2007

Chroniques d'une histoire annoncée (1/x)

posté le 21 September 2006 à 15:41
Ca a commencé tout simplement par un petit rhume de cerveau, une infection bénigne que l'on connait depuis toujours et se répand doucement sans autre alerte que le voisin qui dit "oh bah tout le monde est malade ces temps-ci, y'a plus de saisons" ou "c'était mieux avant". Petit à petit les gens tombaient malades, pas vraiment de quoi s'inquieter.
Puis ça a dégénéré et bientôt ce sont des milliers puis des centaines de milliers qui ont été infectés. A la fin des millions ont succombé. Les épargnés pleuraient encore leurs proches, leurs collègues quand ils se sont relevés et comme un seul homme tous ces morts vivants sont aller voter contestataire en cette fin du mois de mais 2007.

Romero a filmé avant l'heure cette présidentielle 2007. Quand les hordes de décérebrés ont cherché de la cervelle à droite, et que les urnes nous ont donné un gros porc.
Peut être qu'en fait c'est ce dimanche soir que ça a commencé, quand les habituels présentateurs surpayés et sous-qualifiés ont laissé apparaître la photo du plus grand fan de jeanne d'arc. On était un peu tous sur le cul quand même, pas besoin de second tour, 52% c'était juste ce qu'il fallait. Toutes les images des QG de campagne montraient les gens pleurer, on se serait cru après un gros attentat sur le sol Français. Sauf que là les terroristes c'était nous, enfin eux mais on avait laissé faire... surtout moi en fait.

Les quelques mois de la transition ont été la plus belle période de ma vie. A la fac les cours étaient suspendus et les leaders wannabees nous faisaient passer nos journées en AG dans les amphis pour préparer la "résistance".
Moi je m'en foutais en fait, déjà j'avais pas voté parce que aucun des candidats n'avaient su retenir mon attention : les extrèmes exclus evidement ils ne restaient que quelques minoritaires dont la campagne avait pour but quasi avoué de toper les 5% pour être remboursés et les deux favoris, l'un avec un bel emballage mais sans saveur et l'autre un peu trop mais dans le genre aigre doux ; qui se positionne comme un doux mais dont les actions causent des aigreurs dans le bide. Et ensuite j'étais intimement convaincu que la vox populi ne laisserait pas fairen quitte à laisser le déclinant patriarche en place quelques années de plus.

Par contre j'avais compris un truc, se faire un peu remarquer pendant les réunions comme étant un "peu" radical avec des "mort aux cons", "crevons le cochon" ou autre diatribes repiquées de Mai 68 valait certes des regards désapprobateurs au prime abord mais ouvrait les cuisses de la jeunesse Bobo qui veut s'encanailler entre deux sermons sur une révolution propre et le sain socialisme qui en sortirait. Et croyez moi j'en ai cabossé de la pétasse "Delerme", dans le romantisme ambiant de la "resistance", je vidais mes paquets de capotes dans les chiottes de l'amphi 14 comme les guérrilléros vident les chargeurs d'ak47 en Afrique noire.
On était un petit groupe à tranquillement profiter de la situation et curieusement on commençait à se faire un nom et à être non seulement les petites célébrités de Paris IV mais les leaders de l'auto-proclamé MDTA. Si on nous demandait, nous représentions le Mouvement de Destruction de Toute Autorité, mais en réalité nous étions le Mecs qui Demontent Tous Azimuths.
On pensait le truc sans conséquences et que quand tout se serait tassé on reprendrait tranquille notre anonymat. En attendait on profitait royalement de la notoriété et des filles en se foutant royalement de ce qui se passait. Faut dire que de base on était pas vraiment des sex-symbols et donc devenir les mecs les plus cools du coin c'était pas mal. Enfin moi ça m'allait grave.

Pendant ce temps, le monde était horrifié de ce qui se passait en France. L'europe s'indignait de voir l'extrème droite passer, les ricains se foutaient de notre gueule sur des cartes plaçant Paris à côté de Lille et les pays du moyen orient se disaient inquiets mais semblaient plus préoccupés par l'eventuel tarissement de leurs approvisionnement en matériel Français. Matériel de pointe qui recommençait a voler par delà les frontières pour joyeusement peter sur la gueule du peuple voisin.

En France, le futur représentant du peuple prenait ses aises et préparait ouvertement son arrivée dans les murs de l'Elysée avec l'équipe en place. Curieusement, le ministère le plus mi à profit dans cette tâche était celui de l'interieur qui d'un côté commeçait à reflechir sur des mesures qui ne manqueraient pas de sortir mais aussi à veiller à ce que la transition se fasse dans la douceur, bizarre de prévoir autant de CRS en voulant de la "douceur" ceci dit.
En banlieue c'était Beyrouth, d'un côté les "civils" empaquetaient femmes, enfants et maigres biens pour sortir au plus les frontières et de l'autres tout ce qui était inflammable flambait et ce qui était en bleu saignait bien rouge.
Intra muros la routine était établie : un "mort aux cons" égal une petite Marion, un "au feu les pourris" une Julie et/ou une Sophie. Les têtes pensantes, des branleurs comme nous mais avec une "conscience politique, môssieur" avaient établi le Plan qui nous donnerait la victoire. A compter de la transmission du pouvoir, chaque jour serait caractérisé par une marche de protestation qui ne manquerait pas de paralyser la capitale et de forcer l'ennemi à l'abandon. Tout se passerait ainsi en douceur étant avéré que les manifestants s'ils n'étaient pas violents n'étaient pas molestés.

Et puis le jour J est arrivé. A la télé les même incapables que d'habitude ont retransmis en direct la cérémonie. S'ils avaient été acerbes et offensifs au début quelques promesses apaisantes avaient été faites notamment celle d'une politique de "Grands travaux" confiée à une entreprise Française pour la refections de nombre de batiments administratifs. A la minute où la diffusion fut finie le signal de départ sonnait et malgrè notre envie profonde de rester assis sur nos culs ou ahanant sous d'autres, le MDTA pris sa place en queue de peloton comme le vilain petit canard reactionnaire du groupe dont les idées sont mauvaises mais le nombre de tête compte.
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