chat

C'est réciproque.

posté le 06 June 2006 à 19:18
Décidément, je sens que je ne vais pas perdre ma journée : je ne suis là que depuis dix minutes, et j'ai déjà déniché de quoi me faire mille euros au bas mot. Des boucles d'oreille, du liquide, et même des couverts en argent et une bague de fiançailles. Un jeune couple, à tous les coups. Ils doivent être partis travailler, vu l'heure qu'il est : je suis tranquille pour un bout de temps.
Une sensation bizarre sur la jambe. Mais qu'est-ce que tu fais là, toi ? Dégage ! Un coup de pied, et la boule de poils s'éloigne en crachant, la queue dressée. Je n'ai jamais pu blairer les chats. Je recommence à vider les tiroirs, méthodiquement : il s'agit de ne rien oublier, l'anniversaire du gamin approche et je n'ai plus de thunes. Si j'avais su, j'aurais pris un plus grand sac ; là, je dois me contenter des petits objets. Coffret à bijoux, menue monnaie, carte bleue, appareil photo, préservatifs aromatisés à la fraise, flacons de parfum, bibelots de valeurs ... Tout y passe.
Et juste au moment où j'allais partir avec la fierté du travail bien fait, une clé tourne dans la serrure. Merde, merde. Ils rentrent déjà ! Pris de panique, je me précipite dans la cuisine. Il faut que je me planque : je les entends, les rires de la femme, la voix grave de l'homme. Qui se rapprochent. Et je réalise que je viens d'agir comme le dernier des cons : il est midi. Je suis dans la cuisine. Sans réfléchir, j'ouvre la fenêtre et passe à l'extérieur.
Les bras accrochés au rebord, le sac en bandoulière, je sens mon coeur battre la chamade. Du calme. J'espère qu'ils ne vont pas se préparer une bouillabaisse, j'ai les muscles qui fatiguent.
C'est à ce moment précis que je le vois s'étirer au dessus de moi, narquois. Lentement, gracieusement, il tend la patte vers mon visage, puis commence à me griffer la main avec application. Je pousse un cri.
"Tu as entendu, chéri ?
- Oh, ça doit être le chat qui s'amuse, laisse."
Oui, il s'amuse. J'ai les mains en sang. Quand il se met à planter ses dents dans mon index, la douleur est trop forte. Je lâche.
Et, en tombant, durant les quatre étages qui me séparent de ma mort, je le vois, les yeux brillants. Les chats n'ont jamais pu me blairer.
tags : chat, texte

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Quelques mots ...

Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.

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