Céphalée (3)

posté le 06 February 2009 à 22:30

Deuxième partie

Je les ai regardés bouche bée. Ils m'ont regardé bouche béante. Quelques secondes ont passé. Ils m'ont sauté dessus. Je me suis évanoui, lâchement.
Dès que j'eus repris conscience, j'ai essayé de la perdre à nouveau : j'étais porté à bout de bras par les créatures, encore plus nombreuses qu'auparavant, et nous progressions cahin-caha dans ce qu'il faut bien appeler un tunnel, faute de mot adéquat pour désigner un réseau de souterrains creusé dans les murs du 7e étage d'un immeuble parisien. Je saignais d'un peu partout, comme si une meute de chats m'avait confondu avec une pelote de laine géante parfumée à la souris, et je ne parvenais pas à me départir de l'impression tenace que quelque part, j'avais un peu perdu l'initiative. Qui plus est, je commençais à avoir sérieusement envie d'aller aux toilettes - mais ça, à la limite, je pouvais gérer.
Pendant qu'on me transportait si aimablement, j'ai fait le point sur ma situation, et essayé de déterminer comment m'en tirer avec le minimum de dommages corporels et le maximum de gloire, pour moi bien sûr. Comme je n'aboutissais à rien, j'ai fini par faire ce que font tous ceux qui ont un pistolet dans leur poche : je l'ai pris, et j'ai tiré dans le tas. Et je suis tombé par terre.
Apparemment, j'en avais salement amoché un, et les autres fixaient le corps étendu par terre, qui commençait déjà à embaumer assez violemment. Ensuite ils m'ont fixé. Ils ont à nouveau fixé le corps. Ils paraissaient hésiter entre deux options, et l'une d'entre elles avait l'air de me concerner ; heureusement, c'est l'autre qui l'a emporté - d'un coup, ils ont tous bondi sur la dépouille, et ont entrepris des choses pas très nettes qui impliquaient leurs dents, leurs mains, et leur feu copain. Ce n'était pas spécialement beau à voir ; d'un autre côté, ils semblaient avoir plus ou moins oublié ma présence, alors j'ai profité de l'orgie pour me carapater dans le noir. J'ai couru à droite, à gauche et dans les parois un bon moment, avant de m'effondrer, hors d'haleine et totalement paumé.
Et me voilà, au milieu de nulle part, perdu dans des tunnels peuplés de petites saloperies cannibales, couvert de griffures, et complètement sourd. Je suis fichu, c'est certain.

Quatrième partie.


Commentaires

hohun a dit :
posté le 08 February 2009 à 14:56
C'est certainement une des plus belles descriptions des fêtes étudiantes parisiennes que j'aie jamais lu.

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Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.

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