L'éternité, ça dure longtemps ?
posté le 20 April 2006 à 17:19
Je suis mort hier. Ça n'a l'air de rien, dit comme ça, mais ça m'a fait un choc. Quand je l'ai réalisé, je veux dire. Au début, bizarrement, je ne me suis rendu compte de rien - oh, une légère migraine, peut-être, mais pas grand chose de plus. C'est seulement quand je suis allé dans la cuisine chercher un cachet d'aspirine que j'ai compris.
Il faut dire qu'un squelette de deux mètres de haut, avec une grande cape noire et une faux, ça aide.
Tout de même, je suis un peu déçu : je m'attendais à un tunnel avec une grande lumière blanche, et des tas de jolies filles qui m'attendraient avec des cocktails et des pommes de terres. Ou, au moins, un gros moche tout rouge avec des cornes et des flammes tout autour, et une sorte de voix off par dessus. Le minimum, quoi.
Eh bien, que dalle. Depuis vingt et une heure, douze minutes et trente-sept secondes, je m'ennuie.
Il y a bien eu le grand type du début, avec sa faux, qui m'a annoncé la nouvelle et m'a raconté deux ou trois blagues ; mais il est vite parti, en me disant qu'il avait du boulot et qu'on viendrait s'occuper de moi. La mort, ce n'est plus ce que c'était, si vous voulez mon avis. Je veux dire, il aurait au moins pu rester un peu plus, histoire que je comprenne la chute de celle avec le curé, l'ornithorynque et les trois poireaux.
La mousse de saumon, mon cul. Y avait du sang partout, quand je suis retourné voir dans ma chambre. J'aurais bien vomi, mais j'avais mon estomac sous les yeux. Ça n'aide pas. D'un autre côté, je sais enfin de quoi j'ai l'air, vu de l'extérieur. D'un cadavre.
À la réflexion, il y a bien eu quelqu'un d'autre, un espèce de petit machin bleu, il y a quelques heures, avec des poils partout genre fourrure. J'espère que ce n'était pas trop important, j'ai marché dessus sans faire exprès. Ça a fait "poutpout", et après, il y avait une grosse flaque bleue, c'était drôle. Je suis quand même bien emmerdé, si ça se trouve, j'ai fait une connerie avec le poutpout. J'espère que je ne vais pas me réincarner en mouche ou en asperge, pour le coup.
Vingt et une heure, quatorze minutes et vingt-cinq secondes. J'espère que je ne vais pas passer l'éternité à poireauter, j'ai des trucs à faire, moi.
Quoique, vu les circonstances, je pense que je peux annuler un ou deux rendez-vous pour demain.
D'accord, tous.
Vingt et une heure, quatorze minutes et quarante-trois secondes.
Ça va être long.
Il faut dire qu'un squelette de deux mètres de haut, avec une grande cape noire et une faux, ça aide.
Tout de même, je suis un peu déçu : je m'attendais à un tunnel avec une grande lumière blanche, et des tas de jolies filles qui m'attendraient avec des cocktails et des pommes de terres. Ou, au moins, un gros moche tout rouge avec des cornes et des flammes tout autour, et une sorte de voix off par dessus. Le minimum, quoi.
Eh bien, que dalle. Depuis vingt et une heure, douze minutes et trente-sept secondes, je m'ennuie.
Il y a bien eu le grand type du début, avec sa faux, qui m'a annoncé la nouvelle et m'a raconté deux ou trois blagues ; mais il est vite parti, en me disant qu'il avait du boulot et qu'on viendrait s'occuper de moi. La mort, ce n'est plus ce que c'était, si vous voulez mon avis. Je veux dire, il aurait au moins pu rester un peu plus, histoire que je comprenne la chute de celle avec le curé, l'ornithorynque et les trois poireaux.
La mousse de saumon, mon cul. Y avait du sang partout, quand je suis retourné voir dans ma chambre. J'aurais bien vomi, mais j'avais mon estomac sous les yeux. Ça n'aide pas. D'un autre côté, je sais enfin de quoi j'ai l'air, vu de l'extérieur. D'un cadavre.
À la réflexion, il y a bien eu quelqu'un d'autre, un espèce de petit machin bleu, il y a quelques heures, avec des poils partout genre fourrure. J'espère que ce n'était pas trop important, j'ai marché dessus sans faire exprès. Ça a fait "poutpout", et après, il y avait une grosse flaque bleue, c'était drôle. Je suis quand même bien emmerdé, si ça se trouve, j'ai fait une connerie avec le poutpout. J'espère que je ne vais pas me réincarner en mouche ou en asperge, pour le coup.
Vingt et une heure, quatorze minutes et vingt-cinq secondes. J'espère que je ne vais pas passer l'éternité à poireauter, j'ai des trucs à faire, moi.
Quoique, vu les circonstances, je pense que je peux annuler un ou deux rendez-vous pour demain.
D'accord, tous.
Vingt et une heure, quatorze minutes et quarante-trois secondes.
Ça va être long.
4 commentaires
Poster un commentaire
Invité
Vous souhaitez commenter immédiatement ce billet. Vous ne pourrez pas l'éditer une fois envoyé.
Membre
Vous êtes membre ou souhaitez vous créer un compte sur l'asile.fr
L'accueil de l'asile.fr
Les blogs sur l'asile.fr
S'abonner au flux RSS des articles
Rechercher
Quelques mots ...
Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.
Articles importants
- “I think I can make it now, the pain is gone” (curl up and feel the joy.)
- Oh.
- Prayer
- Flawed
- Statistically speaking...
- Douleur ? Oh non.
- Thrice
- [06/04] The US are far (Retour)
- Emeth
- Bon, puisque c'est comme ça, je vais me recoucher.
- Un rêve en blanc ?
- Écriture à contrainte
- Si l'on enfermait un singe dans une boîte totalement hermétique avec une machine à écrire radioactive, est-ce qu'il composerait l'intégrale des oeuvres de Shakespeare avant d'être à moitié mort ?
- as she waits
- La Machine à créer des Héros
- Éthano
- À pic !
- Voyez !
- Anyway
- Des dangers de devenir brugnon
- Chandelle
- Avant ?
- La vérité, c'est très surfait
- Words, words, words
- Je voudrais pas crever
- Céphalée (6)
- Céphalée (5)
- Céphalée (4)
- Céphalée (3)
- Céphalée (2)
- Céphalée (1)
- Pour une plus juste répartition des bombes
- Taxinomie et bordel ambiant
- Comptine pour l'enfant huître
- Sympathy
- Tréfonds
- Générique
- Ecce homo
- Death of a clown
- Hammer song.
- Au passage, elle attend toujours.
- Pas facile d'être misanthrope : il m'a fallu bien des années.
- Ce triste sire
- Je crois ...
- (Et c'est trop cher pour vous)
- Réécrivons l'histoire
- 3
- Tant que cela te réussit.
- 2
- 1
- La porte.
- Vous échouez toujours
- Avant.
- Journal de vrac d'en bord.
- Fugitive
- Ballade en nature.
- Saint Con 2007
- Le coeur n'est qu'un organe, et l'on sait les greffer
- Vendu
- Pourtant, j'avais des ailes, avant.
- Arkham
- Un coucou régulier ...
- Passage à vide.
- À une passante.
- Et le vent sous mes bras qui ne sont pas des ailes
- Antoine.
- La jalousie est un vilain défaut.
- J'ai peur de mourir.
- C'est réciproque.
- Sept cent trente-deux grammes et un bec.
- Les cailloux se cachent pour mourir.
- Je suis un loup pour l'homme.
- L'éternité, ça dure longtemps ?
- Celui qui n'a jamais rêvé.
- Sauf moi.
- Gris.
- This product is meant for educational purposes only.
- Stairway to Heaven
- À quoi bon ?
- Sans faire de bruit ...
- Game Over.
- Le jour le plus long.
- Même pas mal.
- Chute.