Le Cycle de Mes Couilles

posté le 13 April 2006 à 19:54



Comme l’ambiance sur l’asile est à la chierie, je vais vous passionner avec de l’art contemporain (aargh).

Pour ceux dont le bagage en art se limite à l’achat de ‘La terre vue du ciel’ par Arthus-Bertrand ou encore la visite d’Euro-Disneyland en classe de 4ème, un bref rappel , et je cite Jean-Pierre Lihou, artiste peintre-sculpteur à Mougins :

« L'Art est un ensemble de conduites, différentes et complémentaires des conduites scientifiques et philosophiques, par lesquelles une société en marche vers son humanité exprime, communique et enrichit ses interprétations et sa compréhension du monde. La dimension interprétative de cette définition est depuis longtemps largement admise par la plupart des philosophes et historiens de l'art. »

Pour faire simple, le terme contemporain désigne à la fois une période dans l'histoire, grosso modo le 20e siècle et un type d'art particulier, l'art abstrait, dont on présume qu'il caractérise notre époque comme l'impressionnisme a caractérisé l'époque antérieure.

Bon en fait ça en s'en fout un peu, ce n’est pas ce qui est le plus important (c’est surtout pour tester votre résistance à des discours superfétatoires (cf. Lapin)).

J’ai eu envie de vous parler d’un artiste dit contemporain qui m’a particulièrement marqué à l’occasion de la visite d’une exposition il y a 3 ou 4 ans au Palais de Tokyo (à Paris, pas au Japon). Il s’agit de Matthew Barney, artiste new-yorkais accessoirement mari de Björk (Gala inside).



Matthew Barney (ci dessus posant pour le Dauphiné Libéré) à développé un univers vraiment spécifique (à ma connaissance) basé à la fois sur le dessin, la photographie, le film, les installations vidéos et la sculpture autour de thèmes dont l'interprétation lui est propre.

L’expo en question se tenait à l’occasion de la sortie du dernier des 5 films de son cycle Cremaster réalisés de 1994 à 2002, dans lesquels il met en scène pêle-mêle des danseuses, le Chrysler Building, des pilotes automobiles, des femme-guépard, de la vaseline, un serial-killer, une ruche…Dans les cinq films on trouve régulièrement des matières malléables comme le plastique, la résine, la cire.

Ce qui m’a vraiment interpellé dans cette expo, en dehors de la mise en scène assez étrange des 5 salles (un bar en vaseline, une demi voiture défoncée, une selle de rodéo incrustée de strass) c’est la particulière beauté des images, l’ambiguïté des thèmes (entre autre la non-différenciation des sexes, une humanité mutante, la déstructuration du corps, l'utilisation de motifs récurrents…).

Pour info, Cremaster est le nom du muscle qui, contractant les testicules sous l’effet du froid ou de la peur, protège les spermatozoïdes des variations de température et garantie ainsi la survie de l’espèce.

Je ne vais pas me lancer dans une analyse fumeuse, libre à vous d’interpréter et/ou d’apprécier les images suivantes. Et puis, les goûts et les couleurs, tout ça…

Le site du Cycle
















Pour conclure, si son travail vous intéresse ou vous interpelle, ou vous débecte, (« l’art » c’est fait pour ça aussi), Barney vient de sortir un film nommé Drawing Restraint 9, dont la bande originale est composée Björk.

Le pitch : « A bord d'un baleinier japonais dans la baie de Nagasaki, une énigmatique sculpture de vaseline est tenue par des barrières pour en préserver la forme. Deux occidentaux sont accueillis à bord du navire, sont traités avec le plus grand soin, revêtus d'habits de fourrure inspirés des tenues de mariage de la tradition Shinto. Le vaisseau est pris dans un orage. Dans l'agitation, la sculpture perd sa forme et la vaseline se répand… »

En prime, parce que vous avez été gentils, une image du film:



Merci d’être resté jusqu’au bout, la prochaine fois je vous parlerai de mon épilation totale.
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Commentaires

Repiemink a dit :
posté le 13 April 2006 à 20:03
Chouette article Lazy. Je matterai ça plus en profondeur quand mes neurones seront rebranchés.

KtuLulu a dit :
posté le 13 April 2006 à 20:41
whouuuu, chelou l'expo... mais bel article.

C'est une sculpture la 1ère tof ou pas ?

AmdC a dit :
posté le 13 April 2006 à 20:49
Moi j'ai vu le 5 seulement, celui dont est tiré la dernière image. Je ne connais pas le reste de ce qu'il fait.

Bon, ça m'a laissée un peu perplexe. On regarde, mais on ne comprend rien, on ne trouve aucun fil conducteur, pas d'indice sur un sens éventuel. C'est pas juste des belles images et c'est pas tout à fait une histoire non plus, du coup on est un peu déconcerté par ce type en kilt qui escalade les rambardes d'un immeuble en spirale, un torchon sanguinolant dans la bouche, et qui trouve à chaque niveau des danseuses de revue, des mini concerts de punk, ou cette fameuse icône aux jambes amputées qui se transforme en femme léopard.

Le plus frappant c'est quand même cette femme dont les mollets mutilés s'enfoncent dans des prothèses à talon, avec quelque chose de Hans Bellmer dans l'esprit, avec ce mélange d'érotisme et de mutilation. Pour moi l'impact de cette mise en scène éclipse tout le reste du film et il a réussi là à mettre une certaine beauté que je n'ai pas trouvée dans le reste de la video, par exemple avec le type qui jette de la résine par terre (?) ou les pogos du niveau 2.

Conrad a dit :
posté le 13 April 2006 à 21:01

lazykiller a dit :
posté le 13 April 2006 à 21:51
AmdC a écrit :

Moi j'ai vu le 5 seulement, celui dont est tiré la dernière image. Je ne connais pas le reste de ce qu'il fait.

Bon, ça m'a laissée un peu perplexe. On regarde, mais on ne comprend rien, on ne trouve aucun fil conducteur, pas d'indice sur un sens éventuel. C'est pas juste des belles images et c'est pas tout à fait une histoire non plus, du coup on est un peu déconcerté par ce type en kilt qui escalade les rambardes d'un immeuble en spirale, un torchon sanguinolant dans la bouche, et qui trouve à chaque niveau des danseuses de revue, des mini concerts de punk, ou cette fameuse icône aux jambes amputées qui se transforme en femme léopard.

Le plus frappant c'est quand même cette femme dont les mollets mutilés s'enfoncent dans des prothèses à talon, avec quelque chose de Hans Bellmer dans l'esprit, avec ce mélange d'érotisme et de mutilation. Pour moi l'impact de cette mise en scène éclipse tout le reste du film et il a réussi là à mettre une certaine beauté que je n'ai pas trouvée dans le reste de la video, par exemple avec le type qui jette de la résine par terre (?) ou les pogos du niveau 2.


A mon humble avis, chacun peut y trouver ce qu'il veut, un sens, des symboles... La singularité de la mise en scène et la recherche esthétique évidente font le reste. Ce cycle est l'aboutissement des recherches personnelles de l'auteur. A moins de l'avoir à ses côtés, tout n'est pas compréhensible. Reste la beauté particulière des images. Je ne suis pas expert en art contemporain, c'est juste du ressenti.

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