspect agressif. Il possède également une odeur, une présence et une autonomie que lui envient nombre de ses congénères létaux, le couteau en tête. En effet, là où il faut toujours tenir le couteau par la main pour lui apprendre ses besoins, le chien pourra très bien courir chercher son pain bénit lui-même, vous permettant par-là même de Vak-er à d'autres occupations. Le seul inconvénient par rapport au couteau est qu'on ne peut pas lancer son chien.

Dieu merci, le nombre de gens dressant leur chien pour cet usage n'est pas légion. La plupart du temps, le chien sert de substitut d'esclave à un maître qui le dressera à faire des tours qui émerveilleront ses amis, comme aller lui chercher ses pantoufles ou lui ramener une bière pendant qu'il se branlera une énième fois devant le JT de Laurence Ferrari, rejoignant ainsi le petit enfant chinois et la femme dans le triptyque de la soumission généralement transmis de père en fils depuis les âges obscurs de l'humanité, comme les années 60 par exemple.

Des centaines de connards ne s'y sont pas trompés : pour un emmerdement maximum, un chien est le choix idéal.



Sauvez un chien, mangez un Chinois.

De la traduction

posté le 29 October 2008 à 15:36
Ces temps-ci, le web, et donc lasile, se fait l'écho d'une nouvelle publicité. Je parle bien sûr de la publicité pour Motorola, que notre ami kaplan a posté ce matin dans le topic qui va bien.

Regardons-là de plus près, cette publicité :



A force de travailler son métier, on finit par acquérir des automatismes qui nous font voir les choses différemment. Par exemple, un professeur avec un tant soit peu de bouteille est certainement en mesure de voir qui est un bon pédagogue et qui ne l'est pas. Quand on est traducteur, on acquiert le skill de "translation vision", c'est-à-dire qu'on devient capable, d'un simple coup d'oeil, de dire si telle phrase a été traduite depuis une autre langue ou non. Maintenant, pas de vantardise : ce genre de skill, tout le monde peut l'avoir, à condition d'avoir une connaissance suffisament poussée de la langue d'origine.

En l'occurence, et pour avoir travaillé sur des textes de ce type, ce slogan est clairement une traduction. Ratée.

Pourquoi ratée ? Les entreprises donnent-elles leurs traductions à des incompétents ?

Clairement, la réponse est non. Et moi, chef de projet à la retraite, je vais me charger de faire la pseudo-lumière sur l'affaire.



Le monde merveilleux de la traduction


Quelques considérations générales sur la traduction :

Le fait que les entreprises internationales aient besoin de faire traduire leurs textes est essentiel, parce que quoi que nous en pensons, nous autres internautes d'élite qui ne jurons que par la VO (attitude que je déteste par ailleurs), beaucoup de Français ne sont pas encore assez cultivés pour saisir les subtilités de la langue de Shakespeare. D'autant plus que les slogans commerciaux font parfois appel à des expressions consacrées ou à des références culturelles qu'un Français ne pourrait pas comprendre. Le traducteur doit alors se livrer à un travail d'adaptation, chose qui n'est pas simple, nous le verrons plus tard.

Comment se déroule le processus de traduction ? Voici le schéma :

1) Un client (mettons par exemple, Motorola -ceci est une supposition, certaines entreprises ne fonctionnent pas comme ça) a besoin de faire traduire ses textes. Il a plusieurs options :

- Se constituer une équipe de traducteurs internes. Plus sécurisant mais aussi chiant à gérer ;
- Faire appel à des traducteurs directement ; ou
- Faire appel à un intermédiaire, une agence de traduction qui s'occupera de tout le processus et se chargera de respecter le standard de qualité imposé.

Je vais décrire la troisième solution parce que c'est celle-là que j'ai utilisé.

2) Le client passe un contrat avec l'agence de traduction exposant diverses choses d'ordre général, en particulier le prix des traductions (plusieurs méthodes sont utilisées, certaines agences fonctionnent au mot, c'est-à-dire que pour chaque mot traduit l'agence reçoit 0,11 euro, par exemple). Dans le cas de gros clients, l'agence de tradution reçoit souvent un glossaire (tel mot ne se traduit pas pareil suivant le client) et un guide de style qui expose comment doivent être tournées les traductions (formulation, syntaxe, etc.). Le client est alors confié à un ou plusieurs chefs de projet.

3) Le chef de projet, qui dispose de sa liste de traducteurs indépendants que l'agence s'est constituée à force de démarchages ou de candidatures spontanées, se charge de leur envoyer les traductions. Le traducteur indépenant est alors appelé fournisseur.

4) Le fournisseur renvoie le texte traduit au chef de projet, qui se charge de le faire relire en interne ou par d'autres traducteurs indépendants.

5) Le texte relu est renvoyé au client.

Dans un monde idéal, ce système serait sans faille. Mais incorporons à notre recette un élément perturbateur : le facteur temps.

Le monde de la traduction n'échappe pas à la règle, tous les jobs sont pour hier. Le client fixe des dates de livraisons strictes, parfois via un tableau explicatif imposant une systématisation (par exemple, une traduction de plus de 1000 mots sera automatiquement à rendre pour le lendemain fin de journée). Parfois on peut s'arranger avec le client quand il est de bon poil, ou quand la traduction sort un peu de l'ordinaire (quand on reçoit un projet de 50 000 mots, on négocie avec le client une date, parce que quand même, c'est énorme CMB). Puis parfois, il y a des jobs extrêmement courts CTB. Dans mon cas, il s'agissait de "promos", c'est-à-dire de textes commerciaux succints destinées à être mis en home ou dans des pubs. Ils étaient contenus dans des fichiers excel tout simples, une colonne "source" (anglais) et une colonne "cible" (français)

Ce qui a certainement été le cas de la fameuse pub Motorola.

Ce genre de promos n'excède parfois pas 5 mots ; le client donne souvent une date de livraison "personnalisée". Pour 5 mots, sachant que c'est un texte "créatif", il pourra demander par exemple que le texte soit rendu une heure plus tard.

Le problème étant que certains de ces slogans nécessitent un brainstorming ou une adaptation qui, mine de rien, nécessiterait plus d'une heure. Parce que ces slogans sont parfois le fer de lance d'une campagne lancée à coups de millions d'euros. D'autres problèmes viennent s'ajouter, notamment :

- Le client exige souvent que la traduction colle à l'esprit de la source, ce qui est en général simple, mais qui pose problème dans le cas de slogans basés sur des expressions consacrées dures à rendre en français, ce qui nécessite d'autant plus de temps de réflexion

- Le slogan est soumis à des limites de caractères, ce qui réduit souvent la créativité des traducteurs. Je pense que vous le savez, l'anglais est beaucoup plus concis que le français, par conséquent, une traduction prendra dans la plupart des cas plus de place que la source, et aura pour résultat un effet moins impactant.
Ce qui explique, à mon avis, le choix de beaucoup d'entreprises qui laissent le slogan en anglais et proposent une traduction en astérisque (vous l'avez certainement vu dans des magazines divers).

- Ce genre de texte est si court qu'il serait une perte de temps de le dispatcher à des traducteurs externes ; il arrive que ces textes soient alors pris en charge par le chef de projet lui-même, ce qui ne pose pas tellement de problème si le chef de projet a eu une formation de traducteur, d'autant plus qu'il est le mieux placé pour connaître le style du client. La relecture, ou un avis externe, peut alors passer à la trappe si toute l'équipe est surchargée (facteur temps toujours).

- Le processus de query au client (lui envoyer des questions par rapport à la traduction) prend en général plusieurs heures (plusieurs jours, plusieurs semaines, voire parfois jamais de réponse dans le cas des gros clients). Le chef de projet abandonne donc l'idée de discuter avec le client par manque de temps.

- Le niveau de stress généré par le client rentre également en compte. Plus le client est gros, plus le stress est intense et plus c'est difficile (quoique parfois motivant).



Déroulement probable de la traduction de la pub Motorola


Pure supposition, attention. Ne prenez pas mes dires pour parole d'évangile.





L'agence reçoit le fichier excel avec le slogan à traduire. Deadline : une heure ou deux. Une personne se charge de traduire le fichier. Il se heurte à plusieurs écueils. La limitation des caractères d'abord ; il ne faut pas que le texte soit trop gros, ça jurerait sur l'image et ça risquemrait d'empiéter sur l'image du téléphone, et de plus, ça dilue l'impact, donc moins vendeur. Il pense donc à "Mon Motorola Q", phrase passe-partout peu vendeuse mais qui ne jure pas. Trop de place. Il faut trouver autre chose.

"Mon Moto Q" ?
Non, ça fait moto cul, c'est très moche.

"Le Motorola Q" ?
Non, trop impersonnel, il faut garder le possessif pour l'aspect chaleureux et proche du client.

"Q" ?
Trop Men In Black ou trop énigmatique, c'est pas le Da Vinci Code non plus, et en plus, on perd également le possessif.

Un quart d'heure....une demi-heure...trois quarts d'heure...tic tac tic tac

Pas le temps de contacter le client pour savoir quoi faire ou pas de toute façon. Va pour "Mon Q". C'est ignoble, mais je n'ai pas moyen de faire autrement. Le texte est publié ainsi, polémique, lol, honte sur le traducteur et sur l'agence. Blâme très probable de la part de Motorola.

Maintenant, un petit jeu : adaptez "My Q" en français, en gardant le possessif et la lettre Q, et en ne dépassant pas un petit nombre de caractères, en un temps très limité.

Vous venez de toucher du doigt le plus gros challenge du traducteur, et souvent la source de sa plus grande frustration.



Quelles solutions ?


La traduction, je le dis souvent, est un métier ingrat qui nécessite une grande abnégation. Le traducteur est plus souvent cité quand il fait du mauvais boulot que quand il en fait du bon, car dans ce cas, c'est l'auteur qui est souvent félicité.

Vu de l'intérieur, on a souvent l'impression que les entreprises considèrent la traduction comme un processus automatique, rapide, mécanisé. Alors que la traduction, dans le domaine commercial, est souvent affaire d'adaptation, les clients pensent encore souvent que un mot source = un mot cible. Ce qui induit une sorte de sentiment de supériorité, doublé du fait que le client, à plus forte raison quand il est gros, est le roi. Cela se ressent dans le ton employé, les prix pratiqués, les délais exigés. J'ai parfois eu l'impression d'être traîté comme de la merde par des clients qui croyaient que tout leur était dû. Et ça, ça ne concerne pas que le traduction, j'attends, si vous en avez, des témoignages d'autres corps de métier.

Pour faire simple, cette traduction est un echec, la communauté, à juste titre parce que c'est quand même comique, en rit, mais gardez à l'esprit que ça ne veut pas dire que le traducteur était un débile mental...
tags : traduction

Destinations potentielles - Bordeaux

posté le 02 June 2008 à 11:24
Salut les moules !

Alors voilà, je suis actuellement en flottement après un an et demi de travail dans un job qui, finalement, ne me convient pas du tout. Je vais donc essayer de reprendre des études, et j'ai pas envie de rester à Reims ; et aujourd'hui, dans la liste des destinations qui m'intéressent, Bordeaux se situe en bonne place. Dans l'éventualité où je me décide réellement, pouvez-vous me dire :

- Qui y habite ? G_S ? J'ai pas d'amis !
- Quels coins à privilégier ? Quels coins à éviter ? Sachant que le truc le plus probable sera surement une colocation.
- Qu'est-ce qu'il y a à faire pour se distraire ? Les bons coins pour faire la fête ou autres ?

Sophie d'avance.

hohun

tags : bordeaux, ptet, ptetpas

Photos de ci de là (mise à jour avec commentaires)

posté le 25 October 2007 à 19:26
Je faisais un peu de tri dans mes photos, et je me suis dit que je pourrais en faire profiter les autres. Rien de fantastique, pas mal de déjà vu pour beaucoup de monde je suppose, mais bon ON A PAS TOUS LES MOYENS D'ALLER EN INDE HEIN §§

Liège :

Vue depuis la stèle commémorative de la guerre :


Les escaliers de la montagne de Bueren, juste à côté. Une montée et tu perds 4 kilos.



Le palais des princes évèques, actuel palais de justice, avec l'oignon au fond, ancienne église maintenant salle d'exposition



Vue depuis l'extrémité de l'île centrale



Une église parmi les 154213 églises du coin, j'aimais juste bien l'angle que ça donne sur la photo...



Bruxelles :

Vue du centre, de loin (avec un satané camion de glaces qui me pourrit mon effet)



J'aimais bien cette perspective, c'est effectivement Don Quichotte et son pote sur la bien nommée place d'Espagne :



Même endroit que la vue du centre de loin, sauf que je me suis retourné :



Une des ruelles de la Grand-Place :



L'Atomium (A mon sens encore plus une arnaque que la Sagrada Familia, un conseil, ne payez pas pour rentrer, le meilleur est dehors) :




Namur :

Petite ville bien tranquille du sud de la Belgique, peu de monuments d'intérêt mais j'aime bien le rendu de celle-là :



Barcelone :

Vue de Montjuic depuis la place adjacente



Un des deux immeubles de la ville olympique



Vue du parc olympique, j'ai été extrêmement surpris par le rendu (je rappelle que j'ai un APN de prolétaire à 120 €)



Reims :

Petite photo d'une fontaine tarie laissant entrevoir la cathédrale :



Louvain :

L'hôtel de ville. BTW si vous allez en Belgique visitez-là en priorité, ce n'est pas Bruxelles mais c'est extrêmement convivial, il y a plus de vélos que de voitures (les rues sont remplies de parkings pour vélos) :


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