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Vous comprendrez donc, en Hollande

posté le 18 April 2009 à 10:54

Ajimoincätr, il est grand temps de parler d'autre chose, par exemple des singes à cul nu dévoreurs de tropiques. Ce que je ferais avec grand' joie et bonheur non mêlé, si seulement je savais quelque chose à leur sujet - ce qui n'est pas le cas, n'écoutez pas les racontars. Changement de sujet.

Dès qu'on évoque la Hollande surgissent, pêle-mêle, des images de volutes de fumée, de champignons douteux et de femmes en vitrine. C'est d'ailleurs exactement ce dernier point qui m'intéresse, qui fait l'objet de cet article : une chambre en Hollande.

CouverturePierre Bergounioux signe ici un livre complètement atypique : ça commence sur les chapeaux de roue, entre les Gaulois, les Romains, Jules César et compagnie ; trois pages plus loin, on en est au Moyen-Âge, puis la Renaissance arrive, et c'est Cervantès, Bacon et Spinoza. Et Descartes.

Parce qu'en fait, ce livre, court, direct et jaune comme une banane accrochée à une flèche, traite de Descartes. Descartes, ou pourquoi un Tourangeois est parti s'exiler en Hollande pour écrire son oeuvre majeure, et révolutionner la philosophie.

Pourquoi la Hollande ?

Note : 14/20

Dans un autre genre, tout autre genre, il y a un titre. Ce titre, quand même ! Il contient tout, il résume tout, il allèche, appâte et al dente s'il vous plaît : un titre qui choque et provoque, insolite comme le fantôme d'un jazzman dans la station Mir en déroute.

CouvertureMaurice G. Dantec, avec un G. comme dans tec, écrit de la science-fiction. Soit, ça peut arriver aux meilleurs d'entre nous.
Il écrit aussi plutôt bien, semble-t-il : c'est fluide, pas désagréable. Le narrateur nous conte ses aventures, dans un futur plutôt beaucoup trop proche et probable à mon goût : atteint, tout comme sa compagne, d'un neurovirus qui le rend extralucide, extrasujet à des phases de dépression profonde, et extrarecherché par les services sanitaires, il est en fuite après plusieurs braquages. Sinon, jusqu'à la moitié du livre, on ne sait rien de lui.

La fin est un mélange de 2001, Odyssée de l'espace et de Matrix avec des bouts de l'Apocalypse selon St-Gustave : un peu dommage, je trouve, mais bon, du moment qu'Elvis est là pour les titres des chapitres ...

Note : 12/20

Je passe sur Laborit, parce que je ne suis pas certain de pouvoir résumer l'intégralité de La nouvelle grille sans trahir le livre, ce que j'en ai compris et ce qu'il aurait fallu comprendre ; et c'est au tour d'Orphée. Enfin, Eurydice, ou plutôt une Eurydice actuelle. Vous comprendrez donc, donc. Donc.

CouvertureLa parole est à la nouvelle Eurydice - son nom, nous ne le connaîtrons jamais, pas plus que celui de son Orphée à elle, le poète qui est venu la chercher dans cette Maison de repos, endroit sombre, gris, immense où l'on se rend quand notre santé ne nous permet plus de supporter la vie "dehors". Un long monologue de 54 courtes pages, où elle s'adresse au "Président" de la Maison, le remercie de la faveur qu'il leur a accordée, lui peint son amour, ses craintes, lui parle de son homme, de la vie en bas, de ce qu'elle regrettait d'en haut. Où elle met à nu, avec des mots toujours justes, son coeur, sans tomber dans le lieu commun, jamais, jamais de guimauve, juste la vérité, on ne peut rien cacher au président de toute façon. Où elle témoigne d'une histoire d'amour, une vraie, qui a survécu à la vie, et ensuite à la mort.

Et où elle explique pourquoi Orphée s'est retourné.

Note : 17/20

Wintersmith, Appaloosa et les autres

posté le 05 October 2008 à 22:08

Dernières lectures et sorties :



* La belle personne, de Christophe Honoré
Encore un film avec Louis Garrel, après les Chansons d'amour et avant La Frontière de l'aube, qui devrait sortir mercredi si tout va bien et si le temps le permet. Encore un, oui, mais inutile de jouer les dégoûtés de principe : vous en aurez pour votre argent, du moins pour peu que vous ne soyez pas pingres à l'extrême. On y retrouve un peu de ce qui a fait le succès des Chansons, beaucoup de ce qui a fait le succès de Garrel, de vagues relents du Péril Jeune, et madame de Lafayette en filigrane. C'est bien simple, sans avoir lu la Princesse de Clèves honnie de notre Camembert actuel, et sans savoir que ce long-métrage en était "librement inspiré", j'en suis sorti en me disant que ce devait être une sorte de métaphore, ou du moins que ce n'était pas "juste" un film au sujet de lycéens.
Bon, en quelques mots, c'est beau quand il le faut, profond sans être lourd, et suffisamment bien joué pour être crédible. Qui plus est, l'actrice est belle à se damner.

* Wintersmith, de Terry Pratchett
Ça, c'est un livre, le dernier-né de la série des Annales du Disque-Monde. On y retrouve Tiffany Aching (The Wee Free Men, A Hat Full of Sky), apprentie sorcière qui se retrouve avec un amoureux transi plutôt gênant : rien moins que l'Hiver lui-même ! Et c'est la merde.
Sont de retour : les Wee Free Men, petits hommes bleus qui jurent, boivent, combattent et volent aussi bien que je respire ; Mémé Ciredutemps, égale à elle-même ; Nounou Ogg, pas très développée dans cette aventure ; et Horace, un fromage parlant. L'un dans l'autre, un ouvrage plutôt agréable, captivant comme d'habitude, où se développent comme d'habitude des réflexions qui peuvent passer pour philosophiques si l'on n'a pas de préjugés contre la fantasy. Je l'ai quand même trouvé un peu inférieur aux derniers tomes se déroulant à Ankh-Morpork, pour plusieurs raisons : déjà, l'absence de personnages comme Vimaire ou le Patricien, que j'aime beaucoup - Tiffany me paraît moins intéressante, un peu comme Miss Marple comparée à Poirot. Ensuite, le manque de réel péril : les dangers encourus sont bien moins développés, et l'accent mis sur la psychologie des personnages ne me semble pas compenser suffisamment - d'autant plus que cet accent n'est pas si mis que cela. Cela dit, je recommande quand même ce livre : mais si vous n'avez pas encore lu de Pratchett, commencez par les autres.

* Entre les murs, de Laurent Cantet
Film. Inutile de s'appesantir sur celui-ci : Palme d'Or 2008 à Cannes, il le mérite. Pas le film le plus joyeux de l'année, il est, plus que réaliste, juste. Le bon ton, et ça porte : sans pathos et sans céder à la facilité, sans morale et surtout sans message.

Également recommandés : Appaloosa, un très bon western sur Virgil Cole, avec Viggo Mortensen et Ed Harris - acteurs parfaits, histoire bien menée, presqu'un sans faute (mais pourquoi des gros plans sur des animaux ? Et pourquoi de si grosses joues, Renée ?) ; Gomorra, si vous voulez vous suicider, mais avec de très bonnes raisons (pas à cause du film, qui est excellent ; à cause de ce qu'il montre, qui l'est moins).


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Quelques mots ...

Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.

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