Recyclage : quid novi sub sole ?

posté le 13 January 2009 à 21:40

Les livres, quand même, c'est fantastique. Incroyable. Observons d'ailleurs, je vous prie, une minute de silence afin de bien considérer ce qu'a de merveilleux et de profondément enthousiasmant l'idée de livre : dans un volume somme toute négligeable (quoi, quelques centaines de centimètres cube pour un poche !) est disponible tellement de choses, tellement de pensées et de tournures délicieuses. Toute l'histoire, toute la philosophie (mais en beaucoup de tomes, alors, ou bien il faut avoir les poches et les reins solides), toute la poésie, tout le théâtre, toute la critique littéraire et théâtrale (là, il commence à y avoir une mise en abyme assez déroutante) ... disponible là, pour deux euros, ici pour cinq, ici gratuitement sur le pas d'une porte avec un chien qui vient juste d'uriner dessus ; empruntable ici, récupérable ailleurs où la bibliothécaire ne vous refuse pas le prêt au prétexte que vous avez fichu du café sur l'intégrale de Goëtlib la dernière fois. Je pourrais continuer longtemps, mais ça risque de devenir très chiant.

Une minute de silence, donc, pour penser à tout ce qu'on peut tirer de ces précieuses pages que l'on peut lire partout, toutes ces réflexions que d'autres ont couchées sur papier et qui, bien que leurs auteurs soient morts depuis longtemps, leur accordent un peu d'immortalité quand vous les réutilisez platement au détour d'une conversation, sans même penser que les fiers êtres qui prirent la plume afin de leur léguer des textes impérissables pourrissent à présent, dévorés par les vers et les requins des sables. C'est absolument atroce.

Après une de ces conversations avec un ami, récemment, qui a quand même duré environ un quart d'heure (la conversation), j'ai dressé un bilan concis des arguments que j'avais déployés et des idées qui m'avaient servi de matière. Je crois bien qu'aucune n'était de moi. Glânées dans des livres, ou dans des articles, ou bien dans des podcasts ; j'ai soutenu une conversation entière sans dire un seul mot. Et le pire, c'est que ça n'est pas la première fois que ça m'arrive.

Ne penser jamais, assimiler toujours : j'ai l'impression d'avoir oublié de former mon esprit critique et d'avoir perfectionné ma capacité de paraphrase. Et, pis encore, je suis devenu très sensible lorsque d'autres le font : trop d'érudition affectée m'horripile - un peu comme dans cette scène de "Will Hunting", lorsque le personnage principal est confronté à un étudiant en économie transpirant la suffisance, qui tente de le rabaisser en citant Adam Smith et consorts. À ceci près que je ne suis pas Matt Damon, ni Will Hunting d'ailleurs. Enfin bon ; comme disait Saint Paul :

C'est vraiment trop la merde.     (Épître aux Romains, 2,3)


Commentaires

hohun a dit :
posté le 13 January 2009 à 21:44
Moi je ne fais pas ça. D'ailleurs dans la vraie vie je parle très peu.

Ellendhel a dit :
posté le 14 January 2009 à 07:33
Tu dois avoir une version des épîtres de Saint Paul qui n'est pas celle communément publiée.

conker23 a dit :
posté le 18 January 2009 à 10:37
En cherchant des photos d'ours sur l'asile, on tombe sur des articles un peu loufoques.

Sinon, il m'arrive de tenir des conversations avec seulement des citations de "la classe américaine"....

LeChat a dit :
posté le 18 January 2009 à 13:58
En même temps, peut-être que tu ne ressors que des citations que tu as fait tiennes. Tu as l'esprit critique au moment où tu lis et tu choisis ce que tu veux retenir.

Violaine a dit :
posté le 21 January 2009 à 01:16
C'est un bon post, je trouve.
Les gens autour de moi ne lisent pas. C'est à pleurer.
(Et quand je dis ça, je sais que je fais aussi preuve de suffisance et que je sous-entend que la culture n'est que livresque, mais comme dit Saint-Augustin, je vous emmerde.)

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Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.

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