VO, VF, localisation et pédanterie
[c/c du site de cuisine]
Bonjour tout le monde. Aujourd'hui un petit billet d'humeur sur le merdonnier (c'est un maronnier où il pousse du caca) de la VF, parce que j'ai la gastro et que j'arrive pas à dormir.
Je lisais, dans le forum dont-il-ne-faut-pas-dire-le-nom, un débat avorté (dieu merci) sur l'adaptation dans la langue de Nicolas Sarkozy. Dans le topic south park précisément. Du coup, j'en profite pour relancer le débat.
Napalm : "De toute façon dénaturer le texte original en "l'adaptant", c'est débile et condamnable."
Il faut garder le sens des proportions : si en effet un doubleur qui prend sur lui de changer la fin d'une histoire en adaptant le scénario est une quasi-hérésie (quoiqu'il faudrait voir dans quelles circonstances ce changement est intervenu), ce n'est pas pour autant que les adaptations ("localisations" pour parler correctement) sont toutes irréfléchies et débiles. Si tu fais de la traduction mot-à-mot, c'est-à-dire sans adaptation, tu cours le risque d'avoir des dialogues maladroits et/ou incompréhensibles, voire ridicules. Le fait est que la localisation est nécessaire, parce que tout le monde n'a pas la même connaissance de l'anglais que toi. Si on peut arriver à voir, via une mauvaise adaptation, le texte original en anglais, ça peut flatter notre intelligence mais c'est maladroit, même dans des trucs insignifiants (exemple tout con : traduire "dozen" par "douzaine" = echec). On peut aussi citer le "tu ne veux pas voir ça", popularisé parce que sans cesse rabâché ces dernières années par des localisateurs qui otn échoué faute de talent, de temps ou de possibilité d'insertion dans le film ; ou encore les haïssables "mec" ou "bébé" popularisés aussi parce qu'inadaptables autrement niveau doublage.
Et il peut arriver que parfois, le texte original n'a aucun sens si traduit tel quel, à cause des expressions consacrées anglaises ou des choses qui n'existent que dans des pays anglo-saxons. C'est ce qu'on voit dans les strips des céréales du dimanche matin : le mec qui traduit possède un sens de la formule française plutôt prononcé et une connaissance poussée de la culture anglo-saxonne, mais pourtant il lui arrive de traduire maladroitement (en tout bien tout honneur). Et il lui arrive de s'"excuser" parce qu'un gag est tout simplement intraduisible, le dessin étant lié à un "acte culturel anglo-saxon" qui n'existe pas ici-bas.
La localisation, sans déconner, est nécessaire, quoi que tu en dises Napalm ; et mon point de vue c'est que autant il ne faut pas trop en faire, autant tu ne peux pas faire ton chienchien et traduire précisément ce que dit l'auteur (genre on va pas traduire "burnout 3" par "les couilles à l'air 3", si tu vois ce que je veux dire) au risque de perdre ton lectorat cible.
Les films des ZAZ dans les années 80 sont de parfaits exemples de petits chefs-d'œuvre de localisation : le fabuleux "il suffit que je pense à ma mère" remplace un désastreux "il suffit que je pense au baseball" s'il avait été traduit tel quel. Ou encore "tu as voyagé avec une star du top 50" au lieu de "tu as voyagé avec Weird Al Yankovic".
La solution alternative à ce problème, c'est le sous-titrage, qui permet de glisser des explications au risque de faire emmagasiner un trop plein d'informations.
Ce qui nous amène à la viabilité de la VF.
Attention : ce qui va suivre n'est que mon avis qui n'engage que moi© (axiome de Niko, Factornews, 2007). C'est bien entendu discutable.
95% de l'internet français : "La VF c'est de la merde t'entends ?"
Je m'adresse à toi, le petit prodige de la langue anglaise qui rêve son monde du haut de tes 18 ans. Non, la VF, ce n'est pas de la merde.
Quelques constatations pour commencer :
Oui, la VF n'est parfois pas fidèle.
Oui, la VF a du mal à faire passer certaines subtilités (voir plus haut).
Oui, la VF a parfois des choix de doubleurs malheureux.
Mais dans l'ensemble, non, les doublages ne sont pas si catastrophiques qu'on aimerait nous le faire croire. Pour une simple raison : les dialogues, à part si on est un fan du cinéma d'auteur américain/anglais/ouzbek où tout n'est que texte, n'ont pas besoin d'être nécessairement traduits à la Baudelaire pour être compréhensibles et/ou de qualité.
Je ne m'en cache pas, les films en VO, ça ne me fait ni chaud ni froid. VO, VOST, VF, tout est bon pour moi, je peux suivre sans problème. Je rigole souvent en entendant les discussions sur ce sujet, 75 % de mauvaise foi en général. Cette folie de la VO est le fait d'une fange d'activistes de la culture parfois raisonnés, souvent pédants, qui se vautrent dans une espèce d'élitisme de supermarché en ligne. "Nous on est des cerveaux tu comprends, on aime les livres des auteurs anglo-saxons du milieu du XXè siècle, les strips de la perry bible fellowship, et la constestation politique on adore en faire pendant des heures pour se dire qu'on est trop des rebelles, puis on retourne jouer à ARMA. On a passé le stade anal de Bigard, ça c'est pour le peuple (qui aime la VF)."
A mon sens, quatre avantages à la VO :
-tu vois le film "avant tout le monde" (quoique les canadiens sont là pour nous de toute façon ; et puis, c'est devenu relatif vu que maintenant tout le monde voit le film "avant tout le monde" du coup) ;
-ça peut faire apprendre des trucs sur la langue source (pour les étudiants en langues ou les gens qui voyagent un peu, principalement) ;
-pourquoi pas ;
-c'est un excellent filtre à cons au cinéma.
A part si vous êtes ces fameux cultivés de qualité et/ou pédants qui ne regardent aucune daube, je m'autorise à penser qu'au moins 75 % des films et séries qu'on regarde ne sont pas assez travaillés niveau dialogue pour justifier un matage en VO. Honnêtement, quid des subtilités d'un 24h chrono, d'un Battlestar galactica, et dans une certaine mesure, qui a été dérangé par le doublage de films comme, je sais pas, Broken Flowers, Lost In Translation ou d'un ZAZ, comme dit plus haut ? La synchronisation est la plupart du temps très correcte et plutôt crédible.
Quelques exemples, je l'accorde, où la VO est un plus : des films à la Tarantino (bien que je ne pense pas que les leets qui ont maté Pulp Fiction en VO y aient compris grand chose) par exemple, qui ont un sel particulier. Ou encore, pour éviter les animes où les traducteurs se sentent obligés de localiser les noms des protagonistes en "Tristan" ou "Jean-Michel". Ou encore les films qui font usage d'un parler principalement argotique ou à fort référencement culturel.
A part ça, je souris aux éclats quand j'entends des gens dire "moi, je préfère Star Wars en VO" (quand je vois la teneur des dialogues des derniers SW en VO, je pleure). J'ai également vomi sur tous mes potes lors d'un fabuleux débat sur "on regarde destination finale 3 en VO parce que c'est mieux que la VF".
Sinon, tout va bien chez vous ?
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