Après une rentrée en cours sans surprise - j'imagine mal quel genre de surprise j'aurais pu avoir, ayant grosso modo 25 heures de matières scientifiques dans la semaine : une sortie à Disneyland Paris ? - une semaine a passé, lentement comme les semaines du mois de septembre savent le faire, quand le soleil n'a pas compris que, par respect pour ceux qui ont eu un été pluvieux, il pourrait avoir la décence de se voiler un peu.
Effectivement, cette phrase est longue, mais elle a l'avantage de ne pas masquer le fait essentiel : la vie, en ce moment, est avant toute chose une histoire de durée. Quand un jour a passé, on ne le remarque pas à la foultitude de choses réalisées et de gens rencontrés. Non, on le remarque parce que, sur l'emploi du temps, il est écrit qu'après le cours de physique, il n'y a plus rien. C'est simple.
Bien sûr, ça, c'est le mauvais côté des choses, comme j'ai l'habitude de le voir : le soleil qui chauffe et éblouit, les cours, les maux de tête à répétition, la nourriture au lycée qui a sans doute caressé, jadis, d'autres espoirs que de devenir ce qu'elle est à présent. J'aurais pu, aussi, vous parler des thés délicieux que je vais boire, le midi, au libanais de la rue Mouffetard, avec des amis, des fous rires à répétition. J'aurais pu vous parler du roi, qui se meurt, et qui le fait superbement bien. J'aurais pu vous parler de la glace Haagen-Daz que j'ai mangée hier, ou de la musique que j'écoute, ou même de la joie que j'ai eue à réussir une démonstration de maths avant que le prof ne la fasse. J'aurais pu, en effet. Mais je me cantonne à parler de ce qui ne va pas, car la joie est obscène, et que le sentiment dominant, pour l'instant, c'est la lassitude. J'ai hâte qu'il fasse froid.

J'ai quand même eu le plaisir de voir que Fixateur n'a pas laissé Fred et Glop sombrer dans le néant, et qu'il existait, au milieu de ces millions de gens que je ne connaîtrai jamais, quelques êtres intéressants sur lesquels on peut tomber par hasard. À tout hasard, la personne qui me pose ces questions, parce qu'en fait c'est une sorte de jeu, un peu comme foncer dans les poubelles en vélo mais en moins douloureux.
Les "règles" sont là, d'ailleurs.

À la réflexion, je n'aime pas trop mon préambule, mais je n'ai pas le courage d'en écrire un autre.

1. Pourquoi je ne peux jamais poster de commentaire sur ton blog ?
Je ne sais pas. Dans les options du blog, j'ai bien coché "tout le monde" dans la rubrique "qui peut poster des commentaires", vu que j'aime bien les commentaires, surtout quand il y a beaucoup de commentaires, des commentaires qui ont un sens (chose qu'on ne peut pas dire de la plupart des commentaires ici, qui ont la fâcheuse habitude de se commenter mutuellement, voire de s'autocommenter ou de commenter le commentaire d'un commentateur d'autre chose que ce que je voudrais voir commenter). On m'a dit que c'était désormais faisable, que quiconque pourrait commenter, à condition de réussir à répondre à la question piège chargée d'éliminer les bots russes qui voudraient commenter l'usage que je pourrais faire de tas de produits qu'ils voudraient me vendre.
Ce n'est pas le cas ?

2. Tu vas bien ?
En général, quand on pose cette question, on s'attend à une réponse du style "oui, et toi ?" qui permette de retourner vaquer à ses occupations avec le sentiment réconfortant d'avoir accompli son devoir quotidien de sociabilité. Dans le cas où c'est sincère, comme je suis toujours fatigué, je réponds souvent que je suis fatigué, mais à force, c'est lassant, alors je dis que oui, et toi ?. Si c'est vraiment sincère, je suis bien contraint de reconnaître qu'au plus profond de moi-même, et en dépit de mes frustrations, regrets et doutes habituels dont je ne parviendrai sans doute jamais à me défaire, oui, je vais bien. Mais ne le dis à personne, s'il te plaît.

3. Est-ce que Fix est "comme ça" dans la vraie vie ?
"Comme ça", comment ? Déprimé, pessimiste ? Lorsque je l'ai rencontré, il m'a plutôt fait l'effet de quelqu'un de drôle, intelligent, et on a ri plus souvent qu'à notre tour. Maintenant, chacun passe par des passages à vide, et, ces temps-ci, les siens ont l'air plus fréquents que la normale. Ça peut se comprendre, aussi - il n'empêche que si je devais préparer un holocauste et en désigner les victimes, il ne serait clairement pas en premier sur la liste.

4. Que veux-tu faire de tes textes (qui sont beaux et que j'aime) ?
Pour le moment, ne pas les perdre. Je n'ai aucun autre projet en ce qui les concerne, et ce d'autant plus qu'à chaque fois que j'ai écrit et soumis un texte sur la Zone (qui est, je l'accorde, un endroit un peu particulier), l'appréciation globale était située entre "peut mieux faire" et "Dieu que c'est mauvais". C'est même très méchant, Dieu n'y est pour rien.

5. Même question pour tes dessins.
Même réponse, également. Ce que j'ai dessiné souffre quand même d'un défaut majeur, qui est assez flagrant : je ne sais pas bien dessiner. J'ai vaguement, j'avoue, l'idée de les garder quelque part afin qu'un jour, peut-être, je puisse réillustrer les petite planches avec minutie, pour que ça donne un résultat plus joli. C'est sans doute assez illusoire, je ne suis pas et ne serai probablement jamais un bon graphiste ou dessinateur. Et puis, dans la famille, le rôle est déjà pris.

Je t'avais aperçue un court instant à peine
Bien des années après je n'ai pas oublié
Tu étais seule et triste, assise à la fontaine
Que déversaient tes yeux, ne te sachant épiée

J'étais resté dans l'ombre, indécis et honteux
N'osant pas t'interrompre, désirant t'approcher
J'ai regardé tes pleurs se tarir peu à peu
Et quand ce fut fini, je t'ai vue t'en aller

Je te vois aujourd'hui, et tu ne pleures plus
Le monde entier connaît ton visage à présent
Ton sourire est radieux et ton regard se vend
Tous rêvent de toi, te connaissent et t'adorent.

Mais aux temps malheureux où tu n'étais encore
Qu'une esquisse de toi, une ombre, une inconnue,
Moi, je t'aimais déjà.

"Les nuages avaient fini par conquérir la presque totalité du ciel et s'offraient, pour fêter cela, une bonne averse. Je la voyais, autour de moi, prendre d'assaut les caniveaux, et transformer les cheveux des passants imprudents en chiffons gorgés d'eau. Pour ma part, je n'ai jamais vu d'inconvénient à devenir une flaque."
Si j'avais écrit un roman, il aurait pu commencer comme ça. Il y aurait eu du sang, probablement, de l'humour, de la fumée de cigarette et de l'alcool. Et du noir, aussi. Tous les vêtements, noirs.
Je n'ai jamais écrit de roman, c'est trop long, trop difficile, et mes mots s'essoufflent. J'aurais juste bien aimé.

J'aurai dix-huit ans en septembre, et je suis probablement l'être le plus déséquilibré que je connaisse. Je déteste la moitié de ce que je suis, m'enorgueillis de l'autre. Je suis complexé, par mon poids, par mon visage, par la culture des autres. Je me trouve veule, trop timide, ridicule. Je suis mal à l'aise dans mes mouvements, gauche. Comme beaucoup, je parle haut et fort pour masquer mon manque d'assurance.

J'aurai dix-huit ans en septembre, et je n'ai jamais eu de petite amie. Trop mal à l'aise et craintif pour parler à celles qui m'intéressent vraiment, trop fleur bleue pour flirter avec les autres.

J'aurai dix-huit ans en septembre, et je n'aime pas ce que je suis. Souvent, en voyant des gens, des amis, je voudrais devenir comme eux, devenir eux. Echanger ma place et la leur.