Céphalée (1)
Ce n'est pas la grande forme : mal à la gorge, et mon amie la sinusite revient me dire bonjour. À part ça, et sans rapport, j'essaie d'écrire quelque chose d'un peu plus long que d'habitude, mais j'ai un peu de mal : en général, j'ai quelques mots qui me trottent dans la tête, une phrase, une expression, et je brode autour. Le problème, c'est de broder longtemps.
J'essaierai de poursuivre ce texte, si j'en ai le courage, et si le temps le permet.
Ça y est, ça recommence. Il s'est remis à taper. Enfin, je dis "il", mais ça pourrait aussi bien être "elle", ou "eux" ; la seule chose certaine, c'est le bruit. Et la migraine, aussi - dans quelques minutes.
Je ne sais pas exactement d'où ça vient :les murs portent le son, l'amplifient, il semble venir de tous les côtés à la fois : l'étage du dessus ? Mon voisin de palier ? Ou peut-être la vieille dame du cinquième, celle qui a l'air si gentille, avec ses pantoufles et son cabas ? Ah, voilà. Le choeur des perceuses vient de commencer à son tour ; d'ici peu, j'aurai droit au doux chant de la ponceuse, comme chaque fois. J'ignore qui est responsable, mais il est régulier : toujours dans le même ordre, jamais de changement. Concerto pour instruments de torture : ce ne sont pas les murs, mais mes tempes que l'on perce. Crescendo, s'il vous plaît.
Le mal de crâne s'intensifie : il avait commencé vers la deuxième mesure de Black&Decker, discret, presque timide : et peu à peu, porté par les vagues du bruit, il monte en puissance, imposant, sûr de son fait. Impossible de l'ignorer : il commence à cogner derrière mon front, des taches brunes valsent devant mes yeux. Il faut que je trouve ces fichus cachets.
Mais je vous perds, je crois. Tout ça, c'était hier - et hier, j'ai fini prostré sur mon parquet, les mains sur les oreilles, à geindre. Comme d'habitude, comme chaque jour depuis six mois. Oui, six mois que ça dure, cette saloperie. Et aujourd'hui, je n'ai pas envie que ça se reproduise.
Alors j'ai fait de mon mieux : je viens d'aller acheter des boules Quiès - cela ne suffira pas, bien entendu : j'ai déjà essayé bien des fois - et un revolver. Je crois qu'on dit revolver, non ? Ou alors flingue. Enfin, bon, ça n'a pas été facile : il m'a fallu contacter des amis, qui ont fait appel à des relations, qui elles-mêmes ont cherché dans leurs connaissances - tout cela pour aboutir, hier soir vers 23h, dans une ruelle assez dégueulasse, déserte et sombre pour sacrifier aux poncifs du genre, à attendre un mec louche que je ne connaissais ni d'Ève ni de l'autre, et qui avait un défaut de prononciation assez amusant et un visage aussi rassurant qu'un médecin qui vous ramène votre test de dépistage du cancer en vous demandant de vous asseoir. Il a commencé par regarder un peu partout, ce qui se réduisait à trois poubelles et l'entrée d'une cave, avant de me tendre un paquet et de me demander "l'osseille".
La paquet était beaucoup moins lourd que ce à quoi je m'attendais, mais il contenait bien ce qu'il me fallait. Je l'ai testé sur un platane, histoire d'être sûr. Et me voilà donc, aujourd'hui, tapi dans les escaliers de l'immeuble, un peu plus pauvre et beaucoup plus dangereux, à attendre le commencement du vacarme, vaguement protégé par des boules de cire dans mes oreilles. Je guette. Je suis à l'affût. Ça va chier.
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Quelques mots ...
Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.
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