De la traduction
posté le 29 October 2008 à 15:36
Ces temps-ci, le web, et donc lasile, se fait l'écho d'une nouvelle publicité. Je parle bien sûr de la publicité pour Motorola, que notre ami kaplan a posté ce matin dans le topic qui va bien.
Regardons-là de plus près, cette publicité :
A force de travailler son métier, on finit par acquérir des automatismes qui nous font voir les choses différemment. Par exemple, un professeur avec un tant soit peu de bouteille est certainement en mesure de voir qui est un bon pédagogue et qui ne l'est pas. Quand on est traducteur, on acquiert le skill de "translation vision", c'est-à-dire qu'on devient capable, d'un simple coup d'oeil, de dire si telle phrase a été traduite depuis une autre langue ou non. Maintenant, pas de vantardise : ce genre de skill, tout le monde peut l'avoir, à condition d'avoir une connaissance suffisament poussée de la langue d'origine.
En l'occurence, et pour avoir travaillé sur des textes de ce type, ce slogan est clairement une traduction. Ratée.
Pourquoi ratée ? Les entreprises donnent-elles leurs traductions à des incompétents ?
Clairement, la réponse est non. Et moi, chef de projet à la retraite, je vais me charger de faire la pseudo-lumière sur l'affaire.
Le monde merveilleux de la traduction
Quelques considérations générales sur la traduction :
Le fait que les entreprises internationales aient besoin de faire traduire leurs textes est essentiel, parce que quoi que nous en pensons, nous autres internautes d'élite qui ne jurons que par la VO (attitude que je déteste par ailleurs), beaucoup de Français ne sont pas encore assez cultivés pour saisir les subtilités de la langue de Shakespeare. D'autant plus que les slogans commerciaux font parfois appel à des expressions consacrées ou à des références culturelles qu'un Français ne pourrait pas comprendre. Le traducteur doit alors se livrer à un travail d'adaptation, chose qui n'est pas simple, nous le verrons plus tard.
Comment se déroule le processus de traduction ? Voici le schéma :
1) Un client (mettons par exemple, Motorola -ceci est une supposition, certaines entreprises ne fonctionnent pas comme ça) a besoin de faire traduire ses textes. Il a plusieurs options :
- Se constituer une équipe de traducteurs internes. Plus sécurisant mais aussi chiant à gérer ;
- Faire appel à des traducteurs directement ; ou
- Faire appel à un intermédiaire, une agence de traduction qui s'occupera de tout le processus et se chargera de respecter le standard de qualité imposé.
Je vais décrire la troisième solution parce que c'est celle-là que j'ai utilisé.
2) Le client passe un contrat avec l'agence de traduction exposant diverses choses d'ordre général, en particulier le prix des traductions (plusieurs méthodes sont utilisées, certaines agences fonctionnent au mot, c'est-à-dire que pour chaque mot traduit l'agence reçoit 0,11 euro, par exemple). Dans le cas de gros clients, l'agence de tradution reçoit souvent un glossaire (tel mot ne se traduit pas pareil suivant le client) et un guide de style qui expose comment doivent être tournées les traductions (formulation, syntaxe, etc.). Le client est alors confié à un ou plusieurs chefs de projet.
3) Le chef de projet, qui dispose de sa liste de traducteurs indépendants que l'agence s'est constituée à force de démarchages ou de candidatures spontanées, se charge de leur envoyer les traductions. Le traducteur indépenant est alors appelé fournisseur.
4) Le fournisseur renvoie le texte traduit au chef de projet, qui se charge de le faire relire en interne ou par d'autres traducteurs indépendants.
5) Le texte relu est renvoyé au client.
Dans un monde idéal, ce système serait sans faille. Mais incorporons à notre recette un élément perturbateur : le facteur temps.
Le monde de la traduction n'échappe pas à la règle, tous les jobs sont pour hier. Le client fixe des dates de livraisons strictes, parfois via un tableau explicatif imposant une systématisation (par exemple, une traduction de plus de 1000 mots sera automatiquement à rendre pour le lendemain fin de journée). Parfois on peut s'arranger avec le client quand il est de bon poil, ou quand la traduction sort un peu de l'ordinaire (quand on reçoit un projet de 50 000 mots, on négocie avec le client une date, parce que quand même, c'est énorme CMB). Puis parfois, il y a des jobs extrêmement courts CTB. Dans mon cas, il s'agissait de "promos", c'est-à-dire de textes commerciaux succints destinées à être mis en home ou dans des pubs. Ils étaient contenus dans des fichiers excel tout simples, une colonne "source" (anglais) et une colonne "cible" (français)
Ce qui a certainement été le cas de la fameuse pub Motorola.
Ce genre de promos n'excède parfois pas 5 mots ; le client donne souvent une date de livraison "personnalisée". Pour 5 mots, sachant que c'est un texte "créatif", il pourra demander par exemple que le texte soit rendu une heure plus tard.
Le problème étant que certains de ces slogans nécessitent un brainstorming ou une adaptation qui, mine de rien, nécessiterait plus d'une heure. Parce que ces slogans sont parfois le fer de lance d'une campagne lancée à coups de millions d'euros. D'autres problèmes viennent s'ajouter, notamment :
- Le client exige souvent que la traduction colle à l'esprit de la source, ce qui est en général simple, mais qui pose problème dans le cas de slogans basés sur des expressions consacrées dures à rendre en français, ce qui nécessite d'autant plus de temps de réflexion
- Le slogan est soumis à des limites de caractères, ce qui réduit souvent la créativité des traducteurs. Je pense que vous le savez, l'anglais est beaucoup plus concis que le français, par conséquent, une traduction prendra dans la plupart des cas plus de place que la source, et aura pour résultat un effet moins impactant.
Ce qui explique, à mon avis, le choix de beaucoup d'entreprises qui laissent le slogan en anglais et proposent une traduction en astérisque (vous l'avez certainement vu dans des magazines divers).
- Ce genre de texte est si court qu'il serait une perte de temps de le dispatcher à des traducteurs externes ; il arrive que ces textes soient alors pris en charge par le chef de projet lui-même, ce qui ne pose pas tellement de problème si le chef de projet a eu une formation de traducteur, d'autant plus qu'il est le mieux placé pour connaître le style du client. La relecture, ou un avis externe, peut alors passer à la trappe si toute l'équipe est surchargée (facteur temps toujours).
- Le processus de query au client (lui envoyer des questions par rapport à la traduction) prend en général plusieurs heures (plusieurs jours, plusieurs semaines, voire parfois jamais de réponse dans le cas des gros clients). Le chef de projet abandonne donc l'idée de discuter avec le client par manque de temps.
- Le niveau de stress généré par le client rentre également en compte. Plus le client est gros, plus le stress est intense et plus c'est difficile (quoique parfois motivant).
Déroulement probable de la traduction de la pub Motorola
Pure supposition, attention. Ne prenez pas mes dires pour parole d'évangile.
L'agence reçoit le fichier excel avec le slogan à traduire. Deadline : une heure ou deux. Une personne se charge de traduire le fichier. Il se heurte à plusieurs écueils. La limitation des caractères d'abord ; il ne faut pas que le texte soit trop gros, ça jurerait sur l'image et ça risquemrait d'empiéter sur l'image du téléphone, et de plus, ça dilue l'impact, donc moins vendeur. Il pense donc à "Mon Motorola Q", phrase passe-partout peu vendeuse mais qui ne jure pas. Trop de place. Il faut trouver autre chose.
"Mon Moto Q" ?
Non, ça fait moto cul, c'est très moche.
"Le Motorola Q" ?
Non, trop impersonnel, il faut garder le possessif pour l'aspect chaleureux et proche du client.
"Q" ?
Trop Men In Black ou trop énigmatique, c'est pas le Da Vinci Code non plus, et en plus, on perd également le possessif.
Un quart d'heure....une demi-heure...trois quarts d'heure...tic tac tic tac
Pas le temps de contacter le client pour savoir quoi faire ou pas de toute façon. Va pour "Mon Q". C'est ignoble, mais je n'ai pas moyen de faire autrement. Le texte est publié ainsi, polémique, lol, honte sur le traducteur et sur l'agence. Blâme très probable de la part de Motorola.
Maintenant, un petit jeu : adaptez "My Q" en français, en gardant le possessif et la lettre Q, et en ne dépassant pas un petit nombre de caractères, en un temps très limité.
Vous venez de toucher du doigt le plus gros challenge du traducteur, et souvent la source de sa plus grande frustration.
Quelles solutions ?
La traduction, je le dis souvent, est un métier ingrat qui nécessite une grande abnégation. Le traducteur est plus souvent cité quand il fait du mauvais boulot que quand il en fait du bon, car dans ce cas, c'est l'auteur qui est souvent félicité.
Vu de l'intérieur, on a souvent l'impression que les entreprises considèrent la traduction comme un processus automatique, rapide, mécanisé. Alors que la traduction, dans le domaine commercial, est souvent affaire d'adaptation, les clients pensent encore souvent que un mot source = un mot cible. Ce qui induit une sorte de sentiment de supériorité, doublé du fait que le client, à plus forte raison quand il est gros, est le roi. Cela se ressent dans le ton employé, les prix pratiqués, les délais exigés. J'ai parfois eu l'impression d'être traîté comme de la merde par des clients qui croyaient que tout leur était dû. Et ça, ça ne concerne pas que le traduction, j'attends, si vous en avez, des témoignages d'autres corps de métier.
Pour faire simple, cette traduction est un echec, la communauté, à juste titre parce que c'est quand même comique, en rit, mais gardez à l'esprit que ça ne veut pas dire que le traducteur était un débile mental...
Regardons-là de plus près, cette publicité :
A force de travailler son métier, on finit par acquérir des automatismes qui nous font voir les choses différemment. Par exemple, un professeur avec un tant soit peu de bouteille est certainement en mesure de voir qui est un bon pédagogue et qui ne l'est pas. Quand on est traducteur, on acquiert le skill de "translation vision", c'est-à-dire qu'on devient capable, d'un simple coup d'oeil, de dire si telle phrase a été traduite depuis une autre langue ou non. Maintenant, pas de vantardise : ce genre de skill, tout le monde peut l'avoir, à condition d'avoir une connaissance suffisament poussée de la langue d'origine.
En l'occurence, et pour avoir travaillé sur des textes de ce type, ce slogan est clairement une traduction. Ratée.
Pourquoi ratée ? Les entreprises donnent-elles leurs traductions à des incompétents ?
Clairement, la réponse est non. Et moi, chef de projet à la retraite, je vais me charger de faire la pseudo-lumière sur l'affaire.
Le monde merveilleux de la traduction
Quelques considérations générales sur la traduction :
Le fait que les entreprises internationales aient besoin de faire traduire leurs textes est essentiel, parce que quoi que nous en pensons, nous autres internautes d'élite qui ne jurons que par la VO (attitude que je déteste par ailleurs), beaucoup de Français ne sont pas encore assez cultivés pour saisir les subtilités de la langue de Shakespeare. D'autant plus que les slogans commerciaux font parfois appel à des expressions consacrées ou à des références culturelles qu'un Français ne pourrait pas comprendre. Le traducteur doit alors se livrer à un travail d'adaptation, chose qui n'est pas simple, nous le verrons plus tard.
Comment se déroule le processus de traduction ? Voici le schéma :
1) Un client (mettons par exemple, Motorola -ceci est une supposition, certaines entreprises ne fonctionnent pas comme ça) a besoin de faire traduire ses textes. Il a plusieurs options :
- Se constituer une équipe de traducteurs internes. Plus sécurisant mais aussi chiant à gérer ;
- Faire appel à des traducteurs directement ; ou
- Faire appel à un intermédiaire, une agence de traduction qui s'occupera de tout le processus et se chargera de respecter le standard de qualité imposé.
Je vais décrire la troisième solution parce que c'est celle-là que j'ai utilisé.
2) Le client passe un contrat avec l'agence de traduction exposant diverses choses d'ordre général, en particulier le prix des traductions (plusieurs méthodes sont utilisées, certaines agences fonctionnent au mot, c'est-à-dire que pour chaque mot traduit l'agence reçoit 0,11 euro, par exemple). Dans le cas de gros clients, l'agence de tradution reçoit souvent un glossaire (tel mot ne se traduit pas pareil suivant le client) et un guide de style qui expose comment doivent être tournées les traductions (formulation, syntaxe, etc.). Le client est alors confié à un ou plusieurs chefs de projet.
3) Le chef de projet, qui dispose de sa liste de traducteurs indépendants que l'agence s'est constituée à force de démarchages ou de candidatures spontanées, se charge de leur envoyer les traductions. Le traducteur indépenant est alors appelé fournisseur.
4) Le fournisseur renvoie le texte traduit au chef de projet, qui se charge de le faire relire en interne ou par d'autres traducteurs indépendants.
5) Le texte relu est renvoyé au client.
Dans un monde idéal, ce système serait sans faille. Mais incorporons à notre recette un élément perturbateur : le facteur temps.
Le monde de la traduction n'échappe pas à la règle, tous les jobs sont pour hier. Le client fixe des dates de livraisons strictes, parfois via un tableau explicatif imposant une systématisation (par exemple, une traduction de plus de 1000 mots sera automatiquement à rendre pour le lendemain fin de journée). Parfois on peut s'arranger avec le client quand il est de bon poil, ou quand la traduction sort un peu de l'ordinaire (quand on reçoit un projet de 50 000 mots, on négocie avec le client une date, parce que quand même, c'est énorme CMB). Puis parfois, il y a des jobs extrêmement courts CTB. Dans mon cas, il s'agissait de "promos", c'est-à-dire de textes commerciaux succints destinées à être mis en home ou dans des pubs. Ils étaient contenus dans des fichiers excel tout simples, une colonne "source" (anglais) et une colonne "cible" (français)
Ce qui a certainement été le cas de la fameuse pub Motorola.
Ce genre de promos n'excède parfois pas 5 mots ; le client donne souvent une date de livraison "personnalisée". Pour 5 mots, sachant que c'est un texte "créatif", il pourra demander par exemple que le texte soit rendu une heure plus tard.
Le problème étant que certains de ces slogans nécessitent un brainstorming ou une adaptation qui, mine de rien, nécessiterait plus d'une heure. Parce que ces slogans sont parfois le fer de lance d'une campagne lancée à coups de millions d'euros. D'autres problèmes viennent s'ajouter, notamment :
- Le client exige souvent que la traduction colle à l'esprit de la source, ce qui est en général simple, mais qui pose problème dans le cas de slogans basés sur des expressions consacrées dures à rendre en français, ce qui nécessite d'autant plus de temps de réflexion
- Le slogan est soumis à des limites de caractères, ce qui réduit souvent la créativité des traducteurs. Je pense que vous le savez, l'anglais est beaucoup plus concis que le français, par conséquent, une traduction prendra dans la plupart des cas plus de place que la source, et aura pour résultat un effet moins impactant.
Ce qui explique, à mon avis, le choix de beaucoup d'entreprises qui laissent le slogan en anglais et proposent une traduction en astérisque (vous l'avez certainement vu dans des magazines divers).
- Ce genre de texte est si court qu'il serait une perte de temps de le dispatcher à des traducteurs externes ; il arrive que ces textes soient alors pris en charge par le chef de projet lui-même, ce qui ne pose pas tellement de problème si le chef de projet a eu une formation de traducteur, d'autant plus qu'il est le mieux placé pour connaître le style du client. La relecture, ou un avis externe, peut alors passer à la trappe si toute l'équipe est surchargée (facteur temps toujours).
- Le processus de query au client (lui envoyer des questions par rapport à la traduction) prend en général plusieurs heures (plusieurs jours, plusieurs semaines, voire parfois jamais de réponse dans le cas des gros clients). Le chef de projet abandonne donc l'idée de discuter avec le client par manque de temps.
- Le niveau de stress généré par le client rentre également en compte. Plus le client est gros, plus le stress est intense et plus c'est difficile (quoique parfois motivant).
Déroulement probable de la traduction de la pub Motorola
Pure supposition, attention. Ne prenez pas mes dires pour parole d'évangile.
L'agence reçoit le fichier excel avec le slogan à traduire. Deadline : une heure ou deux. Une personne se charge de traduire le fichier. Il se heurte à plusieurs écueils. La limitation des caractères d'abord ; il ne faut pas que le texte soit trop gros, ça jurerait sur l'image et ça risquemrait d'empiéter sur l'image du téléphone, et de plus, ça dilue l'impact, donc moins vendeur. Il pense donc à "Mon Motorola Q", phrase passe-partout peu vendeuse mais qui ne jure pas. Trop de place. Il faut trouver autre chose.
"Mon Moto Q" ?
Non, ça fait moto cul, c'est très moche.
"Le Motorola Q" ?
Non, trop impersonnel, il faut garder le possessif pour l'aspect chaleureux et proche du client.
"Q" ?
Trop Men In Black ou trop énigmatique, c'est pas le Da Vinci Code non plus, et en plus, on perd également le possessif.
Un quart d'heure....une demi-heure...trois quarts d'heure...tic tac tic tac
Pas le temps de contacter le client pour savoir quoi faire ou pas de toute façon. Va pour "Mon Q". C'est ignoble, mais je n'ai pas moyen de faire autrement. Le texte est publié ainsi, polémique, lol, honte sur le traducteur et sur l'agence. Blâme très probable de la part de Motorola.
Maintenant, un petit jeu : adaptez "My Q" en français, en gardant le possessif et la lettre Q, et en ne dépassant pas un petit nombre de caractères, en un temps très limité.
Vous venez de toucher du doigt le plus gros challenge du traducteur, et souvent la source de sa plus grande frustration.
Quelles solutions ?
La traduction, je le dis souvent, est un métier ingrat qui nécessite une grande abnégation. Le traducteur est plus souvent cité quand il fait du mauvais boulot que quand il en fait du bon, car dans ce cas, c'est l'auteur qui est souvent félicité.
Vu de l'intérieur, on a souvent l'impression que les entreprises considèrent la traduction comme un processus automatique, rapide, mécanisé. Alors que la traduction, dans le domaine commercial, est souvent affaire d'adaptation, les clients pensent encore souvent que un mot source = un mot cible. Ce qui induit une sorte de sentiment de supériorité, doublé du fait que le client, à plus forte raison quand il est gros, est le roi. Cela se ressent dans le ton employé, les prix pratiqués, les délais exigés. J'ai parfois eu l'impression d'être traîté comme de la merde par des clients qui croyaient que tout leur était dû. Et ça, ça ne concerne pas que le traduction, j'attends, si vous en avez, des témoignages d'autres corps de métier.
Pour faire simple, cette traduction est un echec, la communauté, à juste titre parce que c'est quand même comique, en rit, mais gardez à l'esprit que ça ne veut pas dire que le traducteur était un débile mental...
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