Stairway to Heaven
posté le 31 January 2006 à 18:55
Le doute. La peur. Avant d'entrer en scène, toujours, à le ronger. Peur de ne pas être à la hauteur, pas cette fois-ci, plus cette fois-ci ; le doute, terrible. Pour y échapper, il avait tenté de se réfugier dans le réconfort de la drogue, dans les bras toujours ouverts de soeur morphine, sans grand succès : plus haut la poudre le faisait monter, plus durs étaient la chute et le retour de ses hantises. Il se sentait tomber, emporté par le poids de ses larmes et de la pluie qui le glaçait, de la pluie qui effaçait son nom. Jusqu'à ce qu'il monte sur les planches.
Alors, pour quelques heures, tout disparaissait, s'évanouissait. Une fois sur scène, plus de peurs ni de doutes. Une fois sur scène, il était invulnérable, il était Dieu ; une fois sur scène, il était vivant.
Entre les concerts, il n'était qu'une ombre, une épave ; il passait ses journées à attendre, fébrile et anxieux, la date suivante, le prochain soir. Ce soir, enfin. Ce soir.
Sans un mot, il décrocha sa guitare, passa la porte. Comme dans un rêve, il monta les marches, sous les cris du public. Tous ces gens, là pour lui. Il prit le micro, prononça quelques paroles, noyées par les ovations de la foule. Les mots n'avaient aucune importance, seule comptait la musique. Il prit sa guitare, pinça une corde, et il la sentit. Comme chaque fois. Elle vint comme une amie, comme un souvenir ; tout à coup, elle était là, emplissant ses veines, exacerbant ses sens. Il sentait son coeur battre au rythme des basses, ses doigts bouger tout seuls, sa voix se déverser dans la salle. Il sentait le public bouger, les étoiles trembler comme des explosions dans le ciel. Plus que tout, il se sentait fort ; la guitare entre les mains, rien ne pouvait plus l'atteindre : il était de l'énergie pure, du TNT, survolté, transfiguré.
Et tout à coup, une fausse note, comme un accord de batterie hors de propos. Et la douleur, aussitôt, dans sa poitrine. Du sang qui coule, partout, sur sa chemise, sur ses mains qui continuent à jouer, encore. La douleur, et le froid qui se répand. Dans un dernier effort, il plaqua sur les cordes de la dernière accord, la note finale. Puis, devant ses yeux, toutes les couleurs virèrent au noir. Il tomba dans la foule qui l'adulait, et qui acclamait sa mort.
Juste avant que le froid ne l'emporte, il leva les yeux vers le ciel. Un escalier semblait l'attendre.
Alors, pour quelques heures, tout disparaissait, s'évanouissait. Une fois sur scène, plus de peurs ni de doutes. Une fois sur scène, il était invulnérable, il était Dieu ; une fois sur scène, il était vivant.
Entre les concerts, il n'était qu'une ombre, une épave ; il passait ses journées à attendre, fébrile et anxieux, la date suivante, le prochain soir. Ce soir, enfin. Ce soir.
Sans un mot, il décrocha sa guitare, passa la porte. Comme dans un rêve, il monta les marches, sous les cris du public. Tous ces gens, là pour lui. Il prit le micro, prononça quelques paroles, noyées par les ovations de la foule. Les mots n'avaient aucune importance, seule comptait la musique. Il prit sa guitare, pinça une corde, et il la sentit. Comme chaque fois. Elle vint comme une amie, comme un souvenir ; tout à coup, elle était là, emplissant ses veines, exacerbant ses sens. Il sentait son coeur battre au rythme des basses, ses doigts bouger tout seuls, sa voix se déverser dans la salle. Il sentait le public bouger, les étoiles trembler comme des explosions dans le ciel. Plus que tout, il se sentait fort ; la guitare entre les mains, rien ne pouvait plus l'atteindre : il était de l'énergie pure, du TNT, survolté, transfiguré.
Et tout à coup, une fausse note, comme un accord de batterie hors de propos. Et la douleur, aussitôt, dans sa poitrine. Du sang qui coule, partout, sur sa chemise, sur ses mains qui continuent à jouer, encore. La douleur, et le froid qui se répand. Dans un dernier effort, il plaqua sur les cordes de la dernière accord, la note finale. Puis, devant ses yeux, toutes les couleurs virèrent au noir. Il tomba dans la foule qui l'adulait, et qui acclamait sa mort.
Juste avant que le froid ne l'emporte, il leva les yeux vers le ciel. Un escalier semblait l'attendre.
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Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.
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