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Ralph Mustang dans: Les trottoirs commençaient à moisir...

posté le 25 January 2007 à 18:50
Les trottoirs commençaient à moisir. Et seul Ralph Mustang s'en rendait compte. Depuis plusieurs nuits déjà, il harcèle le maire pour le prévenir de cette sinistre situation.
A son dernier appel, ce dernier ne prit même pas la peine de l'écouter. L'élu ouvrit juste un oeil, releva paisiblement le numéro de l'appelant et arracha la prise téléphonique d'un coup sec.

Le lendemain, à midi pétante, sur ces mêmes sales trottoirs aigris, Ralph gisait à même le sol. Ses deux genoux venaient accidentellement d'heurter des barres de fer dépassant fortuitement d'une portière. Et ce, à plusieurs reprises.

Tout autour de cette fraîche victime, grimaçant sous la douleur, la pourrissure frémissait peu à peu. Elle commençait à vivre, respirer, onduler. Le sens d'observation aiguisé du jeune homme remarqua que l'épaisse vague ordurière, qui recouvrait les trottoirs, s'étalait et contaminait toujours plus les ombres environnantes.
Ralph se persuada qu'à la nuit tombée, la sale nappe recouvrirait l'intégralité des murs et toits de sa Cité. Il doit donc agir pour empêcher ce désastre que lui seul semblait ressentir. Mais que peut-il bien faire, seul ?

Répandu au milieu de cette gigantesque flaque grouillante de bactéries et de champignons microscopiques, Ralph tente à présent de se relever. La 1ère étape de son fabuleux plan de résistance face à l’envahisseur: se relever.
Pour l'en empêcher, la substance poisseuse lui happe le mollet. Le pauvre bougre le nettoie comme il peut, secouant frénétiquement son corps gras pour s'en libérer.

Une fois la tâche accomplie, il parvient à se redresser de manière verticale sur ses deux gambettes. Ne prenant pas une once de respiration et mu par une intense motivation (qui n’est pas le courage), Ralph enchaîna les foulées rapides. Allez. Hop. Choregraphis Maestria. Hop Pied droit. Hop. Pied gauche. Hop. Pied gauche. Hop. Pied droit. Hop. Les deux. Hop. ‘tention l'bord du trottoir. Hop. Soleil.

S’extirpant de belle manière de cette gigantesque marée verdâtre, Ralph Mustang atteignit enfin le sain(t) bitume.

Avec un subtil rire moqueur, proche du brame du cerf, Ralph fit quelques entrechats et gestes orduriers à l’intention de son informe et infâme agresseur. Il aime bien se moquer, le Ralph, c'est dans sa nature profonde. Ca peut durer des plombes et, souvent, personne ne comprend le pourquoi du comment de la cause.

Quand enfin, ses nerfs se calment. Enfin. Mister Mustang tend oreille et percevoir brouhaha, émerger maudite substance. Et, de ce fatras sonore, émergea une voix sourde. Une Big voix.

Ralph entend non pas des voix mais bien une seule. Lui rechecker. Oui, une seule voix. Une voix profonde, probablement vomie par les entrailles de l’Espace-Temps.

La voix profonde, probablement vomie par les entrailles de l’Espace-Temps : « ... telle est ma mission. Et nul n’échappera à ma funeste emprise.

Ralph: "La version courte ?

La voix profonde, probablement vomie par les entrailles de l’Espace-Temps : Coloniser ton monde. faire retomber l’humanité toute entière en esclavage.
Mais toi, toi, Fils de l’Homme, je te garderai intact. Tu auras le privilège d’être le dernier Homme Libre. Tu demeureras mon bouffon pour l’éternité.
Néanmoins, je te laisse une chance de sauver ton monde et d'échapper à ce sort. Parole de démon ancestral de merde.

Pour cela, tu répondras à mon énigme.»

Le jeune homme, surpris par tant de bonté, aquiesce. Il ne se choque même pas de parler à un étalage de déchets digérés par le Temps. Durant sa scolarité, il a appris à avoir le respect des anciens. Ralph constate aussi que le malin ne fait pas dans la demi-mesure, aime abuser de stratégies et de tragédies théâtrales. ahahah. "Funeste". D'un geste vif, Ralph mime une cape et se cache le visage avec. The Bela Lugosi Effect. Sauf qu'il se prend les pieds dedans.

Imperturbable, la voix profonde, sûrement vomie des entrailles de l’Espace-Temps poursuivit: « Tu es dans une pièce cubique faisant 100 pieds de haut. Elle est totalement vide. Ses parois sont lisses et incassables. Il n’y a qu’une seule ouverture. Au plafond. A 100 pieds de haut.
Au sol, juste devant tes pieds, tu découvres une planche sur laquelle brûlent une flamme éternelle, une craie bleue et un petit tas de cendres.
Comment sors-tu de cette pièce ? »

Ralph se concentra alors de toute son énergie spirituelle. Comme il ne l’avait jamais fait auparavant. Il ne l'avait d'ailleurs jamais vraiment fait. La solution, il la connaît. La même énigme était posée à l'héroïne de l'un des films récemment vus.

L’avenir de l’homme est sur le bout des lèvres de Ralph. Il peut donc être rassuré.

La voix profonde, très sûrement vomie des entrailles de l’Espace-Temps : "Plus que 20 secondes terrestres, Fils de l’Homme".

Ralph sourit en coin. Le film a été diffusé y’a deux jours à peine. C’est trop facile. Le héros fouille dans sa mémoire. « C’est facile, putain. Merde. C’était quoi déjà la réponse, déjà ?»

« Raaaaah, ma mémoire fout le camp, au mauvais moment.» pensa-t-il.

La voix profonde, vomie des entrailles de l’Espace-Temps : "Plus que 20 secondes terrestres, Fils de l’Homme".

“Oh, hey, stop la pression, hein !