Le coeur n'est qu'un organe, et l'on sait les greffer

posté le 10 April 2007 à 17:26

Quelques années qui fuient dans le grand sablier
Quelques lueurs en moins dans les yeux du miroir
S'effondrent sans grand bruit d'autres de nos espoirs
Et la vie suit son cours, sans jamais trop changer.

On est jeune et l'on pense à ce qui va venir
Sans songer un instant que l'on peut regretter
On s'est perdus de vue à force de grandir
J'aimerais te revoir, mais tu m'as oublié.

Mais tout n'est pas si triste, et remplissons nos verres
Rions tout notre soûl, qu'importe si ma voix tremble
Déterrons nos chagrins et rions-en ensemble !

À la santé des autres, ceux que j'ai négligés
Puisses-tu les rejoindre, ces amis de naguère
Puisses-tu les rejoindre, puissé-je m'en moquer !


"Then we will fight in the shade."

posté le 24 March 2007 à 16:46

Tout d'abord, une petite précision : j'ai découvert Frank Miller avec Sin City ; après avoir récupéré et lu les bandes dessinées à l'origine du film, j'ai continué avec The Dark Knight Returns et The Dark Night Strikes Again, avant de lire finalement 300.
Le but de cet article n'est pas de faire la critique de ces bandes dessinées, donc je n'en parlerai que brièvement : elles sont magnifiques. En tant que jeune impressionnable, l'esprit même des ces graphic novels m'a séduit : héros charismatiques, prêts à mourir pour leurs idées et idéaux, lutte du bien contre le mal. Ce qui est plus intéressant encore dedans, c'est que justement, même les personnages en noir et blanc ont des nuances de gris. Batman, pour ne citer que lui, a des relents un peu inquiétants.
On pourrait aussi s'étendre sur le côté graphique, qui est tout simplement magnifique : entre les couleurs de 300 et les ombres de Sin City, ces bandes dessinées ont un côté bluffant - même pour moi qui passe souvent un peu par-dessus les dessins pour suivre l'histoire.

Eh bien, l'adaptation de Zack Snyder est à 300 ce que le film de Robert Rodriguez est à Sin City : une réussite. Les couleurs sont relativement bien rendues, l'esprit de la version écrite est respectée. Il n'est qu'à voir le bossu, par exemple, pour constater la fidélité entre le film et l'original. Certains procédés stylistiques sont repris à l'écran, par la voix du conteur.

L'histoire de la bande dessinée est grosso modo respectée : le conflit entre Léonidas, le Capitaine et Stumblios est aux abonnées absents, et l'histoire d'amour entre Léonidas et sa reine est renforcée et doublée d'une sombre histoire avec un sournois politicien spartiate corrompu, hypocrite et sans morale. C'est normal ; il faut pouvoir identifier les méchants.
Ephialtès ne saute pas de la falaise, ce qui réduit considérablement l'empathie qu'on peur ressentir pour lui : il est juste dépeint comme un traître de bas étage, quand l'original en fait surtout un être rejeté de tout, même de la mort. Des détails qui changent, le fond reste le même.

Un des attraits de 300, c'est aussi le côté historique (là encore, la bataille des Thermopyles est assez bien narrée, et l'ambiance spartiate aussi). On pourrait, bien sûr, se demander vaguement d'où les Spartiates s'autorisent à se moquer de ces boy-lovers d'Athéniens, vu leurs propres moeurs en la matière, mais bon, comme Frank Miller l'a dit pour se défendre, c'est de Grèce que vient le mot "hypocrisie".
Il y a aussi un certain nombres de répliques mémorables : il faut savoir que la plupart est réellement attribuée à Léonidas et ses hommes.

"The flight of Persian arrows shall be so numerous it will block out the sun.
- So much the better, we shall fight in the shade."




Mais n'oublions que le point majeur de ce film reste ses combats : 300 est avant tout un film de guerre, qui retrace l'affrontement entre les innombrables hordes de Perses barbares et les 300 spartiates qui ont résolu de combattre jusqu'à la mort pour défendre la Grèce, seul espoir de civilisation dans un monde en proie à la folie. Accessoirement, il y a quelques milliers d'Arcadiens, mais ce ne sont que de braves amateurs.

Les combats, donc : eh bien, ils sont beaux. En voyant les Spartiates combattre, le premier mot qui m'est venu à l'esprit est "efficacité" : leurs mouvements forment une sorte de danse, aucun geste n'est inutile. On en redemande, même. Et les plans viennent en renfort : contrairement à beaucoup de films, les caméramen de 300 savent filmer. La caméra ne tremblote pas, la vue n'est pas brouillée par une succession de mouvements saccadés qui donnent envie de vomir et laissent le spectateur se demander ce qui se passe : là, travellings de plans fixes permettent de voir. Des ralentis, presque des arrêts sur images, viennent encore renforcer l'impression faite par l'ensemble.
Les Perses meurent : c'est terrible, efficace, élégant.

J'aurais bien mis 9/10 (la note que j'attribue à Sin City), mais quelque chose m'a quand même beaucoup déçu : pourquoi, mais pourquoi faut-il qu'avant qu'un homme meure, on nous passe une vision de lui avec sa femme dans un champ de blé, sur une musique de merde ? C'était déjà horripilant avec Gladiator, pourquoi recommencer ?

Bilan : 8/10.


Vendu

posté le 22 March 2007 à 19:08
Il est assez terrible de constater que, si Dieu tombe en désuétude, le diable fait salle comble. À l'heure où s'affirmer comme catholique convaincu vous vaut railleries, regards en coin ou mépris - à peine dissimulé - de la part de tous les bien-pensants, combien de démons et déchus en tous genres passent sur grands écran ? Combien de damnations se vendent en librairie, et combien d'albums dominent le hit-parade à grands coups de pentagrammes ? Lucifer fascine, c'est un fait. Il existe, c'en est un autre.
Cela fait un certain temps déjà : j'avais dix-sept ans, à l'époque. Le monde entier nous serine à longueur de temps qu'être jeune est formidable : croyez-moi, c'est risible. Je passais le plus clair de mon temps au 36e dessous, seul, frustré de toutes ces choses qu'il me restait à faire, et déçu de celles auxquelles j'avais goûté. Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle ... Je haïssais les couples dans la rue, je haïssais les enfants qui riaient dans les bras de leur mère ; et je me haïssais de les haïr, et d'être moi.
Ce jour-là, je m'étais réveillé encore plus maussade que d'habitude, et le vent semblait me donner raison. Un vent violent, qui faisait s'entrechoquer les volets et mordait la peau à travers vestes et gants; un vent froid qui entravait les mouvements et faisait de la marche un calvaire.
La matinée m'a semblé durer cent ans, cent longues années à regarder, sans rien comprendre, un pantin s'agiter au tableau, avec l'air qui gémit par-delà les fenêtres.
J'en suis sorti hébété ; j'avais devant moi un week-end de travail, et la perspective d'un an, voire deux, du même tonneau. J'en avais assez, assez de ne pas pouvoir faire tout ce dont je mourais d'envie, assez de me sentir pathétique, assez de me lever chaque matin en espérant que le soir arrive rapidement. Assez d'être seul, aussi.
Je suppose que j'aurais pu tout laisser tomber, ou ouvrir les bras aux paradis artificiels. Au lieu de cela, j'ai vendu mon coeur au diable.
Il n'y a pas eu d'éclairs, ni de molosse aux yeux de braise. Juste le vent, sur les bords de la Seine ; le vent qui s'engouffre dans le manteau d'un homme et le soulève comme une parodie d'ailes de suie. J'ai senti une douleur à la main, et vu le sang qui gouttait de ma main sur un papier qu'il me tendait. Je n'ai pas vendu mon âme, non : je ne crois pas avoir une âme, le pacte eût été caduc.
Je n'avais jamais réalisé à quel point mon propre corps était bruyant : le bruit sourd du sang qui pulse dans les artères fait un boucan d'enfer. Enfin, faisait : le diable n'est pas très métaphore. Je me suis retrouvé soudainement dans une enveloppe de silence, de plus en plus froide alors que dans mes veines tout ralentissait pour finalement s'arrêter. C'est à ce moment que j'ai eu peur, peur de mourir.
Mais j'avais tort de m'inquiéter : blanc comme la craie, j'ai continué à vivre.
J'ai très vite constaté des changements dans les rapports avec les autres. Pas de leur part, bien entendu : les gens ne s'intéressent qu'à eux. J'aurais pu me couper un bras devant eux qu'ils auraient encore essayé de me serrer la main.
Moi, en revanche, je n'éprouvais plus rien, pour personne. Dans les premiers jours, certaines remarques que j'ai faites sans y prêter attention ont blessé des êtres qui m'étaient chers - le seul regret que j'en ai tiré est de ne pas avoir profité de leur expression peinée. C'est, en quelques semaines, devenu l'un de mes sports favoris : lâcher, insidieusement, de petites piques, suffisamment mesquines pour faire mal, assez subtiles pour me laisser le bénéfice du doute.
Je me suis senti puissant, ces quelques mois. Libéré de tout remords, de tout cas de conscience, j'ai papillonné de cinéma en musée, de théâtre en bistrot ; j'ai fait la connaissance de beaucoup de gens, rencontré un certain nombre de jeunes filles - qu'elles me pardonnent, leurs noms m'échappent.
Mais tôt ou tard, on se lasse ; et j'ai voulu tenter de nouvelles choses, goûter de nouveaux plaisirs. J'ai découvert les joies de la peinture et du piano, été déçu par les drogues - le croirez-vous, la plupart ne peuvent agir que par l'intermédiaire du sang ? Peu de sommeil, énormément de fêtes, d'alcool, de filles et de films. Presqu'un cliché. L'argent ? On le trouve, ne vous en faites pas.
Un soir, en revenant chez moi à vélo, je n'ai pas vu le feu rouge. Ça aurait pu être tragique ; mais c'est un piéton que j'ai heurté, Dieu merci. Je me suis relevé, un peu endolori : lui pas.
Alors, pour voir s'il était encore vivant, je suis remonté sur mon vélo, et j'ai roulé sur son bras. Il a gémi ; il n'était pas mort. Il a fallu encore cinq ou six passages, dont un sur le creux du cou, pour qu'il passe l'arme à gauche. Je crois ne jamais m'être autant amusé : le bruit de la chair flasque sous la roue, et les petits soubresauts des membres quand la jante commence à peser sur l'épine dorsale ... la peau qui éclate par endroits, et le bruit des os ; ah, l'ultime craquement lorsque les vertèbres se brisent !
J'ai eu de la chance, ce soir-là : la rue était déserte. Les fois suivantes, j'ai préféré ne rien laisser au hasard : ici, un petit chien et sa maîtresse, tous les deux les pattes brisées, et qui aboient de concert pendant que j'expérimente l'ingéniosité helvète en matière de couteaux suisses ; là, un skinhead qui découvre qu'avoir des cheveux aurait pu amortir les coups de maillet. L'un dans l'autre, de bons souvenirs.
Mais, comme je l'ai signalé plus tôt, on finit par se lasser de tout. Le problème, c'est que je n'ai pas de coeur, vous voyez. Non, non : bâillonné comme ça, vous ne pouvez pas hurler. Soyez calme ; soyez un bon donneur.
tags : coeur, diable, texte

Chauve, souris !

posté le 13 March 2007 à 19:02
J'avais envie de voir ce que ça fait ; j'ai deux ou trois mois pour m'en rendre compte. Le coiffeur a essayé de m'en dissuader, en plus : rasé.

Mais il est tard, Monsieur ...

posté le 05 March 2007 à 19:37

Je ne sais pas s'il existe des gens qui apprécient la rentrée des classes : cela me semble impossible. Mais si ce genre de personne existe, j'aimerais bien en faire partie.
En soi, que les vacances se terminent, ce n'est pas la mort : après tout, j'ai quand même passé deux semaines à skier, voyager, regarder des films, lire, rire. Je serais mal venu de me plaindre. Mais quand même, recommencer les cours avec quatre heures de physique, d'un bloc, puis quatre heures de maths, c'est plutôt douloureux. Et ce n'est qu'un avant-goût.
C'est ça, en fait, le vrai problème : c'est que ça n'est qu'un avant-goût. J'aime les mathématiques, oui. Mais j'aime énormément de choses, aussi : j'ai envie de sortir, aller à Beaubourg, aller au cinéma - voir 300, voir Grindhouse, voir ceci, voir cela ; j'ai envie de visionner tous les Woody Allen, tous les westerns, tous les films avec Bela Lugosi ; j'ai hâte de lire la série entière des Donjon, et Sin City, et la Bible, et ce livre d'Umberto Eco que je n'ai pas encore ouvert ; et Belle du Seigneur, et La Peur. Regarder à nouveau tous les Futurama, peindre un arbre en bleu, aller faire du vélo dans Paris, nager, m'inscrire à une bibliothèque, écouter l'intégrale de Léo Ferré et Gainsbourg, compter les feuilles restantes du jardin du Luxembourg. Me cultiver, programmer, rencontrer des gens, devenir leur ami, changer, regarder si sous les pavés, il y a vraiment la plage ; rester le même. Je n'ai que vingt-quatre heures par jour : j'ai besoin de ne pas dormir, je veux travailler toute la nuit, et la journée, et passer ces mêmes heures dehors, et connaître par coeur les deux cent livres et films que j'ai, et découvrir les autres ; et écrire, aussi, et regarder la Seine, et m'assoir sur un banc pour me moquer des passants pendant des heures.
Mais j'ai deux chapitres d'algèbre linéaire à ficher, et demain j'ai une colle sur l'électromagnétisme.

Je sais, c'est la prépa, deux années d'enfer, ensuite le soleil, et les palmiers, et les cocktails avec des petits parapluies pour masquer le fait qu'au fond, ce qu'il y a dans le verre, ce n'est pas très bon. Mais ce n'est pas l'enfer. Je ne travaille pas tant que ça, justement ; je pourrais passer des heures à m'abrutir dans mon cours, jusqu'à le connaître aussi bien que mon reflet dans le miroir. Je ne le fais pas, et je m'en veux encore plus pour cela. Je travaille juste assez pour sentir tout ce que je manque, et pas assez pour être persuadé que ça vaut le coup, qu'il y a une vie après l'amer. Mes parents s'en rendent compte, moi aussi : je ne sais pas vraiment quoi faire. La situation n'est pas catastrophique, loin de là, mais parfois, j'ai une impression de gâchis.

tags : doutes, moi, prépa

Pourtant, j'avais des ailes, avant.

posté le 01 March 2007 à 17:42

Il pleut à verse, ce soir : on entend les murs gémir, les trottoirs battre la mesure. La ville ploie sous les coups. Il ne reste plus grand monde dans les rues : depuis que je suis ici, je n'ai vu que dix-sept personnes. Ça va faire trois heures, bientôt ; je suis trempé jusqu'aux os. Mes doigts ont beau être à l'abri au fin fond de mes poches, j'ai peine à les sentir - l'eau a remporté cette victoire également. Les lampadaires brillent de mille feux, entourés d'un halo de gouttelettes. Feux follets, arcs d'étincelles mouvantes.
Arrête de rêvasser, tu as besoin de toute ta concentration. Elle ne devrait plus trop tarder. Foutu paquet vide, j'aurais bien aimé m'en griller une, pour me calmer un peu les nerfs. Je tâte ma poche intérieure gauche, par acquis de conscience, puis me repositionne un peu mieux sur mes appuis. De là où je suis, on voit à peu près toute la rue - juste un angle mort, mais ce n'est qu'un magasin pour collectionneurs de livres russes : a priori, pas de souci à se faire de ce côté-là.
Ah, des phares.
Et une voiture, derrière. Une grosse, noire, de très mauvais goût - sans doute allemande. Madame est ponctuelle. Il ne lui reste plus que cinquante mètres à parcourir : je peux déjà imaginer la scène. La voiture qui s'immobilise, sans à-coups, puis le chauffeur - probablement habillé en noir - qui descend, l'air très distingué, avant d'ouvrir la portière arrière avec une petit courbette servile. Sa passagère qui descend, dédaigneuse, enveloppée dans un manteau de fourrure aussi moulant qu'hors de prix, puis qui se dirige d'un pas traînant vers l'entrée du théâtre. Ridicule jusqu'au bout des ongles, pénétrée de sa propre importance.
D'ailleurs, la voilà qui sort. À sa décharge, elle a de très jolis cheveux.
Sans me presser, je sors les deux éléments qui attendaient dans ma poche droite, les assemble. Elle a dans les vingt, vingt-cinq ans. Je lève le bras, vise consciencieusement. Elle lève la tête juste alors que je presse la détente. On entend un petit bruit, puis un son mat alors qu'elle s'écroule, presque élégamment, comme un pantin vêtu de soie.
Alors que son corps gît sur le pavé, que son sang part lentement se perdre dans le caniveau, je range mon arme et m'en vais. J'entends les cris de son chauffeur, qui viennent gâcher le clapotement de la pluie. Désolé, Madame n'aura plus besoin de vos services ce soir, Alfred.
Brusquement, je me sens fatigué. Elle t'a vu avant de mourir, tu as plongé tes yeux dans les siens. Elle a vu le canon de ton arme et a compris qu'elle allait mourir. Et toi, tu n'as rien ressenti, tu n'as pas exulté, pas hésité. Ni pitié, ni joie, ni haine. Pas la moindre petite pointe d'adrénaline. Que dalle, même pas la fierté du travail bien fait. Elle doit être aussi froide que toi, maintenant.


Maman, des machins blancs me tombent dessus !

posté le 25 February 2007 à 20:04
Ma première semaine, c'était ski. Avec des amis, ou disons avec presqu'uniquement des amis, dans la station la plus chère de Suissie remplie de gens affreux et méchants qui parlent l'étranger. Et qui vendent, au passage, des montres à 150000 CHF.
Il n'y avait pas beaucoup d'arbres, mais de la neige, si. Résultat : on a beaucoup ri, beaucoup joué au tarot, beaucoup skié, beaucoup regardé le pas-ami-mais-ami-d'un-ami tenter de conquérir la soeur d'un ami, qui n'en pouvait plus, libérez-moi je vous en prie, ou au moins donnez-moi un couteau qu'on en finisse.

Marrant.

J'ai découvert pas mal de choses : bien que je sois capable de descendre à peu près tout, sans trop avoir peur, je n'avais pas de technique. Désormais, mes virages se font en planter de bâton, et j'ai assimilé les bases de carving.
Les deux techniques sont simples : le planter de bâton, ça consiste à, au moment de prendre un virage, propulser une sorte de pic en carbone dans la neige, à l'endroit précis où devrait aller le ski, afin d'initier le mouvement et de bloquer latrajectoire du ski, qui, dès lors, s'en va tout seul dans une direction étrange en vous laissant glisser sur la neige à plat ventre.

Quant au carving, il s'agit d'une méthode très élégante afin de faire des virages sinusoïdaux sans perte de vitesse : tout d'abord, comme il faut de la place, il est nécessaire d'attendre que tout les gens qui encombrent la piste et auraient pu vous aider en cas de chute s'en aillent. Dès lors, après une phase d'accélération absolument indispensable, il suffit de se pencher en avant en pliant les genoux et de reporter ses appuis sur l'un des skis afin de tourner automatiquement, le poids se trouvant appliqué sur les carres.
La beauté de ce procédé réside dans le fait qu'au moindre faux mouvement, à la moindre hésitation, l'un des skis, suivant sa courbe naturelle, va inexorablement se décider à atteindre le stade d'émancipation finale, et se barrer de son côté, vous laissant, encore une fois, embrasser la neige de tout votre corps.

Et cela, sans parler de l'incroyable technique dite de "je prends le champ de bosses en schuss, s'il vous plaît, vous auriez une petite cuillère pour ramasser mon bras ?", ni même de l'ami qui s'entraîne à faire les plus gros nuages de neige en s'arrêtant. Tiens, tu étais en dessous ?

Marrant.

Et demain, je pars à Malte avec le CIC.
tags : moi, ski, vacances

Arkham

posté le 15 February 2007 à 20:34

Les rats sortent le jour, quand la lune est partie
La nuit, je les entends, qui attendent leur heure
Ils murmurent les mots qui rongent mon esprit
Ils murmurent et j'ai peur

Demain il fera nuit, et les étoiles éteintes
Par les vivants si morts pourront être jetées
Demain il fera nuit, et toute la journée
On entendra sa plainte

Et les démons enfuis pourront se relever
Et les damnés enfin hurleront de douleur
Les aveugles verront ce qui reste caché
Et les rats auront peur.

tags : folie, poème, rats

Un coucou régulier ...

posté le 14 February 2007 à 18:50
Aujourd'hui, ma maman est morte. Elle me tenait dans ses bras, parce que j'étais effrayé et que j'avais faim, et il y a eu un bruit dehors, alors elle m'a posé sur le lit et elle est allée voir.
Du coup, je pleure.

Papa ne veut pas que j'aie un chien, il dit que ça ne sent pas bon, que ça coûte cher, et que ce n'est qu'un caprice. Il ne veut pas me croire quand je lui dis que je m'en occuperai, qu'il n'aura rien à faire. Je l'aurais appelé Spoky. Je hais Papa.

Sophie a accepté de venir avec moi au ciné samedi soir ! J'ai un peu peur, je ne sais pas comment ça va se passer. Elle est brune, avec des jolis yeux bleus, et elle sourit toujours quand je la regarde. Je crois que je suis amoureux d'elle.

Ça y est, j'ai mon bac.

En deux mois, j'ai dépensé plus de cinq cent euros, je viens de faire les comptes. Je crois bien qu'il va falloir que je trouve un boulot à côté de la fac. Il faudrait que je demande à Alex s'il n'a pas un tuyau à me refiler.

Gueule de bois. Bordel, je ne me rappelle plus rien de ce qui s'est passé après deux heures, et j'ai un vieux goût de whisky dans la bouche. J'espère que je n'ai pas fait de conneries.

Le service du personnel de ******* vient de me contacter : ils acceptent ma candidature. Je commence lundi.

Une bougie de plus. Tous mes amis sont mariés, certains ont même deux ou trois gosses. Ma soeur m'a appelé pour me dire que papa avait peut-être un cancer de la prostate. Merde.

Fini de rembourser l'emprunt pour mon appartement. Je suis désormais chef de service, et j'ai une grosse voiture. Mon poisson rouge vient de mourir, c'était le troisième cette année.

L'état de papa est critique, les docteurs disent qu'il risque de ne pas passer la nuit. Je rentre le voir.

Je perds mes cheveux. Ce matin, dans le miroir, j'ai vu qu'il ne m'en restait plus beaucoup. Note : penser à racheter du bourbon. Où j'ai encore bien pu mettre mes lunettes ?

Quand j'étais petit, je voulais être astronaute. Quand je lève les yeux, la nuit, je n'arrive même plus à voir les étoiles. Foutue ironie.

Aujourd'hui, ma maman est morte.


Deux jours de vacuité mathématique.

posté le 04 February 2007 à 19:25
Hier matin, deux bus, transportant huit bonnes dizaines d'étudiants, dont une douzaines d'estropiés, rentrait dans Paris. Un peu comme les loups, mais en plus myopes.
Arrivé chez moi, il était huit heures, donc j'ai dormi. L'après-midi, après avoir exercé mon incapacité à travailler, j'ai rejoint un ami pour regarder du bleu.
J'ai appris qui était Yves Klein, enfin, un peu mieux que "c'est le type qui a fait des monochromes". Il y a véritablement des toiles magnifiques, ce qui est assez amusant quand on pense à d'autres artistes ou prétendus tels, aux tableaux si travaillés, si chargés de traits, et si incroyablement dénués d'intérêt et laids. L'expo à Beaubourg est très intéressante, bien organisée, et, quitte à me répéter, certaines oeuvres étaient simplement superbes. En revanche, je n'accroche pas trop à ses monogolds : autant les monochromes bleus, la peinture au feu et les photographies prises par ses amis m'ont enthousiasmées, autant les feuilles d'or, ça m'a laissé de marbre.



Je crois bien avoir fini avec un léger mal de crâne et le vertige en essayant de comprendre toutes les citations, dont certaines si absconses que ve m'y fuis caffé les dents. Mais en sortant, je ne le regrettais pas.
Oh, et Paris vu de Beaubourg, c'est beau. Les bâtiments et leurs ombres, les quelques lumières qui brillent depuis les toits, la lune par-dessus et de vagues nuages.

En revanche, évitez d'aller voir Ping-Pong, sauf si vous aimez les films psychologiquement éprouvants, vus comme à travers la vitre sale d'un aquarium. Une histoire un peu glauque dans une famille allemande, où se mélangent suicide, adultère et alcoolisme.
tags : bleu

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Lecteur, avant toute chose, je me dois de t'avertir du contenu de cet encart. Je ne vais pas m'y étendre sur ce que je suis ou ne suis pas. Non pas pour ne pas t'ennuyer, c'est le cadet de mes soucis pour le moment, et puis ça arrivera tôt ou tard ; mais pour ne pas trop en dévoiler. Ce blog est le mien, et en tant que tel m'est dédié de long en large : me dépeindre — ou tenter de le faire — en quelques mots serait, plus qu'une erreur, un mauvais calcul. Et je déteste faire de mauvais calculs, ça me frustre.

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