Sideways

posté le 01 April 2006 à 00:38
Voici un film que j'oserais décrire comme atypique : on le décrit comme une comédie mais on a plus l'impression qu'il tient du drame, on essaie de l'imaginer comme un drame mais on sent le dard comique qui perce par endroits.

Je vous avouerais qui si je me suis procuré ce film, c'est d'abord pour les excellentes critiques qu'il a reçu. Et puis, l'acteur principal à une bonne tête, le genre de mec qui réussit à faire rire en claquant une vanne cynique au milieu d'un discours joyeux. Ce qui, au final, ne s'est pas révélé être le cas du tout.



Bienvenue (?) dans la vie de Miles, un homme en pleine crise de la quarantaine. Pessimiste, défaitiste, déprimé et déprimant. Il a divorcé il y a deux ans mais ne s'en est jamais réellement remis. Et le bouquin qu'il a écrit est, pour la troisième fois, en attente de publication. Un raté, comme on dit.
Cette semaine est spéciale : c'est la semaine d'enterrement de vie de garçon de son meilleur ami et pourtant alter ego, Jack.
A l'occasion de cette semaine, ils partent en voyage dans les vignobles de Californie. Au programme, dégustations, golf, tourisme. Mais Jack ne cache pas son intention de vouloir coucher avec une fille avant la fin de la semaine. Pareillement, Miles ne cache pas son état dépressif...

Autant vous prévenir tout de suite : ce film ne plaira pas à tout le monde. C'est un fait. Le rythme est lent, très lent. Vous voyez un Jarmusch ? C'est parfois pire.
Pourtant, la qualité est au rendez-vous : le jeu d'acteur est très bon, que ce soit de la part de nos deux protagonistes ou des deux autres protagonistes féminins (car oui, il y a de la romance aussi). Paul Giamatti est excellent en écrivain désabusé qui ne trouve son réconfort que dans sa passion, le vin. Thomas Haden Church, le dandy vieillissant, arrive toujours à point dans le discours pour contrebalancer la morosité installée par son compère. Certaines de leurs répliques, qui sembleraient banales dans un autre contexte, font mouche et arrivent à arracher un sourire, voire un rire.
D'ailleurs, le coup du duo comique, vous allez me dire, on nous l'à déjà fait : le coincé et l'extraverti, c'est dépassé. L'exploit de ce film, c'est justement de réussir à ne jamais tomber dans le cliché : on attend le lieu commun, mais il n'arrive jamais. Le Bill Murray de Broken Flowers ou de Lost In Translation n'aurait pas fait tâche dans ce tableau. Les deux personnages en arrivent même parfois à s'engueuler.
Chacun va essayer de conquérir une fille : pour Jack, ce sera Stéphanie (Sandra Oh), pour Miles, Maya (Virginia Madsen) (toute ressemblance avec une personne... etc.). Chacun à son ryhtme.
Les péripéties sont nombreuses, on assiste progressivement à une transformation du personnages de Miles : il se fait hésitant, puis décidé, puis moralisateur; alors que Jack reste égal à lui-même : coureur de jupons et décidé à sortir son ami de sa crise, alors qu'il est en fait dans la même situation, bien qu'il le cache. Ce qui ne l'empêchera pas d'hésiter à changer de vie à quelques jours de son mariage. Le doute les habite, dirais-je sais risquer d'être impoli.


De gauche à droite : Stéphanie, Jack, Maya, Miles

Le film est découpé en journées : du dimanche jusqu'au samedi, jour du mariage, plus une petite prolongation. Le rythme, j'y reviens, est lent, surtout dans les premiers jours, car il y est surtout question de vin, vignobles, dégustations etc. Pour être honnête, je me suis un peu fait chier à cet endroit (surtout une scène de discussion vinicole entre Maya et Miles, en fait,vous verrez par vous-mêmes). Par contre, si vous êtes fan de vin, c'est du tout bon. A partir du mercredi, jour où une certaine évolution se fait sentir, l'intérêt du novice est de nouveau happé.

Maintenant, mon impression générale : pour être tout à fait honnête, je l'avais vu en VO la première fois, et tout au long du film, j'avais ressenti un certain ennui. Et pourtant. Et pourtant, à la fin, on ressent une impression de vide, comme si on venait de quitter deux vieux amis.
Je l'ai regardé en VF la seconde fois, et il s'avère qu'elle rend le film plus dynamique (si j'ose dire).
Je vous conseille la VF, pour une fois, même si la voix de Miles est légèrement trop enjouée par rapport à son personnage.

Bref, je le redis, c'est un film qui ne plaira pas à tout le monde, mais c'est un film qu'il faut voir au moins une fois. Alors, si vous en avez l'occasion...
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Commentaires

JiHeM a dit :
posté le 01 April 2006 à 02:13
Le rythme est lent, très lent. Vous voyez un Jarmusch ? C'est parfois pire.


Merci, tu viens de m'éviter de perdre 2 heures et de la bande passante :)

hohun a dit :
posté le 01 April 2006 à 02:24
Oui, mais ça ne veut pas dire que c'est du Jarmusch, attention.

KtuLulu a dit :
posté le 02 April 2006 à 13:27
Merci pour la review, Hohun. Ton résumé me fait penser au cinéma de Sautet (en plus drôle sûrement). Vu que j'aime bien l'acteur d'American Splendor, je le verrai sûrement.

HS: Pour Jarmusch, au lieu de parler de lenteur, je parlerai plutôt de "réalisme", d'un rythme qui se rapproche de la vraie vie où ça se castagne pas tous les 5 minutes, où les personnages bodybuildés ou siliconées ne courent pas à en perdre haleine, entourés par un philharmonique, leur course étant ponctués de coups de cymbales meurtriers.
Le cinéma de Jarmusch n'est pas vide, il est fait d'attentes et de petites surprises, garanti sans rebondissements abusés ou attendus...
Un cinéma simple mais touchant (ou non).

hohun a dit :
posté le 02 April 2006 à 23:24
Ah mais je n'ai pas dit non plus que Jarmusch était vide ;)

JiHeM a dit :
posté le 03 April 2006 à 00:02
/summon Conikafik & Kuro

Conikafik a dit :
posté le 09 April 2006 à 13:49
Bande de béotiens !
Allez Kuro, ramène ta fraise !

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